• Comment lutter contre un risque d'épidémie ?

           Hier nous avons vu qu’en définitive, pour les bactérie ou virus, en dehors des piqûres par des arthropodes, la contamination se fait surtout par voie aérienne par respiration pulmonaire de gouttelettes, et par contamination des muqueuses de la bouche du nez et des yeux par nos mains ayant touché des surfaces contaminées.
        Ce sont de ces deux phénomènes et de leur prévention dont je voudrais vous parler maintenant.


         Les américains ont fait des études sur la “production”  d’aérosols de gouttelettes lors d’un éternuement (le cas le plus grave de dispersion) et ils ont trouvé la répartition suivante autour de la personne éternuant qui est à droite sur le schéma ci dessous, les six cases représentant le trajet de gouttelettes de tailles différentes de 30 à 500 microns (millièmes de millimètres)

    Comment lutter contre un  risque d'épidémie ?    On s’aperçoit que seules les gouttelettes de taille de l’ordre de 30 μm. sont vraiment dispersées dans l’atmosphère, mais en subissant une grande dilution, celles plus grosses entre 100 et 500 μm. étant projetées vers l’avant, mais à moins de 2 mètres.

    http://lancien.cowblog.fr/images/ClimatEnergie/aerosol.jpg

        Une étude parallèle des dépôts de particules dans les diverses parties du système respiratoire a montré que le risque principal était représenté par les particules de 1 à 10 μm.
        Les masques en tissus utilisés arrêtent les particules à partir de 50 μm. (cadre  bleu du schéma.)
        Un masque est donc peu utile, car il n’arrête pas les particules les plus fines, qui sont pourtant les plus disséminées et les plus dangereuses, et par ailleurs les gouttelettes arrêtées par le masque ne sont pas en général projetées à plus de 2m de la personne qui éternue.
        Par ailleurs tout déplacement d’air (vent, ventilation) dilue la concentration des aérosols porteurs de germes, et alors qu’en une heure dans l’obscurité le titre infectieux de certains virus ne diminue que de 10%, il chûte de 99,98% dans le même temps exposé aux rayons ultraviolets du soleil.
        Les études ont montré que la contagion était très peu probable en plein air, même sans masque, si on se maintient à plus de 2 mètres des autres personnes. car la dilution dans l’air des gouttelettes est très rapide et les UV jouent leur rôle protecteur.
        Par contre la contagion est très probable dès que l’on séjourne nombreux dans des locaux peu ventilés, comme les bureaux, le métro, les classes, les magasins...

     Comment lutter contre un  risque d'épidémie ?   Par exemple une étude a montré que la contamination dans un avion où une forte ventilation permanente existe était limitée aux places adjacentes à deux rangs de la personne porteuse de germes, mais que par contre dans un avion où la ventilation était en panne la contamination était très forte, plus de 70% au bout de 3 heures à partir d’un seul malade.
        On sait d’ailleurs que l’aération régulière des chambres d’hôpital est une mesure de prévention essentielle.

        Les études systématiques menées depuis 2003 ont également montré que la contamination par les surfaces sur lesquelles s’étaient déposés les gouttelettes contenant des virus ou bactéries (les “fomites”) était aussi importante que la transmission dans l’air dans le cas de la grippe et du SRAS (le syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un virus qui s’attaque au système respiratoire, jusque là inconnu et qui était probablement un mutant d’un virus animal, apparu en Chine).

        Il est donc très important :
               - pour un malade contagieux d’éviter de contaminer des surfaces : utiliser des mouchoirs en papier quand on tousse, on se mouche ou on éternue et jeter ces mouchoirs aux ordures sans les laisser traîner,
              - pour le malade comme pour toute personne, de se laver souvent les mains avec un savon efficace pour éliminer ces “fomites” que l’on risque ensuite de transporter sur les muqueuses de la bouche du nez ou des yeux.
       

        Je ne parlerai pas de l’aspect médical, mais il faut savoir que d’une part les antibiotiques permettent de lutter contre les complications graves dues à des bactéries, et que, contre la grippe elle même, des antiviraux (comme le tamiflu), empêchent la prolifération du virus, mais à condition d’être pris au moment de cette prolifération. Cela ne sert à rien de le prendre à l’avance, mais il faut le prendre rapidement après la contamination dès les premiers signes de maladie et donc consulter le médecin.
        Mais la lutte contre la grippe pour éviter une pandémie est essentiellement préventive : empêcher la contamination et la transmission exponentielle du virus (ce serait encore plus vrai pour une peste pulmonaire, heureusement presque inexistante)
                - le masque n’est pas indispensable en plein air. Par contre il est indispensable pour le personnel soignant, pour  s’occuper d’un bébé, et plus généralement dès qu’on est pendant  longtemps à coté d’une personne à moins de 2 mètres et quand on est dans un lieu clos.
                - si l’épidémie menace, une mesure efficace serait de consigner le plus possible les personnes à leur domicile pendant le temps de transmission et d’incubation, de l’ordre de la semaine. Fermer les bureaux, les écoles, les transports en commun. Les contacts dangereux sont ainsi limités.
               - recommander de nettoyer les surfaces de table, les boutons de portes, les surfaces que l’on touche souvent, avec de l’eau javélisée.
        Se laver souvent les mains avec du savon. Eviter le plus possible de porter les mains à la bouche au nez, aux yeux.
              - et se faire vacciner.

         Dans les hôpitaux, isolation des malades dans une chambre seule avec WC individuel, climatisation débranchée et fenêtre ouvrante. Port de masque et de gants par le personnel et les visiteurs; limitation des procédures pouvant entraîner l'émission d'aérosols par l’usage de mouchoirs en papier, port de masque par le patient en cas de déplacement, désinfection des mains après retrait des gants, et après toute activité de nature à entraîner une contamination. Limitation du personnel de soin et surtout des visites au strict nécessaire.
        Bien entendu désinfection de tout le matériel non jetable, chambre et literie au départ du malade. Elimination sécurisée des déchets dans des sacs prévus pour le matériel représentant un risque biologique.

        Et pour que les personnes appliquent ces mesures, il faut leur expliquer à quoi elles servent, et ne pas faire à la place de la médiatisation catastrophe sans explication.
        C’était un peu le but de mes articles.J'espère qu'ils ne vous ont pas trop ennuyés par leur aspect un peu scolaire.

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