Nous sommes conscients d’un certain nombre de perceptions de notre vue ou de notre ouïe. Nos perceptions traversent le thalamus, puis vont dans des centres spécifiques d’interprétation. Le thalamus les rassemble ensuite de façon régulière et en transmet certaines au cortex préfrontal, le chef d’orchestre du cerveau. Il arrive aussi que celui-ci, qui pense, réfléchit et prévoit, demande qu’on lui transmette certaines informations.
    Lorsque le cortex frontal reçoit ces informations, nous en sommes alors conscients et nous savons en quoi elles consistent.
    Mais pour que cela puisse se faire, il faut que le stimulus de la perception soit supérieur à un certain seuil au dessous duquel le cortex frontal ne les prendra pas en compte.
    Cependant les organes d’interprétation des sensations les reçoivent quand même et ces informations restent alors inconscientes on les appelle des « sensations subliminales » (au dessous du seuil).
   
En matière de vision, ce seuil est variable selon les personne, mais on considère que le seuil de perception minimal est de l’ordre de 20ms., et qu’au dessous de ce temps de passage de l’image, on ne la perçoit plus consciemment.

    Mais il ne faut pas croire que toutes les informations au dessus du seuil soient conscientes, bien que perçues et interprétées. On parle alors de « perceptions implicites », c’est à dire d’une perception au dessus du seuil, mais qui reste inconsciente.
     Par exemple, quand vous êtes en voiture, vous surveillez de nombreuses choses : le tableau de bord, le bruit du moteur, le paysage environnant et notamment les obstacles éventuels. Vous avez conscience d’une partie de ce que vous voyez ou entendez, mais pas de tout : vous ne voyez pas forcément consciemment les affiches le long des rues, ou du moins leur contenu, le bruit normal du moteur, le bitume de la route à courte distance…
    Il m’est même arrivé un jour de congé, de me retrouver sur le chemin de mon travail, parce que je parlais à mon passager et que je ne faisais pas assez attention.

    Donc au dessous d’un autre seuil minimal, plus bas, l’environnement ne peut plus être perçu du tout par nos sens, mais au dessus de ce seuil minimal  et en dessous du seuil de perception consciente, nos sens perçoivent l’information, mais de façon inconsciente, et on parle de « perception subliminale ».
    Et ces informations qu’elles soient implicites ou subliminales, sont toutes stockées provisoi-rement en mémoire, dans la mémoire de travail d’abord et pour une partie d’entre elle, dans la mémoire épisodique, pour une journée environ, jusqu’à ce que la plupart d’entre elles soient éliminées au cours du sommeil.
    Le problème est de savoir dans quelle mesure le cerveau les traite quand même et donc si une telle perception subliminale peut néanmoins nous influencer.

    Différentes équipes ont montré que l'on perçoit de façon subliminale des objets, des images, des lettres et des nombres. Concernant les mots, il a été établi que le cerveau perçoit leur structure de façon inconsciente, mais on n'était pas certain qu'il déchiffre leur sens.
    Cependant, les neurobiologistes Lionel Naccache et Raphaël Gaillard de l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris (unité INSERM 562), ont montré que l'on est également sensible au sens émotionnel d'un mot montré de façon subliminale, et que par conséquent, on en avait compris le sens.
    D’autres chercheurs ont également montré que les perceptions subliminales pouvaient servir de déclencheur pour faire remonter en mémoire d’autres souvenirs ou pour aider un raisonnement.
    Par exemple, on posait des questions à deux groupes munis d’écouteurs, et l’on avait suggéré aux membres de l’un d’entre eux, de façon subliminale, des éléments voisins des solutions aux questions. Ce groupe avait un taux de bonnes réponse très supérieur au groupe auquel on n’avait rien communiqué. 
            
    Diverses expériences ont été faites avec l’inclusion d’images subliminales dans des films ou dans des projections de diapositives, images en général incitatives.
    Elles montrent que l’on peut influencer quelqu’un sur des questions sur lesquelles on n’a pas d’idée préconçue, mais qu’on ne modifie guère le opinions que l’on a déjà.
    On constate aussi que l’influence dépend de notre situation mentale et physiologique du moment : par exemple des images de boissons subliminales peuvent influencer notre choix, si nous sommes assoiffés alors qu’elles ne le feraient pas en temps normal.
    En France comme aux USA, l’utilisation d’images subliminales en publicité est interdit.

    Mais dans la vie de tous les jours des images subliminales ou implicites sont utilisées couramment par notre cerveau : par exemple nous nous faisons une idée de ce que ressentent nos interlocuteurs, par un examen inconscient de leur visage et de leurs mimiques.