Lorsqu'on  discute avec une  jeune personne qui est très stressée et triste et se lamente sur son sort, on constate souvent que ses souffrances sont réelles, mais n'ont pas des causes bien définies. 
         La personne est souvent choyée, a presque tout ce qu'elle désire (évidemment en fonction de la situation des parents et à condition de savoir se limiter, car si chaque fois qu'on vous donne quelque chose, vous désirez immédiatement trois fois plus, la situation n'est pas viable).
         Bien entendu cette personne a quelques ennuis, quelques difficultés familiales ou scolaires, quelques disputes avec des amis, mais pas plus que d'autres, qui ne sont pas tristes pour autant.
         On constate souvent l'effet d'entraînement de l'environnement lugubre et des camarades qui ont les mêmes idées de désespoir, de sang et de mort.
         Je suis frappé par exemple, par le fait que lorsque j'étais jeune (et c'était pourtant la guerre et la vie n'était pas rose), la scarification était inconnue, parce personne ne nous en avait donné l'idée, que ce n'était pas la mode, et qu'il y avait déjà bien trop de sang versé dans les combats.

         Donc, mettre de l'ordre dans son entourage et dans ses amitiés pour éliminer l'environnement triste, demande certes un effort important de volonté, mais a déjà une certaine efficacité. Mais bien sûr cela ne suffit pas.

         Il faut d'abord remplacer cet environnement par un autre plus gai et qui surtout vous apporte de la tendresse à la place de l'inquiétude et du désespoir.
         Dans votre cas plus que tout autre, vous avez besoin d'être aimé(e), consolé(e), encouragé(e). Chaque fois que cela est possible, le mileu familial, les parents, les grands-parents, les frères et soeurs, la famille plus éloignée, sont l'environnement qui devrait vous apporter la sécurité et l'amour qui vous manque.
         Ayez aussi des amis, qui puissent vous apporter leur affection, vous faire penser à autre chose, discuter et se divertir avec vous. Mais ils doivent être gais, et ne pas véhiculer les mêmes idées moroses, voire lugubres qui sont, ou ont été les vôtres.
         Trouvez vous plein d'occupations, travaillez (vous êtes au collège ou au lycée ou à la fac), faites du sport, ayez des activités artistiques, amusez vous, occupez vous des autres (par exemple essayez d'être le délégué(e) des élèves ou d'avoir un rôle dans une association, dans un groupe).
         Ayez confiance en vous; parmi ces activités vous allez en réussir certaines : vous n'êtes pas moins doué(e) que les autres et vous n'êtes pas inutile.

         Essayez de vous donner des buts, des objectifs pour l'avenir, pour vos activités. Avoir un but à atteindre, regarder l'avenir, ce n'est jamais triste.
         Et puis si vous écoutez les autres voyez que, au fur et à mesure que vous progressez dans le bon sens, ils vous admirent, vous estiment : “celui ou celle-là, il ou elle, a eu la volonté, le courage de s'en sortir, de ne pas rester à se morfondre, d'aller de l'avant, d'agir !”
         Et si vous êtes plus gai(e), les amis vont revenir vers vous plus nombreux et cela fera boule de neige, pour vous en sortir plus vite.

         Il y a aussi souvent un autre écueil : vous vivez dans un monde imaginaire, où vous vous sentez bien, ou vous vous sentez le maître (fallacieusement puisque'il n'y a rien à diriger, rien à gagner et rien à perdre, si ce n'est la vie et cela n'est pas rejouable!).
        C'est vrai, c'est plus difficile d'affronter la réalité, le quotidien.
        Mais il faut absolument revenir à la réalité des choses au quotidien qu'il faut affronter !

         Là, le seul moyen est d'essayer de ne pas faire confiance à vos sentiments, à vos goûts, à vos impulsions; d'essayer de raisonner d'être logique, de discuter chaque chose en spectateur en essayant d'être objectif.
         Vous verrez alors qu'affronter la réalité, cela demande un effort, mais ce n'est pas si terrible que cela, et on est ensuite tellement fier(e), tellement  content(e) d'avoir surmonté les problèmes et vaincu l'adversité.

         S'en sortir, c'est une affaire de courage et de volonté, de travail aussi , de réflexion et de logique, pour vaincre les pulsions, le laisser aller et la facilité.
         Mais bien sûr un coup de main d'une autre personne peut parfois vous aider, en particulier à comprendre vos problèmes et à trouver les solutions pour les résoudre.