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Par papynet le 11 Décembre 2019 à 08:05
Le psychologue Richard Mc.Nally de l’université de Harvard a étudié le cas de personnes qui prétendent avoir été enlevées par des extraterrestres et prises en otages dans une soucoupe volante, d’avoir servi d'objet d'expérimentation ou de partenaire sexuel pour les petits hommes verts.
Rêvent-elles ? Mentent- elles sciemment ?
On a constaté que ces personnes souffrent de paralysies du sommeil, trouble assez fréquent : au moment de s'éveiller, leur cortex frontal ne prend pas son fonctionnement normal pendant quelques instants. Les images des rêves commencés pendant le sommeil, continuent à défiler.
Incapable de réagir, soumis à ces visions oniriques dont il est conscient, le rêveur ressent une grande peur et son rêve pourrait alors s'imprimer dans sa mémoire comme un souvenir réel traumatisant.
Ces « martyrs de l'espace » ont de violentes réactions physiologiques (battements cardiaques, sudation) lorsque ils racontent leur expérience, avec des des signes de panique, caractéristiques d'un syndrome post-traumatique : ces signes sont décuplés lorsqu'on leur fait ré-écouter leur propre récit enregistré sur bande magnétique.
Ces symptômes sont également fréquents chez les anciens combattants qui, se remémorant une scène de bataille, en subissent à nouveau les effets, mais là il s’agit alors de souvenirs réels très pénibles et associés à la peur, gravés dans le cerveau, notamment dans le complexe amygdalien.
Au contraire les faux souvenirs sont des événements que l'on est (à tort) convaincu d'avoir vécus et, chez les personnes prétendant avoir été enlevées, les hallucinations vécues durant la paralysie du sommeil, et abusivement mémorisées comme souvenirs, déclenchent un syndrome post-traumatique.
Les OVNI sont bien réels pour ceux qui les ont « vus », mais pour eux seulement.
Panne de batterie ?
En fait ces faux souvenirs sont plus fréquents que l'on ne pourrait croire, notamment liés à des périodes traumatisantes de la vie.
De nombreuses personnes qui ont subi un choc psychologique (accident, maladie aux moments pénibles même s'il y a eu guérison, mort d'un proche...), ont des souvenirs de ces épisodes douloureux qu'elles croient très réels et qui sont souvent assez loin de la vérité. En général il dramatisent et exagèrent les situations vécues. Je n'ai pas lu d'explication probante de ces phénomènes inconscients.
En fait le cerveau cherche inconsciemment, par un mécanisme de défense, à sortir de la mémoire (c'est à dire à diminuer la force des connexions), tous ce qui est traumatisant pour lui (d'où les cauchemars).
Mais d'une part il n'y arrive pas entièrement pour les événement traumatisant qui du fait des émotions fortes, s'ancrent profondément. Et d'autre part, il reçoit des informations sur ces faits (photos, récits, lectures...). La mémoire "reconstitue" alors les événements à partir de ces éléments disparates et de souhaits inconscients, un peu comme le paléontologue reconstitue la vie des dinosaures à partir de vestiges préhistoriques.
Une partie est vraie, une partie est fausse, car raisonnement et imagination ont coopéré pour reconstituer le puzzle
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Par papynet le 25 Novembre 2019 à 08:04
Je vais essayer de répondre à la question : "qu'est ce qui est aléatoire et spécifique de la personne dans le rêve ?", en me référant aux aspects de notre mémoire.
Dans notre mémoire nous avons de très nombreux groupes de neurones qui correspondent à des notions élémentaires acquises, la plupart du temps liées au langage, et qui sont si je puis m’exprimer ainsi “multitâches”.
Par exemple les couleurs : un groupe de neurones associe le nom de la couleur et sa nuance, à la sensation procurée par les neurones de la vision qui définissent cette couleur en interprétant le mélange en proportions définies d’influx nerveux rouge, vert, bleu des cônes de la rétine.
Les formes élémentaires ou plus compliquées dont nous avons dans l’hémisphère droit, une représentation spatiale.
Des objets courants pour lesquels des groupes de neurones sont de façon privilégiée associés par des connexions plus fortes et qui vont nous permettre de connaître le nom de l’objet, son image approximative, son usage et divers détails qui se rapportent à cet objet.
Chose remarquable, le positionnement dans le cerveau des centres mémoriels correspondant à des objets, assez confus chez le jeune enfant (cela correspond à des images et des souvenirs de préhension), se réorganise entièrement lorsque l’enfant a appris à parler. Les notions d’animaux sont toutes situées à coté les unes des autres, celles des outils également, bref une classification par nature, sans doute pour permettre des recherches plus facile dans notre mémoire.
Tout cela est donc très structuré et les connexions entre groupes de neurones (ce que les neurologues appellent des “bassins attracteurs”) qui se font inconsciemment ne sont pas aléatoires .
Je suppose que vous voyez une personne qui prend des notes sur un livre taille A5 dont la couverture est bleue.
Aussitôt de façon inconsciente, (les neurologues diront analogique), notre cerveau va connecter ensemble, le visage de la personne, les notions abstraites de lecture et d’écriture, la forme, la taille du livre, la couleur bleue, le nom “livre”, le nom de l’outil “crayon à bille” sa forme, sa couleur.
De plus notre mémoire associative va aller aussi chercher des informations sur cette personne son nom, le lien qui nous unit, où elle habite, son métier, bref diverses informations qui sont connectées sans que nous en ayons conscience et qui seront prêtes à être envoyées au cortex frontal s’il en avait besoin.
Et le cerveau émotionnel va rajouter quelques “impressions sentimentales” concernant la personne, les émotions qu'elle nous procure.
A cela le cortex frontal va ensuite mettre son “grain de sel logique et explicatif” : “Falbala, que j'aime bien, étudie ce qui est écrit dans le livre bleu et note en marge avec un crayon à bille, des idées, des réflexions qui vont lui servir à la fac”.
Et le cortex frontal met aussi un peu d’ordre dans les connexions en appelant certaines et en rectifiant la connexion s’il a l’impression que c’est une erreur.
Cela c’est ce qui se passe lors d’une sensation réelle quand nous sommes éveillés.
Dans le sommeil, les connexions se feront de façon analogue, sauf celle au cortex frontal qui n’est pas en éveil, et d’autre part les connexions se feront moins rigoureusement et des erreurs seront plus fréquentes : le bruit de la porte qui grince sera confondu par les centres de mémoire auditive avec celui du miaulement et sera associé au mot et à l’image d’un chat. Et comme le cortex ne sera pas là pour orienter vers un chat donné, cela pourra être n’importe quel chat, y compris une peluche. (le cortex frontal n’est plus là pour dire : “une peluche ne miaule pas! “).
Donc éveillé une rigueur certaine dans les associations de neurones, et endormi sans le contrôle du cortex frontal, une certaine part d’erreurs plus importante.
Que va faire le cerveau pendant le sommeil : il va évacuer des “souvenirs” et là encore pas n’importe lesquels.
- Ceux correspondant aux sensations récentes et inutiles, ceux correspondant à nos réflexions avant de nous endormir, ... donc des notions reliées à notre vie et au temps, à notre mémoire chronologique (que les neurobiologistes appellent “épisodique”).
- Ceux correspondant à des préoccupations lancinantes du moment et ceux là ont tendance à être évoqués souvent et donc le cerveau va les écarter chaque fois qu’ils se présentent dans le sommeil
- Des souvenirs traumatisants qui sont peu présents consciemment mais correspondent à des zones du cerveau qui restent inconscientes et sont considérées comme nocifs. Le cerveau peut y accéder plus facilement pendant le sommeil car les inhibitions sont fortement diminuées et il va essayer de rendre moins nocives ces zones (enfin cela n’est qu’une hypothèse).
Ce sont donc des souvenirs spécifiques du vécu de la personne qui rêve (y compris les histoires qu’elle a lues ou entendues au cinéma ou à la télé)
Donc le cerveau va évoquer des souvenirs qui à l’origine sont donc cohérents et de ce fait leurs notions vont apparaîtrent dans les centres d’interprétation des perceptions, comme s’il s’agissait de perceptions réelles externes, alors que ce ne sont que des perceptions virtuelles de provenance interne.
Mais au départ la cohérence est celle que j’ai décrite ci dessus, avec absence de contrôle du cortex frontal.
On ne peut pas dire jusqu’à présent que ce soit aléatoire, et cela a une certaine cohérence en relation avec la personnalité de l’individu et ses préoccupations ou sa vie, son vécu.
Mais là où cela se complique, c’est que le cerveau envoie en même temps des souvenirs différents et que ces sensations relatives à des souvenirs différents, se mélangent dans les centres d’interprétation des perception
Quand nous nous réveillons et que le cortex frontal commence à refonctionner et à recevoir des perceptions du rêve, il reçoit donc un mélange aléatoire de rêves assez cohérents au départ quand ils étaient séparés, mais il s’agit alors d’un mélange assez incohérent, que les cortex frontal et préfrontal, prenant cela pour des sensations réelles, cherchent à interpréter, comme ils le peuvent et donc de façon forcément erronée et farfelue.
On peut donc essayer d’interpréter des rêves qui au départ avaient une certaine cohérence propre à la personne, mais ils ont, à l’arrivée, une incohérence notoire, due au mélange dans les centres de perception, et aux interprétations erronées du cortex.
Cela dit ils peuvent nous renseigner cependant sur certaines pensées présentes dans l’inconscient de celui qui rêve et sur ses préoccupations.
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Par papynet le 24 Novembre 2019 à 07:56
Je reviens sur le problème des rêves pour répondre à deux questions qui me sont posées : " rêve t’on en couleur" et "les images (plus généralement les sensations) du rêve sont elles aléatoires ou préprogrammées" pour chacun de nous ?
Je répondrai aujourd’hui à la première sur la “couleur” des rêves.
et demain à la notion de la nature des images du rêve
Rêve-t’on en couleurs ? Oui, pour la majorité de personnes questionnées. Cependant, cela n'est toujours le cas.
Cela me rappelle la lecture d’une étude d’Eric Schwitzgebel, de l'Université de Riverside, qui avait étudié les témoignages répertoriés depuis l'Antiquité :
Du temps d'Aristote, les personnes interrogées sur le contenu de leurs rêves affirmaient déjà rêver en couleurs. Descartes fit la même constatation au XVIlème siècle. Puis Freud et ses contemporains confirmèrent cette tendance universelle deux siècles plus tard.
Pourtant au XXème siècle, la situation a changé. De nombreux psychologues ont rapporté les cas de patients décrivant leurs rêves uniquement en noir et blanc, d'ombres, de lumières et de formes délavées.
Le cinéma, la télévision et la photographie en noir et blanc de cette époque auraient influencé le contenu des rêves.
Puis dans les années 1960, lorsque la télévision et le cinéma deviennent en couleurs, tout semble rentrer dans l’ordre : les gens rêvent à nouveau en couleurs. Soumis à un même questionnaire, 18 pour cent des personnes aux États-Unis déclaraient en 1942 faire des rêves en couleurs, et 71 pour cent en 2002.
Comment expliquer l'influence des médias sur les rêves? Sans doute les images répétitives et simples les alimentent-elles. Une image cinématographique est plus facile à interpréter et à assimiler par le cerveau qu'une image réelle. Le réalisateur l'a dépouillée de détails inutiles. Dès lors, elle s'imprime plus facilement dans le cerveau et influe sur la perception des autres images.
De plus les histoires simplifiées, idéalisées et correspondant à nos désirs alimentent plus facilement nos rêves d’où l’influence du cinéma de la télévision, d’internet et des bd, qui maintenant les traduisent par des images en couleur.
Je rappellerai par ailleurs ce que j’ai déjà expliqué dans un article de mon blog : les couleurs cela n’existe pas ; ce sont de pures inventions, des reconstitutions de notre cortex.
Ce qui se propage dans notre environnement ce sont des photons d’énergies diverses. Ils sont plus ou moins absorbés et réfléchis par les objets qui nous entourent.
Notre oeil reçoit les photons réfléchis sélectivement par un objet. Ils déclenchent un signal nerveux particulier dans trois sortes de cellules de notre rétine qui sont des “cônes”, sensibles à trois énergies particulières.
Ensuite des cellules situées à l’arrière de notre cerveau interprètent ces signaux et notamment le mélange de ces trois composantes issues de ces trois sortes de cônes et le cerveau mémorise ce signal que nous appelons “couleur de l’objet” en question. Nous lui associons un nom dans notre langage. (les couleurs ce sont nos parents qui nous les apprennent !!)
Les trois “couleurs” correspondant à chaque sorte de cônes sont mémorisées sous le nom de rouge, vert et bleu.
Toute proportion de signal correspondant à un mélange donné correspond à une couleur caractéristique. C’est exactement comme la palette RVB de votre ordinateur.
Il n’est donc pas étonnant que nous rêvions en couleur car le mécanisme qui sert à définir les couleurs d’un objet réel est le même qui intervient dans le fonctionnement des mêmes neurones lorsqu’une image leur est envoyée pendant le sommeil. Encore faut il que l’image ait été mémorisée en couleur.
Une image en noir et blanc mémorisée en noir et blanc sera par contre rêvée en noir et blanc.
Je rajoute que nous rêvons aussi en 3D, car les centres d'interprétation élaborés de la vision que l'on appelle le "où", sont activés pendant le sommeil et le rêve au même titre que les autres centres d'interprétation des sensations. Ces centres nous indiquent où nous nous trouvons, reconstituant en permanence une cartographie de notre environnement et bien sûr en mémorisant les diverses "cartes". C'est une vision 3D puisqu'elle place les objets, à droite ou à gauche, devant ou derrière les uns des autres, au dessus et en dessous. (et ceci sans lunettes !!).
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Par papynet le 1 Novembre 2019 à 08:30
Sans doute vous êtes vous trouvé souvent devant des choix à faire, pas forcément très importants, mais qui nécessitaient cependant une décision, et dans des circonstances où vous n’étiez pas au calme, mais soit avec d’autres personnes qui vous parlaient, soit pris par un appel téléphonique et que vous deviez à la fois décider et écouter votre interlocuteur.C’est souvent le cas au travail, mais de façon plus banale, on a aussi ce problème souvent lorsque l’on doit choisir les plats souhaités dans le menu d’un restaurant.
Certes vous avez éliminé déjà divers plats, mais vous avez encore, après cette première sélection, le choix entre des tomates au thon et du foie gras comme entrée et entre des ravioles de fruits de mer, de l’espadon thermidor et des brochettes de Saint Jacques, comme plat et vous hésitez beaucoup, tandis que votre voisin vous raconte ses dernières vacances en Espagne.
Obligé d’écouter vous n’avez pas le temps de bien peser les choix : comment lui faire comprendre sans le vexer, que vous êtes confronté à une tâche qui requiert une intense concentration et vous vous décidez brusquement pour le foie gras et l’espadon.
Vous pensez alors pouvoir prêter une oreille sereine à votre interlocuteur, mais une petite voix vous murmure: « Et la raviole de fruits de mer, est- ce que ce ne serait pas mieux? »
Vous n'écoutez déjà plus votre voisin, et rouvrez le menu. La raviole ? La brochette de Saint Jacques? Et l’espadon qui reste aussi un bon choix possible.
Vous décidez de vous en tenir à l’espadon thermidor, alors, pourquoi tant d'agitation pour conserver finalement le choix que vous aviez fait dès le début?
Des neurologues ont levé une partie du voile sur ce processus. Ils se sont intéressés aux choix qui comportent plusieurs étapes. C'est votre cas lorsque, pressé par le temps, vous décidez dans un premier temps de commander l’espadon. Cela vous permet de libérer votre esprit pour penser à autre chose.Vous prenez une « option mentale », en différant votre décision finale.
Par chance, les circonstances vous laissent plus de temps: votre cerveau met alors ce délai à profit pour réexaminer inconsciemment le choix, que ce soit pour le conforter ou l'invalider. Il reprend les données du problème, les confronte à votre décision, au cas où cette dernière ne serait pas optimale. Il se peut qu'il aboutisse à la même conclusion, ou qu'il change d'avis au dernier moment.
Des neurones particuliers sont responsables de ce phénomène: situés dans une zone de l'avant du cerveau : le cortex préfrontal médian, ils ont été étudiés sur des primates par une équipe de chercheurs neurologues de l'Université de Mexico.
Ils ont appris à un singe à mémoriser plusieurs options; ils ont constaté que chacune des options était enregistrée par un groupe de neurones particulier dans le cortex préfrontal. Lorsqu'ils ont demandé au singe de faire un choix entre ces options, ils ont observé ququ’un groupe supplémentaire de neurones est intervenu, qui correspondait à un choix provisoire.
Si on demande au singe d'attendre avant d'ex- primer son choix (comme lorsque vous devez attendre le serveur pour commander le menu), on constate que les neurones retrouvent l'activité initiale qui correspond, pour chaque groupe de neurones, à l'activité de l’option correspondante possible et. chaque groupe de neurones effectue des allers- retours entre l'option initiale qu'il a enregistrée et le choix provisoire effectué. Le cerveau garde en mémoire son choix, mais réexamine en permanence les données du problème.
Ainsi, vous pouvez sans crainte prendre une première décision au restaurant, votre cerveau continuera à examiner les données du problème, et même à en intégrer de nouvelles (« Désolé, nous n'avons plus de plat du jour »). Ces hésitations semblent ennuyeuses, mais sont censées optimiser nos choix.
Et lorsque viendra la minute de la décision définitive, vous pourrez ainsi prendre celle-ci plus rapidement avec moins de risques d’erreur, car votre inconscient vous a aidé à faire votre choix, en réanalysant les conséquences de vos décisions.
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Par papynet le 28 Septembre 2019 à 07:10
Les articles sur Freud m'ont valu quelques mails et on me parle de "transfert" est ce que cela existe?
J'aurais dû effectivement traiter ce problème, car c'est une difficulté qu’a rencontrée Freud dans ses analyses psychiatriques, puis qu’il a utilisée ensuite comme outil, vis à vis de ses patients.Au départ Freud le décrit de façon banale comme une gêne dans son travail : une patiente qui tombe amoureuse de son médecin psychiâtre qui la soigne.
Puis il va conceptualiser le phénomène, le définissant comme la projection par le patient du contenu de son inconscient et notamment de ses désirs sur la personne du psychanalyste qui lui apparaît alors doté de qualités bien supérieures à la réalité, comme on en prête à quelqu’un dont on est amoureux. (l'amour est aveugle dit le proverbe).
Il lui donnera une cause : le transfert vers l’analyste de désirs et de sentiments éprouvés par le patient envers les parents dans la prime enfance.
Il se servira alors de ce phénomène pour l’analyser, y voyant un moyen de pénétrer dans l’inconscient du patient en traitement.
La neurobiologie ne fait qu’étudier le fonctionnement du cerveau et du système nerveux et les connaissances actuelles, même si elles ont beaucoup progressé depuis 20 ans, ne permettent pas d’appréhender et d’expliquer les comportements des personnes qui sont des phénomènes complexes mettant en jeu tous les centres du cerveau, et par l’intermédiaire de la mémoire, le vécu de l’individu et l’influence de son environnement.
Elle n’a donc pas d’avis sur le transfert qui est un phénomène complexe, si ce n’est qu’elle est sceptique sur les sentiments dits refoulés par l’enfant vis à vis de ses parents.
Elle sait seulement que, dans le phénomène d’amour sentiment ou de grande amitié, comme d’ailleurs dans le phénomène de désir physique, des phénomènes hormonaux interviennent, mais aussi les centres “d’apprentissage, de récompense et de plaisir” dont nous avons parlé souvent, les centres amygdaliens, et des centres du cerveau émotionnel. Des malades dont certains de ces centres avaient été détruits n’éprouvaient plus ces sentiments.
En fait ce “transfert” mis en lumière par Freud dans le cadre de la psychanalyse et dont le médecin est l’objet de la part du patient, est considéré par beaucoup de psychologues, comme un phénomène courant dans les relations humaines.
Jung, contemporain de Freud et très apprécié dans les pays anglo-saxons (j’ai décrit certaines de ses théories en matière de “préférences cérébrales”), décrit ce phénomène comme une relation normale entre des être humains, qui ont en commun des façons de penser, des goûts, des a-priori, des règles de vie...
Des études sur les autistes ont montré un transfert de très grande intensité dans lequel l'autiste se comporte comme si l'analyste était une part de lui-même, dont il ne peut se séparer sans un traumatisme grave analogue à un arrachement d’une partie de son corps.
Je me suis souvent demandé si on ne pouvait pas voir dans ces phénomènes de transfert un cas particulier de comportements que l’on rencontre souvent notamment chez des adolescents et pour lesquels on pourrait trouver peut être des explications beaucoup plus simples que celles de Freud et ses disciples.
Nos instincts - une partie du “ça” de Freud - proviennent de la longue évolution depuis la préhistoire qui a sélectionné ceux qui avaient le plus de chance de survivre.
Le bébé homme comme ceux de la plupart des animaux, a besoin de sa mère pour survivre, de se l’approprier, qu’elle soit à son service exclusif, qu’elle le nourrisse et le protège : il a besoin de ressentir son amour à travers cet attachement. Il se sent plus rassuré si son père est là pour protéger et lui et sa mère, et puis quand il est plus grand pour jouer avec lui et finalement pour le jeune enfant la famille et son amour sont très important.
C’est un instint génétique : l’enfant et l’ado a besoin d’être aimé par ses parents et besoin de les aimer en retour.
Tous les jeunes que j’ai connus directement ou ceux avec lesquels j’ai correspondu, m’ont dit l’importance de cet attachement familial.
L’adolescent est surpris par le fait qu’il grandit et les transformations de la puberté, surtout les filles. Il veut sa liberté, pouvoir acquérir de l’expérience, mais il a aussi peur de cette liberté et la famille reste encore le refuge dont il a besoin, dont à la fois, il craint et il a envie de s’éloigner pour devenir adulte.
Alors si la famille chancelle et que les parents se séparent c’est un drame qui bouleverse et traumatise l’adolescent, qui parfois part à la dérive.
J’ai plusieurs exemples de jeunes adolescentes qui se sont “battues” avec leur père qui avait la responsabilité - d’après elles - de cette rupture et cet affrontement les a énormément stressées. Elles étaient alors en énorme déficit d’amour et d’affection, ne trouvaient pas un réconfort suffisant auprès de leur mère affectée par son divorce, et elles cherchaient désespérément une amitié sur laquelle elles puissent s’appuyer.
Certaines ont alors eu successivement plusieurs petits amis, choisis précipitament, auprès duquel elles espéraient trouver un réconfort et la tendresse qui leur manquait. et non comme l’auraient dit les disciples de Freud, en raison du complexe d’Oedipe et pour reporter sur ce petit ami le “désir” soit disant ressenti pour leur père.
D’autres ont eu un ami qui les a aidées et soutenues et toutes ont éprouvé pour cette personne une grande reconnaissance, et une très grande amitié renforcée, voire même de l’amour.
Certaines après une période de haine, ont retrouvé un jugement plus objectif et finalement se sont réconciliées avec leur père et je constate alors chez elles un attachement pour lui, bien plus profond, plus raisonné qui n’est pas un transfert, mais simplement l’assouvissement de ce besoin de tendresse et également la découverte par le jeune adulte du lien d’amour et de communauté d’éducation avec les parents, qu’il avait perdu pendant une longue période.
Je suis presque certain que les considérations sexuelles de Freud expliquent le tranfert vers le psychiatre. Le patient se confie à lui, et il se rend compte que celui ci l’aide et je pense qu’il est normal qu’une certaine reconnaissance et une certaine amitié naissent entre ces personnes. Qu’ensuite il soit parfois difficile de maintenir une simple amitié entre des adultes homme et femme et que cette amitié dérive vers une attirance physique ou un sentiment d’amour, c’est quelque chose de courant dans la vie, le plus souvent en dehors de toute cure psychanalytique.
Pour moi, le tranfert décrit par Freud n’est, comme le pensait Jung, qu’un cas particulier du rappochement de deux personnes qui ont des affinités communes et que la vie a rapprochées notamment parce que l’une a aidé l’autre.
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