• http://lancien.cowblog.fr/images/images/pointdinterrogation2.jpg

        Il nous est souvent arrivé, à vous comme à moi certainement, d’entendre ou de lire une information supposée, dite parfois sous forme interrogative et de croire ensuite que c’était une information réelle et avérée
    .

        La presse et les médias sont en partie responsables car ils ont tendance à présenter les informations en oubliant les points d’interrogation et de ne pas vérifier sérieusement leurs sources.
        La recherche du sensationnel, de l’inédit, la volonté de captiver l’auditeur et la pression de l’audimat, font que malheureusement, lorsqu’ils présentent un fait divers, les personnes qui pourraient en être l’origine sont souvent présentées comme des coupables potentiels, alors que seule la présomption d’innocence devrait jouer. (ce qui a le don de m’agacer profondément, car c’est une source certaine de nuisance).
        Mais nous avons quand même tendance, quand on nous présente non pas des faits, mais des rumeurs, à les tenir pour vraies, et malheureusement à contribuer à leur propagation en les présentant ensuite comme des faits avérés.
        Pourquoi cette tendance des humains à être ainsi “crédules”. ?

        Pourquoi après avoir ou entendu une phrase présentant une information supposée et présentée sous forme interrogative, avons nous une telle attitude ?
        Deux psychologues belges ont montré qu'après avoir lu une telle phrase, l'esprit retire inconsciemment le point d'interrogation et retient qu'il s'agissait d'une affirmation.
        Morio Pondelaert et Siegfried Dewitte ont distribué à des volontaires des listes de phrases dont certaines étaient formulées sur le mode affirmatif, et d'autres sur le mode interrogatif. Il s'agissait de questions ou d'affirmations, empruntées au domaine des mathématiques ou de la biologie.
        Après les avoir lues, les volontaires ont reçu un document où chacune des phrases précédentes était écrite sous deux formes : une forme interrogative et une forme affirmative. Ils devaient choisir quelle était la forme initiale.
        Bien souvent, ils ont indiqué une forme affirmative alors que les phrases proposées n'étaient que de simples questions.

        Selon les psychologues, cet effet d'amnésie résulte du fait que le cerveau n'est pas fait pour retenir les propositions formulées sur un mode interrogatif.
        En effet, lorsque l'on se pose une question, le cortex frontal construit une situation fictive à partir de l’information reçue et cherche ensuite des éléments dans notre mémoire ou dans les documents de l'actualité à notre disposition (dans un article de presse, à la télévision, dons une conversation....) pour valider ou infirmer cette hypothèse.
        Mais quoi qu'il arrive, la scène a été construite mentalement, sous une forme certes fictive, mais affirmative.
        Si ensuite nous trouvons que l’information précitée est fausse ou vraie, nous enregistrons ce fait en mémoire. Mais si nous ne trouvons rien de probant, il n’y aura rien d’enregistré en face de l’information, et seule la situation imaginée sera conservée.
        Par la suite c’est elle que nous rappellerons en mémoire et les faits qu’elle décrit n’ont plus le point d’interrogation qui devrait nous rappeler que c’était une hypothèse non vérifiée.
       
       Quand nous ne sommes pas sûrs d'une information, essayons de la vérifier et surtout, ne la diffusons pas comme si elle était vraie

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  • Musique et langage

        J’aime bien la musique, notamment classique et je regrette beaucoup de n’avoir pas voulu, étant jeune enfant apprendre à jouer d’un instrument, parce que quand j’avais 5 ans, le solfège m’ennuyait profondément !

        J’avais tort, mais j’étais trop petit pour m’en rendre compte. Je savais déjà lire et écrire et je lisais déjà des livres assez volumineux et je ne me suis pourtant pas rendu compte que les notes, c’étaient l’alphabet de la musique, pas plus difficile qu'apprendre à lire.

        Entre musique et langues, difficile de savoir qui est apparu en premier. « Dire et chanter étaient autrefois la même chose », a écrit Rousseau.
       Le plus ancien instrument de musique à ce jour, a été découvert par des chercheurs,en 2008 dans la grotte de Hohle Fels en Allemagne : une flûte en os et en ivoire de 35 000 ans, (à l’époque de l’Homme de Néandertal - voir la photo ci-dessus).

      

        Si vous écoutez les instruments qui se succèdent et se répondent, que ce soit en musique classique ou en jazz, l’un entame une phrase avant de laisser un autre la compléter, ou lui répondre : un dialogue naît, comme dans une conversation.

        Tout comme le langage verbal, la musique est codifiée. Le compositeur comme l’écrivain, dispose de moyens techniques et esthétiques afin de produire des impressions précises, telles que la tristesse, la gaieté, la peur; l’orage ou le chant d’un oiseau quand revient le soleil..

      Il existe des conventions, des règles de composition permettant d’organiser, d’articuler les sons entre eux. Ces règles sont en quelque sorte comparables à une syntaxe organisant les mots, afin de construire des phrases chargées de sens. Et l’ccord entre les diverses notes, sonnantes ou dissonnantes, est comparable à une grammaire, à l’orthographe, qui change selon les pays, par exemple entre l’Europe et l’Asie.

        A force de lire, on apprend l’orthographe, mais on est sensible aussi peu à peu  à l beauté de la phrase, à la musique des mots des poètes.

       Chez les enfants de huit à dix ans ayant pratiqué la musique depuis trois ou quatre ans, on constate que leur cerveau arrive à déceler des anomalies d'un cinquième de ton dans un morceau de musique.

        

        Le langage a une grammaire, une syntaxe, une morphologie et une orthographe, mais c'est aussi une musique, et même, pour les poètes, comme le soulignait Paul Verlaine, c’est « de la musique avant toute chose ».

        Cette musique du langage, que les linguistes appellent "prosodie", est constituée de l'ensemble des intonations ou inflexions de la voix qui accompagnent le discours, par exemple le fait de prononcer le dernier mot d'une phrase sur un ton plus aigu ou plus grave.

        Comment maitriser l'art de la prosodie ? 

        Voilà qui est important, car c'est en déchiffrant les hausses et les baisses de ton que l'enfant apprend à saisir le sens et l'émotion que véhicule le langage.

        Certaines personnes sont plus douées pour discourir en exprimant leurs émotions et en les faisant partager aux autres. Certains de ces autres qui les écoutent sont sensibles à leurs paroles, et d’autres plus imperméables.

        Les acteurs en général savent exprimer les émotions par leur voix (encore de Brigitte Bardot était une catastrophe dans ce domaine, ayant toujours l’intonation qui n’allait pas avec les paroles).

        Des chercheurs de l'Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée à Marseille ont testé la capacité d'enfants musiciens et non musiciens, à détecter des incongruités prosodiques, les fautes dans la « musique du langage ». 

        Ils leur faisaient écouter des textes dans lesquels parfois l’acteur introduisait une anomalie de l’intonation, par rapport à la signification de la phrase, notamment émotionnelle.

        Les enfants ayant pratiqué la musique ont noté les anomalies, alors que ceux qui ne faisaient pas de musique n'ont rien remarqué. 

        Les enfants dont le cerveau peut déceler des écarts de ton faibles, appliquent ensuite cette capacité à la « musique du langage »

        La musique, outre qu'elle adoucit les mœurs, prépare l'enfant à mieux saisir les conversations et les émotions qu’elles portent.

       Mais le langage nous apporte une signification, une description du réel : dans chaque langue des mots décrivent une table, une chaise une assiette, une bouteille ou un verre. C’est une convention.

       Mais il décrit aussi nos sentiments, ce que nous ressentons, les émotions et les sentiments et là le codage est plus difficile, la description plus floue et chacun peut la comprendre différemment.

       La musique n’a pas la précision et l’universalité du langage, elle ne décrit pas la réalité. Elle ne désigne pas, elle évoque : elle fait appel à la subjectivité du compositeur, de l’interprète et de l’auditeur. L’imagination remplace la compréhension logique, vient prolonger les impressions éveillées par le son, selon la sensibilité propre de chaque personne. L’hymne à la joie de Beethoven, bien qu’il soit devenu l’hymne européen, ne sera pas ressenti de la même façon par tous les habitants de l’Europe, mais ne provoquera pas les mêmes émotions de’un asiatique ou d’un arabe, habitués à d’autres harmonies.et à d’autres rythmes.

       Mais ceux qui ont une préférence cérébrale de grande sensibilité émotionnelle immédiate (voir les articles sur les préférences cérébrales), savent qu’il peut leur arriver d’être émus aux larmes, aussi bien par un récit écrit que par un morceau de musique.

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  • Le cerveau d'un cancre et celui d'un bon élève, face à des erreurs.     Quand mes grands parents étaient à l’école et qu’ils n’avaient pas satisfait l’instituteur, on leur tapait sur les doigts avec une règle et cela faisait mal.
        Du temps de mes parents, il arrivait qu’on mette au coin l’élève qui avait mal travaillé, avec un bonnet d’âne sur la tête : c’était humiliant et peu efficace.
        Je n’ai pas connu ces punitions, mais nos professeurs appelaient un mauvais éleve au tableau pour lui faire réciter sa leçon devant tous ses camarades, exercice censé apprendre aux autres à bien faire et à ne pas commettre les erreurs du cancre.....
        Est ce efficace?

         Des chercheurs de l'université de Nimègue, aux PaysBas,ont analysé I'activité du cerveau d'une personne quand elle constate ses propres erreurs et quand elle observe celles des autres. lis sont arrivés a la conclusion que les activités cérébrales sont presque identiques dans un cas comme dans I'autre !
         Le mauvais éleve rendrait-iI ainsi quelques services a ses camarades ?


    Le cerveau d'un cancre et celui d'un bon élève, face à des erreurs.       De nombreux chercheurs ont étudié la réponse du cerveau lorsqu'il a un problème à résoudre et qu'il va émettre une solution. Ces études se font en général en projetant undes signaux sur un ordinateur et en demandant au cobaye d'appuyer sur un bouton quand ces signaux ont une configuration donnée. On enregistre en même temps les signaux sur des électroencéphalogrammes, produits par divers centres du cerveau.
         Ils ont noté trois signaux différents provenant du cortex cingulaire antérieur, une zone du cerveau située sous le cortex externe et faisant partie du cerveau émotionnel (cf. schéma), cette zone servant de passerelle entre les centres émotionnels et les zones de préparation mentale des actions du cortex préfrontal . :
                - une première onde négative avant que l'on ne fournisse une réponse erronée.
                - une deuxième onde négative moins élevée si on a donné une réponse erronée.
                - une troisième onde encore plus faible si le cerveau pense que la réponse est exacte.
        Les chercheurs ne savent pas comment le cerveau conclut que la réponse doit être bonne ou mauvaise; probablement par une réflexion inconsciente au niveau du cerveau émotionnel, qui compare la solution avec des données antérieures mémorisées.
        La première onde est un signal d'alerte, qui signale le risque que la solution élaborée par le cortex préfrontal soit une mauvaise réponse.
         Si la personne díspose d'assez de temps pour réfléchir, elle peut percevoir ce conflit interne et se réorienter vers la bonne réponse, mais, si le temps est Iimité, elle donne une mauvaise réponse, emportée par son élan, malgré la petite voix qui lui murmure: « Attention, c'est faux! » 
        Si une mauvaise réponse est malencontreusement fournie, le cortex cingulaire antérieur est surpris, et déclenche un signal d'alarme : c'est la deuxième impulsion.
        La troisième onde est transmise d'une part au conrtex préfrontal qui a élaboré la réponse et d'autre part aux centres du système de récompense, qui émet alors de la dopamine. Les centres qui ont élaboré la réponse sont ainsi récompensés de leur bon travail.
     
         Voyons maintenant ce qu'il se passe chez l'élève observateur, qui voit le cancre au tableau faire une erreur. 
         Les neurologues néerlandais ont découvert que ce signal d'alarme est actionné de la même façon lorsque nous voyons un autre se tromper.
         Pour mettre en évidence cette « empathie de I'erreur », ils ont placé deux personnes devant une table. La première devait actionner un levier lorsqu'elle voyait sur un écran une combinaison de symboles apprise préalablement, et ne pas I'actionner si une autre combinaison apparaíssait. La seconde personne observait cet opérateur.
         Les neurologues enregistraient, au moyen d'électrodes, les signaux engendrés dans le cerveau des deux sujets, au niveau du cortex frontal, du cortex cingulaire et des centres promoteurs qui préparent le mouvement de la main  qui appuie sur le levier..   
         Le cortex temporal (notamment les centres de la parole), et le cortex préfrontal préparent ensemble la réponse, bonne ou mauvaise.
         Le cancre a reçu un signal d'erreur d'une première zone de son cortex cingulaire, quelques millisecondes avant qu'iI ne donne la mauvaise réponse, mais n'en a pas tenu compte.
        Cette zone s'active aussi chez I'observateur, mais seulement quelques millisecondes après qu'iI ait vu le mauvais élève se tromper.
        Ainsi, l'observateur fait l' expérience interne de l' erreur, comme s'iI était à la place du mauvais élève, mais se distingue pourtant du cancre par un détail subtil; les enregistrements des centres promoteurs montre qu'ils se sont activés comme s'iI allait donner la bonne réponse, mais I'activation cesse quand iI voit l'erreur du mauvais élève, et donc si ses centres de la récompense auraient été activés puisqu'il voulait donner la bonne réponse, cette activation a été annulée par la constatation de l'erreur du cancre.
        Lorsqu'ensuite  le cancre a fait une erreur, son cortex cingulaire antérieur s'est activé intensément  c'est la sonnette d'alarme. Celui de I'observateur s'est activé, lui aussi, avec un petit retard de 150 millisecondes. 
        Paradoxalement l’observateur d’une mauvaise réponse donnée par le cancre, et dont il n'est pas responsable, est aussi sanctionné car il en résulte un sentiment de frustration : en effet I'observateur a anticipé la bonne réponse. ce qui amorcerait le circuit de la récompense, mais le plaisir lui est refusé au dernier moment à cause de I'erreurdu cancre.
        De quoi lui donner envie d'aller au tableau à la place du cancre et de donner la bonne réponse !  il aurait alors le plaisir de la réussite ! 

        Un dernier point intéressant, si le cerveau est amené à résoudre un problème après avoir connu plusieurs réponses inexactes, on constate que l'activité du cortex cingulaire antérieur est  beaucoup plus importante. En effet ces centres ont aussi une responsabilité importante dans le maintien de l'attention et il est normal que, craignant une nouvelle erreur, le cerveau augmente sa capacité d'attention, afin d'augmenter les chances d'une bonne réponse.
     
     
     

     

     

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  • Cortex préfrontal (7) La régulation de nos émotions.

       Dernière caractéristique essentielle dodu cortex préfrontal : il est étroitement connecté aux structures nerveuses associées à la genèse des émotions qui se trouvent essentiellement dans le cerveau “émotionnel”.
        Mais il s'agit d'une double commande, car si les lobes frontaux peuvent inhiber le fonctionnement du cerveau affectif et émotionnel, l'inverse est également vrai et en général il existe un équilibre entre les deux entités, avec probablement, une prédominence du cerveau émotionnel et altruiste pour les extravertis et décideurs selons leurs goûts et valeurs, et du cortex frontal pour ceux de préférences introverti ou décision logique.
        Notre liberté d'action et de pensée réside dans la possibilité de ne pas obéir à l'impulsivité. Cela suppose d'avoir le choix entre se laisser aller à un débordement émotionnel ou, au contraire, le moduler ou même l'inhiber selon nos projets.

        Quand le « pilote » cortex préfrontaldonne son accord au cerveau émotionnel et autorise le débordement émotionnel, agréable ou désagréable, à s'installer, ce dernier entraîne en retour une inhibition fonctionnelle temporaire des lobes frontaux et donc la perte de contrôle sur le temps et sur l'espace. C’est ce qui explique par exemple les  “crises de larmes”. Cela explique aussi certaines colères et actions violente ou lorsque l'on perd le contrôle de soi (on dit vulgairement qu'on a pété un plomb)
        Dans la cabine de pilotage, le pilote qui veut conserver ce statut doit rester en contact avec ses émotions, ses sources de motivations et ses sentiments, bref avec ce qui le motive, lui donne de l'énergie ou l'en prive. Être vivant, c'est être traversé par toutes sortes d'émotions généralement peu durables allant de la détresse aux sommets de l'euphorie et du plaisir, et du contrôle de soi à la pulsion.
        La « bonne santé psychologique » consiste à pouvoir rester conscient des mouvements s'opérant entre ces extrêmes.
        En outre, il est d'autant plus important d'être en contact avec ses émotions que de leur intensité dépend notre perception du monde. En effet, dès lors que l'intensité des émotions (agréables ou désagréables) augmente, le cortex préfrontal commence à être inhibé, suscitant un sentiment de perte de contrôle.
        Le monde intérieur et la réalité extérieure se mélangent et, comme au cinéma lorsqu'on est "pris par le film", le sujet a tendance à projeter ses émotions et ses sentiments sur le monde extérieur. Ce sont des émotions réelles, mais qui ne sont pas forcément en relation avec la réalité.
        C’est quelque chose que je rencontre tous les jours avec les jeunes qui m’écrivent et se sentent malheureux.
        En revanche, les émotions moins intenses n'inhibent pas le cortex préfrontal. Celui-ci, associé à d'autres structures cérébrales comme le cortex prémoteur où siègent les neurones miroirs, (voir mon article à ce sujet), ont la capacité de réfléchir la réalité extérieure. Il en résulte une sensibilité à autrui, à ses émotions et ses modes de pensée (en prenant garde de ne pas les confondre avec les siens propres).
       Cela suppose de vérifier que l'on n'est pas soi-même dans un état de débordement émotionnel.

        Je discute assez souvent avec des personnes qui, pour des raisons diverses (dysfonctionnement familial, violence ou déception affective), sont en situation de souffrance. Cette souffrance, qu'elle se manifeste par un repli sur soi ou une hyperactivité, correspond à un bouillonnement émotionnel se traduisant par une inhibition plus ou moins chronique du cortex frontal. 
        Dans ce cas, cette personne peut avoir du mal à se représenter ce qu'on lui demande, à changer de représentation ou de comportement, à raisonner logiquement, à esquisser des projets, à se prendre en main, rester attentive et contrôler ses émotions dans la mesure où elle tolère mal la frustration.
        On peut reconnaître dans ces symptômes le déficit, heureusement réversible, du cortex préfrontal, correspondant aux six fonctions que nous avons vues ensemble.
         Il ne servirait donc à rien de lui en vouloir (ou de s'en vouloir) : cet élève par exemple, n'est pas en état d'apprendre et les enseignants ne sont pas des psychologues mandatés pour conduire des psychothérapies. Il faut alors essayer de rassurer la personne, qu’elle se sente écoutée, comprise et non jugée, en sécurité et accepté
        Il devient alors possible dans la discussion de repérer des moments ou des sujets pour lesquels son préfrontal est en quelque sorte débloqué et il est alors possible de lui redonner le commandement sur le cerveau émotionnel.

        Pour conclure, gardons du cortex préfrontal  l'image d'une cabine de pilotage qui permet au pilote d'établir le plan de vol de l'apprentissage, d'éviter les changements de direction intempestifs, et de fixer des objectifs et notre attention sur les actions à mener, tout en maîtrisant nos émotions et nos pulsions.

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  • Le cortex préfrontal (6) : l'attention sélective.

          Nous avons vu que notre cerveau frontal était capable de planifier un projet en accédant à un espace de représentation et de simulation mentale où sont amenées d'anciennes perceptions sensorielles, de ce qui a été une solution pertinente, mais dans un autre contexte; enfin, en se représentant l'écoulement du temps à venir et les événements qui risquent de se produire.
        Puis il peut ensuite prendre décisions et initiatives pour le réaliser.
        Encore faut il que la personne soit capable de diriger et de maintenir durablement son attention lors de la formation et de la réalisation du projet.
        Cette quatrième capacité du cortex préfrontal est nécessaire pour la réalisation de nos décisions et de nos actes en conformité avec les intentions et la programmation qui a été faite.

        Pour qu’il y ait attention, il faut d’abord qu’il y ait conscience. Il est évident que quelqu’un endormi ne peut faire attention à un problème à résoudre.
        Les centres cérébraux impliqués dans la conscience, centres du tronc cérébral, du cerveau central, le thalamus, l’hippocampe, le cortex cingulaire, sont donc impliqués aussi dans l’attention. Le cortex cingulaire antérieur, joue un rôle important dans le contrôle cognitif et notamment la capacité de la personne à prendre conscience de ses opérations mentales, à les mobiliser ou à les bloquer, à changer de stratégie quand c'est nécessaire. Il influence donc la motivation et l'attention.
         Pour qu'il y ait conscience, il faut notamment que le cortex cingulaire soit activé, que le thalamus transmette au cortepréfrontal, les informations des centres d'interprétation de nos perceptions, et que l'hippocampe mette en liaison le cortex préfrontal avec les zones de mémoire qu'il veut consulter.
        Mais cela ne suffit pas, l’attention suppose la concentration et cela dans la durée.
        L'attention est une fonction cognitive complexe.
        Elle correspond à un processus de sélection d'un événement extérieur (son, image, odeur, toucher...) ou intérieur (pensée) et du maintien de ce dernier à un certain niveau de conscience, ceci se traduisant à la fois par des images et des mots, et en conservant certaines données nécessaires à la réflexion dans deux mémoires intermédiaires à court terme, spécialisées dans ces deux domaines.

        Notre degré d'attention est fortement conditionné par les changements survenant dans notre environnement :
    un coup de feu ou de tonnerre captera toute notre attention automatiquement. On parle d'état d'alerte et cette alerte nous permet de maintenir un certain niveau de “vigilance”. .

        Le cortex préfrontal est alors peu concerné. Ce sont les centres amygdaliens qui d’éclencheront l’alerte et provoqueont les premières réactions instantannées de défense. Le cortex préfrontal sera alerté ensuite pour réfléchir aux solutions.

        Le cortex frontal intervient lorsque l’attention est volontaire.
        Cette attention sélective intervient lorsque nous voulons traiter une question et qu'il nous est impossible de traiter simultanément toute l'information qui se présente à nous : une analyse successive des informations est donc nécessaire.
        Ce type d'attention opère dès lors que nous avons un choix à effectuer pour la sélection d'une information répondant à nos attentes dans des circonstances données.
        Seule l'information sélectionnée est examinée. L'attention sélective permet donc de se focaliser sur un point en se coupant mentalement de l'environnement, sans devoir pour autant s'isoler physiquement.
        Si l'on est à la recherche de champignons en forêt, l'attention sélective se focalise sur le sol, et sur des formes ressemblant à des champignons, les autres informations de la scène étant ignorées.
       
        L'attention peut également être partagée :
        Dans notre quotidien, où nous avons souvent à réaliser plusieurs choses simultanément, comme lorsque nous tenons une conversation tout en conduisant.
        L'attention, ainsi partagée entre de nombreuses informations, requiert plus de ressources.
        Mais si l’un des problèmes devient prépondérant l’attention se focalise sur lui et abandonne l’autre : toute la mémoire à court terme de transfert lui est consacrée.
        L'interaction entre les deux fonctions cognitives “attention” et “mémoire” est trés grande. L'attention est particulièrement mobilisée lorsque l'information à traiter est nouvelle, c'est-à-dire qu'elle n'a pas encore d'équivalent en mémoire.
        Effectivement, une information connue ou familière (comme par exemple l'emplacement des meubles dans notre maison), n'attire plus l'oeil.
        L'attention se portera sur une information familière  seulement si elle diffère du contexte habituel (dans notre exemple, un élément aurait été déplacé) ou si nous recherchons volontairement un objet dans l'environnement.
        Notons que notre (pré)nom, entendu dans des contextes divers (dans la rue, au restaurant...) captera aussi immédiatement notre attention, même si cette information nous est extrêmement familière. Depuis le plus jeune âge, nous sommes en effet conditionnés à réagir à notre (pré)nom.

         L’attention est par nature instable, car elle résulte d’un équilibre en plusieurs centres du cerveau. Elle est donc difficile à maintenir.
        Les mécanismes de l’attention sont mal connus. Ils mettent en jeu de nombreux centres du cerveau.

        Il semble que le cortex préfrontal soit le chef d’orchestre qui demande l’attention pour travailler.
        Et si nous faisons preuve de l’inverse, la distraction, c’est que nous n’avons pas voulu nous concentrer sur le sujet.
        Pour une raison donnée (peut être influencé par un désir du cerveau émotionnel), notre cortex frontal n’a pas eu la volonté de dire qu’il fallait faire attention.
        Si beaucoup d’entre nous n’arrivent plus à fixer leur attention, ce n’est pas uniquement par manque de volonté, mais parce que, submergés par une multitude d’informations, nous subissons ce flot passivement, au gré de nos sensations et de nos envies, et que nous ne savons plus couper les liens pendant un certain temps, pour prendre un peu de repos et de recul, pour se concentrer et réfléchir.
        Il faut réapprendre à faire le tri dans nos occupations, à éviter les distractions, et devenir conscients que nous ne pouvons faire qu’une chose à la fois.

        Des chercheurs pensent actuellement que le mécanisme principal de l’attention est la communication entre le cortex frontal, le thalamus pour les sensations et l’hippocampe pour la mémoire et le cortex cingulaire pour un certain contrôle de nos opérations mentales. L’attention serait un déclencheur de l’action et se déplacerait ainsi d’une action à la suivante.

        La capacité d'autodétermination et celle d'endurance attentionnelle, toutes deux reposant en partie sur l’action du cortex préfrontal, confèrent à l’homme une emprise sur l'espace extérieur : la première permet de déclencher des actions selon des intentions, et la seconde de se repérer dans l'espace en identifiant parmi les innombrables informations qui nous parviennent de nos sens ou que le cortex frontal demande à notre mémoire, celles qui sont pertinentes.


        Demain nous verrons la dernière mission du cortex frontal : la régulation émotionnelle.

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