• Cortex préfrontal (7) La régulation de nos émotions.

    Cortex préfrontal (7) La régulation de nos émotions.

       Dernière caractéristique essentielle dodu cortex préfrontal : il est étroitement connecté aux structures nerveuses associées à la genèse des émotions qui se trouvent essentiellement dans le cerveau “émotionnel”.
        Mais il s'agit d'une double commande, car si les lobes frontaux peuvent inhiber le fonctionnement du cerveau affectif et émotionnel, l'inverse est également vrai et en général il existe un équilibre entre les deux entités, avec probablement, une prédominence du cerveau émotionnel et altruiste pour les extravertis et décideurs selons leurs goûts et valeurs, et du cortex frontal pour ceux de préférences introverti ou décision logique.
        Notre liberté d'action et de pensée réside dans la possibilité de ne pas obéir à l'impulsivité. Cela suppose d'avoir le choix entre se laisser aller à un débordement émotionnel ou, au contraire, le moduler ou même l'inhiber selon nos projets.

        Quand le « pilote » cortex préfrontaldonne son accord au cerveau émotionnel et autorise le débordement émotionnel, agréable ou désagréable, à s'installer, ce dernier entraîne en retour une inhibition fonctionnelle temporaire des lobes frontaux et donc la perte de contrôle sur le temps et sur l'espace. C’est ce qui explique par exemple les  “crises de larmes”. Cela explique aussi certaines colères et actions violente ou lorsque l'on perd le contrôle de soi (on dit vulgairement qu'on a pété un plomb)
        Dans la cabine de pilotage, le pilote qui veut conserver ce statut doit rester en contact avec ses émotions, ses sources de motivations et ses sentiments, bref avec ce qui le motive, lui donne de l'énergie ou l'en prive. Être vivant, c'est être traversé par toutes sortes d'émotions généralement peu durables allant de la détresse aux sommets de l'euphorie et du plaisir, et du contrôle de soi à la pulsion.
        La « bonne santé psychologique » consiste à pouvoir rester conscient des mouvements s'opérant entre ces extrêmes.
        En outre, il est d'autant plus important d'être en contact avec ses émotions que de leur intensité dépend notre perception du monde. En effet, dès lors que l'intensité des émotions (agréables ou désagréables) augmente, le cortex préfrontal commence à être inhibé, suscitant un sentiment de perte de contrôle.
        Le monde intérieur et la réalité extérieure se mélangent et, comme au cinéma lorsqu'on est "pris par le film", le sujet a tendance à projeter ses émotions et ses sentiments sur le monde extérieur. Ce sont des émotions réelles, mais qui ne sont pas forcément en relation avec la réalité.
        C’est quelque chose que je rencontre tous les jours avec les jeunes qui m’écrivent et se sentent malheureux.
        En revanche, les émotions moins intenses n'inhibent pas le cortex préfrontal. Celui-ci, associé à d'autres structures cérébrales comme le cortex prémoteur où siègent les neurones miroirs, (voir mon article à ce sujet), ont la capacité de réfléchir la réalité extérieure. Il en résulte une sensibilité à autrui, à ses émotions et ses modes de pensée (en prenant garde de ne pas les confondre avec les siens propres).
       Cela suppose de vérifier que l'on n'est pas soi-même dans un état de débordement émotionnel.

        Je discute assez souvent avec des personnes qui, pour des raisons diverses (dysfonctionnement familial, violence ou déception affective), sont en situation de souffrance. Cette souffrance, qu'elle se manifeste par un repli sur soi ou une hyperactivité, correspond à un bouillonnement émotionnel se traduisant par une inhibition plus ou moins chronique du cortex frontal. 
        Dans ce cas, cette personne peut avoir du mal à se représenter ce qu'on lui demande, à changer de représentation ou de comportement, à raisonner logiquement, à esquisser des projets, à se prendre en main, rester attentive et contrôler ses émotions dans la mesure où elle tolère mal la frustration.
        On peut reconnaître dans ces symptômes le déficit, heureusement réversible, du cortex préfrontal, correspondant aux six fonctions que nous avons vues ensemble.
         Il ne servirait donc à rien de lui en vouloir (ou de s'en vouloir) : cet élève par exemple, n'est pas en état d'apprendre et les enseignants ne sont pas des psychologues mandatés pour conduire des psychothérapies. Il faut alors essayer de rassurer la personne, qu’elle se sente écoutée, comprise et non jugée, en sécurité et accepté
        Il devient alors possible dans la discussion de repérer des moments ou des sujets pour lesquels son préfrontal est en quelque sorte débloqué et il est alors possible de lui redonner le commandement sur le cerveau émotionnel.

        Pour conclure, gardons du cortex préfrontal  l'image d'une cabine de pilotage qui permet au pilote d'établir le plan de vol de l'apprentissage, d'éviter les changements de direction intempestifs, et de fixer des objectifs et notre attention sur les actions à mener, tout en maîtrisant nos émotions et nos pulsions.

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