•            J’essaierai aujourd’hui de répondre aux questions posées sur la mémoire et les comportements de personnes ayant subi de grands chocs traumatiques, tels les militaires qui sont passés près de la mort en opérations, ou les témoins des attentats, comme ceux des tours américaines ou du Bataclan.
            Toutefois je ne suis pas neurologue. J’ai simplement lu quelques articles à ce sujet, du fait que c’est un domaine très particulier, complexe et encore mal connu. Je ne pourrais donc en donner qu’un aperçu.

             Il existe beaucoup de causes de souvenirs traumatisants.
             Certains sont peu graves et très passager, comme lorsque l’on a « une peur bleue », que vous avez failli renverser quelqu’un au volant de votre voiture ou être vous même écrasé(e). Mais tout s’est bien terminé et vous oublierez assez vite ce mauvais souvenir, et si vous le remémorez, cela ne vous remettra pas en transes.
               D’autres souvenirs sont au contraire très traumatisants lorsqu’il en résulte une souffrance infligée pendant des années, comme un enfant maltraité ou une femme battue.
               Le souvenir qui persiste en mémoire peut être à l’origine de troubles psychiques importants, même si le sévice a disparu.
               Et il y a l’événement brutal, ultra taumatisant, où, en général, on craint pour sa vie ou son intégrité et où ce qui arrive nous dépasse, où l’on ne comprend pas la situation. Ce n’est pas un événement qui dure longtemps, il n’est pas répétitif, mais son intensité est telle, que l’émotion qui l’accompagne peut nous faire « péter les plombs ».

              Comment réagissent les personnes ? Très différemment.
              Les études notamment sur les rescapés des attentats du Bataclan, ont montré que certains, sur le moment, ont gardé leur sang froid, ont aidé les autres à fuir ou se cacher et on est étonné d’un tel calme. Mais le traumatisme est quand même là et c’est ensuite, une fois l’action passée et le danger écarté, que l’on se rend compte de l’horreur des faits. Le souvenir de l’horreur poursuivra même ces personnes.
               D‘autres personnes seront affolées et chercheront à fuir ou à se terrer, mais de façon instinctive, presque sans réfléchir. Elles seront en général très traumatisée par ce qu’elles ont subi, poursuivies pendant des mois par l’horreur de la scène. Certaines arriveront à peu à peu à moins y penser, d’autres devront être aidées psychologiquement pour tenir le coup. Manifestement leur volonté était dépassée par les événements.
               Enfin certaines personnes auront l’air sidérées par la situation, et auront l’air de ne pas en souffrir sur le moment. Elles ne s’en souviendront en général pas tout de suite après l’événement, mais le souvenir finira par revenir, rapportant alors la souffrance qu’elles n’ont pas ressenti sur le moment.
              Comment expliquer ces situations.?

               Rappelez vous ce que j’ai expliqué dans les articles sur nos sensations. Sur le thalamus, et les centres amygdaliens (articles  du 24/08/2018, 3/4/2021 et 22/10/2022).


              En l'absence de stress intense,ens le cortex préfrontal, chef d’orchestre du cerveau, régule l'activité de zones situées dans les profondeurs du cerveau : le striatum, impliqué dans les habitudes, la motivation et les impulsions, I’hypothalamus qui gère nos organes de vie, des besoins fondamentaux comme la faim, la soif ou l'activité sexuelle, et les centres amygdaliens, où naissent les émotions fortes, notamment la peur et la colère.
              Voir le schéma ci-dessous :

     Comportement suite à un accident, un attentat, un traumatisme important et subit


             Le cortex préfrontal régule aussi la réponse au stress, notamment la production de deux neurotransmetteurs, la noradrénaline et la dopamine par les neurones du tronc cérébral. En quantité modérée, ces deux neurotransmetteurs renforcent les connexions avec le cortex préfrontal et donc son action de contrôle.
              Les centres amygdaliens, impliqués dans toutes les émotions, et à l'origine notamment de l'impression de peur, de danger, de crainte, veillent sur notre survie, et reçoivent directement les sensations brutes visuelles et de l'ouïe, transmises directement par le thalamus en quelques millisecondes.
              Les mêmes sensations sont ensuite transmises aux centres d’interprétation sensitive, puis retournent au thalamus qui les transmet au cortex préfrontal, lequel consulte la mémoire via l’hippocampe, puis, lorsqu'il a cerné l'événement, reprend contact avec les centres amygdaliens, mais au bout de plusieurs dixièmes de seconde.
             Mais, si les centres amygdaliens ont jugé au départ la situation comme inquiétante, ils vont réagir immédiatement de façon inconsciente en agissant sur la formation réticulée du tronc cérébral qui va faire libérer par les glandes surrenales de l’adrénaline et de la noradrénaline.
             L'adrénaline va augmenter la fréquence et la contraction du coeur, augmenter la pression artérielle, entraîner une vasoconstriction des vaisseaux, augmenter la fréquence respiratoire et donc augmenter l'apport d'oxygène aux niveaux des organes, et faire également libérer du glucose pour permettre un effort éventuel.
             Ces centres vont également déclencher, par le relais de l’hypothalamus et de l’hypophyse, la sécrétion de cortisol par les glande surrénales : l’hormone du stress.
             Enfin les centres amygdaliens vont agir sur le striatum pour augmenter la motivation et sur le noyau accumbens qui libèrera de la dopamine dans le circuit de récompense.
             Si le stress n’est pas important, le cortex préfrontal lorsqu’il prendra contact avec les centres amygdaliens, les calmera; ils cesseront leur action et il gardera le contrôle de la situation.

             Dans le cas d’une situation brutale et stressante au niveau du traumatisme, chez les individus calmes et peu émotifs, dont le cortex préfrontal a un fort contrôle sur les centres amygdaliens, ils arriveront sur le moment à réfléchir et à enrayer l’action des centres amygdalien, mais utiliseront la mobilisation qu’ils ont faite, pour essayer de maitriser au mieux la situation, en aidant les autres.
             Mais une fois l’action passée, le cortex préfrontal, fatigué, va diminuer son action et les centres amygdaliens vont reprendre le dessus; réactiver le souvenir traumatisant, et réactiver le stress.

              Chez les individus qui affolés vont fuir ou se terrer de façon instinctive, le cortex préfrontal a été dépassé par l’intensité des événements, d’autant plus que, dans le cas d’un attentat, il ne comprend pas la situation dont il n’a pas d’exemple vécu en mémoire. Les centres amygdaliens ont alors le champ libre et ce sont eux qui dictent le comportement aux individus.
            Cette action va durer longtemps et les neurotransmetteurs sécrétés vont profondément renforcer le souvenir dans la mémoire à long terme, et ce souvenir va se réactiver en permanence et réactiver les réactions des centres amygdaliens, faisant revivre la scène à la victime.
              Certains arriveront peu à peu à faire reprendre le contrôle à leur cortex préfrontal, d’autres devront être aidés pour y arriver, voire être traités par des médicaments.

     Comportement suite à un accident, un attentat, un traumatisme important et subit

             Quelle explication donner pour ceux qui ont l’impression d’être totalement ansthésiés et de ne pas souffrir de la situation?
              Des personnes émotives et dont les centres amygdaliens sont très actifs peuvent faire, sous le coup de l’émotion énorme et de la situation incompréhensible une « espèce d’overdose » d’adrénaline et de cortisol », du fait que les centres amygdaliens sont emballés, le cortex préfrontal anihilé, et que l’acion risque de ne pas s’arrêter. L’excès d’adrénaline devient toxique pour le cœur et le système vasculaire, et le cortisol risque de provoquer une hyperglycémie,

              Il y a alors un risque vital pour l’organisme et l’hypothalamus, garant du fonctionne-ment de notre corps et notre vie, va prendre des mesures d’urgence désespérées en faisant sécréter par l’hypophyse des endorphines, et il agit sur les récepteurs du glutamate (neurotransmetteur qui active les réactions nerveuses), pour les empêcher de fonctionner.
              Cela provoque comme l’effet d’un disjoncteur et « éteint » les centres amygdaliens : malgré le traumatisme qui se poursuit, l'état de stress s'apaise, le système nerveux sympathique n’est plus stimulé, et il n'y a plus de souffrance psychique ; les endorphines provoquent une analgésie, et il n'y a plus de souffrance physique !
              Les stimuli traumatiques vont continuer d'arriver via le thalamus aux centres sensoriels, où ils vont être traités mais sans impression émotionnelle, sans souffrance psychologique, sans souffrance physique. La victime va avoir l’impression d'être spectatrice de ce qui lui arrive, de façon dépersonnalisée. Les psychiatres appellent cela un « phé-nomène de dissociation ».
             Les centres amygdaliens étant déconnectés de l’hippocampe, celui ci ne recevra pas les adresses neuronales du souvenir et la personne ne se souviendra pas, le plus souvent, des scènes vécues ces quelques instants; mais ces centres pourront, par la suite, transmettre au cortex préfrontal des sensations, des pensées, des émotions, iiées aux événements traumatisants, mais sans repères de temps ni d'espace, et donc incompréhensibles. La personne peut souffrir psychologiquement, avoir des troubles cognitifs et devoir être assistée médicalement.
              Et un stimulus particulier rappelant l’événement peut à nouveau remettre en action les centres amygdaliens, qui vont transmettre alors à l’hippocampe l’adresse du souvenir, qui va, tout à coup, revenir en mémoire de la personne, et recréer un nouveau traumatisme, si le cortex préfrontal n’arrive pas à reprendre le dessus.   

           J’ai essyé de répondre à vos questions, à partir des lectures que j’avais faites sur les conséquences psychologiques des attentats et sur les traumatismes des combattants à la suite d’opérations militaires dans lesquelles ils ont échappé à la mort, alors que leurs camarades avaient succombé. J'espère que, malgré le caractère pénible du sujet et la difficulté de faire un exposé simple, cela aura répondu à vos attentes.   

     

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  • Cultiver son empathie

     

            J’ai cité, dans un article du premier juin 2023, 10 façons d’améliorer le fonctionnement de son cerveau, qui étaient exposées dans le numéro de mars de la revue « Cerveau et Psycho » et j’avais dit que j’examinerai l’une après l’autre ces recommandations,
          Aujourd’hui je traiterai de la sixième action :.
                             - Cultiver son empathie.
         
    C’est un résumé de l’article correspondant de la revue.

        L'empathie et l'aptitude à reconnaître et percevoir ce qu'une autre personne ressent, cela avec une partie affective (on ressent une partie des émotions d'autrui) et une partie cognitive (on devine ses état mentaux - c'est ce que les psychologues appellent du nom barbare "la théorie de l'esprit").
      Cette aptitude est importante lors de toute action efficace vis à vis des autres, car il faut qu'elle corresponde à leurs souhaits, leurs besoins et leur ressenti. L'empathie nous pousse à venir en aide aux autres, et c'est évidemment une dimension importante pour toute personne ayant une profession médicale. ou d'aide sociale.

       Toutefois l'empathie n'est pas aussi sans inconvénient.
       Elle s'orient plus facilement vers des personnes qui nous plaisent ou qui nous ressemble, ce qui risque d'augmenter la défiance ou la discrimination vis à vis d'autres personnes.
      Elle peut être utilisée pour manipuler ou de faire souffrir autrui, puisqu'elle permet de deviner ses pensées, ses sentiments, et aussi ses faiblesses.
      Aider les autres en grande souffrance peut aussi entraîner une personne fragile dans la détresse.

        L'auteur donne ensuite divers conseils pour améliorer son empathie en évitant les pièges cités.

              - diversifier la connaissance des personnes et des situations en lisant, en faisant connaissance de groupes d'horizons divers, en voyageant. Cela augmente la compréhension d'autrui et cela évite de ressentir de l'empathie surtout pour ceux qui nous ressemblent.

             - raisonner sur les conséquences de nos actions, bonnes et mauvaises, si elles peuvent provoquer la douleur, et ainsi diminuer le risque de manipulation ou de maltraitance.

           - réguler nos émotions, d'une part pour ne pas se laisser déborder par la souffrance des autres, mais aussi parce que comprendre en détail nos propres émotions permet de mieux comprendre celles des autres.

          - d'être moins centré sur soi-même et plus centré sur les autres, être conscient des conséquences de ses actes et ne pas reporter les fautes sur les autres, bannir la colère, la violence.

         - arriver à la "compassion", qui est de ce sentir concerné par l'état de l'autre et vouloir lui venir en aide. C'est de l'empathie avec en plus, une motivation pro-sociale.  Alors que l'empathie fonctionne comme un miroir des émotions d'autrui, la compassion implique un sentiment de bienveillance, avec la volonté d'aider la personne qui souffre.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Animaux5/RTEmagicCcampagnoldesprairies.jpg

         Comme tous les petits enfants j’ai autrefois lu des contes de fées.
    Il y avait bien sûr les bons génies qui rendaient beau ou riche, des élixirs de jouvence, ceux aussi qui rendaient un homme ou une femme amoureux(se) de l’autre.
         Un article scientifique m’y a fait à nouveau penser, celui de Christiane Geitz, psychologue à Heidelberg.

         Cette chercheuse rappelait l’importance du noyau accumbens dans le système de récompense de l’être humain  (voir mes articles sur le système de récompense), et notait l’importance dans les neurones de ce centre, de deux types de récepteurs : ceux à la vasopressine, neurotransmetteur analogue à l’adrénaline, qui intervient lors d’excitations, et l’ocytocine, très liée au rapports amoureux et dont la concentration augmente après un rapport sexuel.
    On a remarqué que la vasopressine a un effet vasoconstricteur, et favorise chez les rongeurs la défense du nid et de la progéniture.
        L’ocytocine, hormone fabriquée par l’hypophyse, favorise l ‘attachement d’une mère à son enfant.

         Les campagnols des prairies, de mignons petits rongeurs que je vois souvent en Bretagne, s’ils sont en couple, restent fidèles à leur compagnon et compagne toute leur vie, alors que les campagnols des montagnes, leurs cousins, courent le guilledou, non seulement les mâles, mais même les femelles.
         En injectant les deux hormones aux campagnols des montagnes, chose extraordinaire, on les rends fidèles !!… au moins pour un temps, le temps d’action des hormones.
    Des chercheurs d’une université de Floride, aux USA ont essyé de coprendre cet effet. Ils ont observé des campagnols des prairies et ont observé une libération importante d’ocytocine après leur premier accouplement.
        Les chercheurs ont alors injecté près du noyau accumbens, un produit qui favorise la sécrétion d’ocytocine. Ils ont alors constaté que si un mâle se rapprochait des femelles, celles ci le fuyaient et se rapprochaient toujours d’un même mâle, qu’elles considéraient comme leur « compagnon campagnol ». Mais cei n’était effectif que si les deux partenaires avaient pu se connaître et se flairer au moins une heure avant l’injection, faute de quoi l’injection était sans effet.
         Les chercheurs ont alors constaté que lorsque mâle et femelle se faisaient ainsi la cour, leur ADN des neurones du noyau accumbens se modifiaient, fixant des noyaux acétyle, qui diminuent les liaisons entre histones (les enroulements de l’ADN) et ces histones se déroulaient plus facilement, permettant aux gènes de libération de vasopressine et d’ocytocine de s’exprimer, et donc d’avoir un taux plus élevé en permanence, ce qui modifie leur comportement, chez les mâles comme chez les femelles.
         D’autres gênes, insensibles à ce mécanismes, sont responsables du comportement volage de leur cousins de la montagne.

         Evidemment le comportement des humains ne dépend pas uniquement de la chimie biologique; mais ils sont néanmoins sensibles à l’ocytocine, hormone de l’attachement.
        Une équipe l’Université de Bonn, en Allemagne, dirigée par Rné Hurlemann, a « pris pour campagnols », une quarantaine d’hommes volontaires hétérosexuels et leur a administré sous forme d’un spray nasal de l’ocytocien, alors qu’un groupe témoin n’avait droit qu’à un placébo.
         Ils ont constaté que leur noyau accumbens s’activait uniquement quand on montrait aux hommes qui avaient reçu de l’ocytocine, une photo de leur bien-aimée, mais que ce centre restait inactif s’il s’agissait de photos d’autres femmes.
         Par conséquent, connaître une femme n’est pas suffisant, il faut aussi partager une relation avec elle.
         L’ocytocine agirait comme une drogue qui lie un homme à sa femme. « Ces résultats pourraient expliquer pourquoi certaines personnes tombent en dépression lorsqu’elles se séparent de leur partenaire, lors de la séparation, la sécrétion d’ocytocine dans leur cerveau baisse et le circuit de la récompense n’est plus stimulé. Elles ont alors une sensation de manque. »

         Donc, mesdames jalouses, si vous voulez que votre mari soit fidèle, injectez lui de l’ocytocine dans le noyau accumbens,…. enfin si vous n’avez pas peur de lui implanter une aiguille dans le cerveau. Plus simple, mettez lui de l’ocytocine dans son spray pour déboucher son nez : Au moins il sera fidèle quand il aura un rhume ! Mais consultez avant un pharmacien pour connaître les doses à ne pas dépasser. Car sinon vous risquez de le rendre raide dingue de vous et il risque de devenir insupportable !

         Sachez aussi que, lors d’un accouchement, au moment de l’expulsion du bébé, le cerveau produit un maximum d’ocytocine, qui favorisera l’attachement de la mère à l’enfant. Ceci se produit aussi au cours de l’allaitement au sein, la succion qui favorise l’écoulement du lait excitant la production de prolactine et d’ocytocine.
        Cet effet au cours de l’accouchement explique le fait qu’aux Usa où la pratique des mères porteuses est licite, certaines d’entre elles n’ont plus voulu vendre leur bébé après l’accouchement.

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  • Empathie et cerveau humain.


        Je vous parlais hier de la sensibilité et de la compréhension des émotions des autres, ce que, en jargon psy, on appelle l’empathie.
        Il est intéressant d’en connaître les réactions au niveau du cerveau.

        On s’attend évidemment à ce que le cortex frontal intervienne au niveau raisonnement et le cerveau émotionnel au plan des émotion. C’est vrai mais c’est plus compliqué, car les zones du cerveau central sont également concernées par nos émotions, et par le canal de l’hypothalamus et de l’hypophyse, le système nerveux sympathique et notre système endocrinien.
        Les zones qui prennent en charges différentes tâches ne sont pas les mêmes.(voir le schéma ci dessous).
    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/cerveauempathie.jpg

        La capacité à ressentir les émotions d’autrui dépend surtout du cerveau émotionnel.
        Nos centres amygdaliens nous aident à ressentir le stress, l’angoisse, voire la colère de notre interlocuteur. Le cortex cingulaire antérieur et l’insola sont le siège d’une part de l’attention et d’autre part de la motivation dans nos relations sociales. Le cortex préfrontal ventromédian participe aussi à cette action car il contrôle en partie nos sentiments, jouant le rôle de chef d’orchestre du cerveau dans ce domaine. Lorsque nous voyons les émotions de quelqu’un ces centres entrent en action pour nous faire éprouver des émotions analogues.

        La capacité à comprendre les émotions d’autrui dépend davantage du cortex préfrontal, mais des zones qui y régissent la réflexion, et des zones du cerveau temporal et de l’hippocampequi interviennent dans le rappel des souvenirs. En effet comprendre autrui exige que l’on fasse un effort de réflexion, de logique, puis que l’on compare pragmatiquemnt à notre propre expérience, afin de recréer des circonstances voisines et une compréhension de la réaction à cet environnement.

        La capacité à répondre aux émotions d’autrui, après les avoir analysées et comprises, mettent en jeu le cortex préfrontal, mais dans la partie qui imagine les solutions, leur contrôle et leurs conséquences. Le dialogue nécessaire avec autrui demande à nouveau l’intervention du cerveau émotionnel, essentiellement le cortex cingulaire et l’insula qui vont gérer nos rapports affectifs avec la personne.

        De plus le système de récompense intervient aussi, (aire tegmentale ventrale, noyau accumbens), qui sécrète de la dopamine, car il nous faut un certain moteur pour assumer la tâche de comprendre autrui, et donc une satisfaction de l’accomplir.

        Les centres de la parole interviennent évidemment aussi puisque la plupart du temps cette émotion se traduit par des mots ou des écrits, qui aident à la cerner et à la comprendre, mais non seulement ceux du cerveau gauche, mais aussi ceux du cerveau droit qui comprennent les intonations, très importantes à saisir en matière d’émotion.

        Enfin le cerveau émotionnel étant en relation avec l’hypothalamus, celui ci, lorsque nous sommes émus par autrui, et partageons ses émotions et ses problèmes, peut agir sur le système autonome sympathique, et par l’intermédiaire de l’hypophyse, sur notre système hormonal, notamment les glandes surrénales qui produisent le cortisol, hormone du stress.

        Le cortex cingulaire qui intervient dans nos rapports sociaux intervient notamment dans les problèmes d’appartenance à un groupe.On éprouve davantage d’empathie pour quelqu’un d’externe au groupe, pour un ami, que pour un ennemi.

        Enfin il est probable que les « neurones miroirs » ont également une activité dans ce domaine. Ce sont des neurones du cortex somatosensoriel et du cortex moteur, dans la zone pariétale, qui s’activent, non seulement quand nous faisons un mouvement (ou imaginons que nous le faisons) mais aussi lorsque nous voyons faire ce mouvement à autrui.
        Ils aident à la compréhension du sens de la parole et de celui des expressions du visage, qui transparaissent dans les émotions. Le système moteur du cerveau n’est pas limité au contrôle des mouvements mais est aussi capable de lire, d’une certaine manière, les actions exécutées par autrui. Les neurones miroirs pourraient ainsi jouer un rôle fondamental dans tous les comportements sociaux des êtres humains.

        L’empathie humaine pour la souffrance d’autrui semble donc être ressentie à partir des circuits cérébraux nous informant de la douleur à notre propre corps et à notre propre esprit. En effet, lorsque nous avons de l’empathie pour quelqu’un, de nombreuses études d’imagerie cérébrale indiquent une activation de structures cérébrales qui s’active également lors que nous souffrons nous-mêmes. Mais alors, comment faisons-nous pour distinguer notre propre douleur de la douleur des autres ?
        D’abord, l’activation cérébrale d’une personne qui éprouve de l’empathie en observant une autre exprimer une émotion est d’intensité moindre que lorsque cette personne vit réellement cette émotion.
        Ensuite il n’y a pas totale identité en imagerie cérébrale, entre les neurones activés dans l’observation des émotions des autres, et lorsque ces émotions nous sont propres.
        Une partie de l’empathie repose sur l’imagination de ce que ressent autrui. Cette imagination a des limites et son contrôle permet aussi de limiter l’empathie, pour ne pas se laisser submerger par elle (par exemple les médecins et infirmières, devant la souffrance des malades).
        C’est le rôle du cortex préfrontal ventromédian de réguler ces actions de mimétisme.

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Animaux4/mygale.jpg

        Je vous ai souvent parlé dans ce blog du cerveau et d’une zone particulière qui intervient notamment dans les émotions, peur, colère, stress : les centres amygdaliens ou plus simplement les amygdales (du cerveau à ne pas confondre avec les glandes au fond de la gorge), en rouge sur le schéma ci dessous.
        La fonction essentielle de l'amygdale est de décoder les stimuli qui pourraient être menaçants pour l’organisme et de préparer celui ci soit à faire face, soit à fuir..
        L’amygdale est directement connectée avec les structures corticales qui lui envoient des informations visuelles, auditives, somato-sensorielles, olfactives et gustatives provenant de l’environnement. Lorsque ces informations sont analysées comme dangereuses pour l'organisme elles vont transmettre l’information à l’hypothalamus et au tronc cérébral, qui vont activer le système endocrinien, via l’hypophyse, le système nerveux autonome sympathique et les voies associées aux émotions.
        Le corps va alors mobiliser les réserves énergétiques, augmenter la circulation sanguine et la respiration et préparer les muscles à l’action.
        L’amygdale a alors une action sur tout les système émotionnel et sur la mémoire, pour faciliter à l’avenir la reconnaissance d’un danger.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/2590352.jpg

        Le rôle des centres amygdaliens a été très étudié et notamment grâce au comportement dune femme de 43 ans dénommée S.M., dont une partie des centres amygdaliens avaient été détruits depuis son adolescence, du fait d’une maladie génétique très rare. Cette femme n’avait peur de rien.
        Non seulement elle pouvait voir des films d’horreurs ou visiter la nuit un site réputé hanté, sans manifester d’émotion, mais elle n’avait aucune conscience du danger.
        SM s’est placée régulièrement dans des situations dangereuses mettant sérieusement en balance ses chances de survie: elle a subi plusieurs agressions, elle a failli notamment être égorgée par un inconnu, qui avait plaqué un couteau contre sa gorge, a été menacée de mort et habite un quartier dangereux, sans réticence.
        Dans les expériences avec les chercheurs, elle a tenu un serpent pendant plus de 3 minutes et a même poussé l’inconscience jusqu'à lui toucher la langue. Elle a même demandé au vendeur si elle pouvait recommencer avec ses spécimens les plus dangereux, ce qui lui a été refusé, et il a fallu l'arrêter quand elle a voulu toucher une mygale.
        Par contre SM manifeste les autres émotions telles que la joie, le dégoût;, la colère, la surprise, pour lesquelles l’amygdale n’est qu’une des parties prenantes.
        Son organisme réagit aussi si on diminue la quantité d’oxygène dans l’air, car là il ne s’agit plus de stimuli externes de danger, mais d’une stimulation interne de l’hypothalamus, qui est informé en permanence des constantes de fonctionnement de l’organisme, et donc de kla teneur du sang en oxygène.

        La communauté scientifique veille soigneusement sur la sécurité de SM, qui est un cas presque unique de fonctionnement du cerveau sans une partie importante de l’amygdale (deux soeurs jumelles sont également victime de la même maladie, et présentent les mêmes réactions que SM.)

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