• http://lancien.cowblog.fr/images/Artarchitecture2/Laliseuserepro244x300.jpg

        Je vais maintenant, après l’article hier sur la mémorisation, parler du rappel du souvenir stocké en mémoire.

        Le rappel d’un souvenir se fait sur ordre du patron, le cortex préfrontal. mais cela ne peut se faire que lorsqu’on est éveillé, car il faut que le cortex frontal (le chef), le cortex cingulaire antérieur (attention), l’hippocampe (aiguilleur de la mémoire) et le thalamus (coordonnateur des sensations), aient un fonctionnement et des relations normaux.
        Les neurones du thalamus oscillent par exemple à 40 hz environ si on est éveillé et à quelques hertz seulement quand on est endormi.
        Par contre des informations peuvent circuler dans le cerveau hors contrôle du cortex préfrontal lorsque l’on dort et je vous expliquerai alors le rapport avec les rêves.

        Je vais supposer qu’une personne, qui vient enfin d’emménager dans un deux pièces, est en train de décorer cet appartement, et son compagnon plante dans le mur un « clou X », pour accrocher une reproduction de la "liseuse" de Corot (l’image en tête de cet article). Le petit copain fait un faux mouvement sur son escabeau qui était mal déplié, et se tape sur les doigts avec le marteau, au lieu de taper sur le clou. Et, très charitablement, sa copine a beaucoup rit !!
        C’est tout de même un bon souvenir, celui du début de leur cohabitation amoureuse, et donc ce souvenir à connotation sentimentale, va être convenablement stocké, car il fait partie de cette
    « mémoire épisodique », qui est le journal de notre vie.
       Quelques temps après, cette personne discute avec une amie et veut lui raconter ce souvenir, qu’il faut donc qu’elle rappelle, pour en avoir conscience et pouvoir en parler.

        Donc le cortex frontal donne l’ordre à l’hippocampe de ramener le souvenir stocké en mémoire et de lui envoyer au plus vite par les synapses de connexion entre neurones.
        L’hippocampe va d’abord voir ce qui existe dans ses propres neurones, puis il va interroger des centres du cortex temporal.
        Il va trouver dans ces centres un  « squelette » du souvenir. Ce sera un peu comme  le catalogue de votre disque dur, qui vous donne les adresses des documents que vous cherchez pour que l’ordinateur puisse vous les trouver et les monter à l’écran.
        A partir de ce squelette il va reconstituer le souvenir, c’est à dire les adresses des neurones qui en détiennent les éléments, que ce soit sensations, émotions associées et langage.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/cerveaumemoire-copie-1.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/2590384.jpg

       Reprenons notre souvenir de bricolage décoratif. Que va chercher l’hippocampe comme adresses de groupes de neurones ?

        D’abord évidemment des images importantes : celle de la salle de séjour, du tableau de Corot, de son compagnon, de l’escabeau, du marteau et du clou.
        Ces images sont enchaînées dans le temps, de telle sorte que vous voyez presque un film du petit copain qui manque de tomber, fait un faux mouvement et se tape sur le doigt.
        Mais pour faire ce film, il faut reconstituer des gestes; alors on fait appel aux centres moteur du cortex pariétal (sur le dessus du crâne), qui va faire comme s’il se servait du marteau, et envoyer l’équivalent des ordres pour effectuer le geste de planter un clou, mais ce sera un ordre virtuel, sans transmission aux muscle : juste une représentation cérébrale interne.
        Et puis la jeune femme a ressenti des émotions : d’abord la peur que son copain ne tombe et se fasse mal : alors on va demander aux neurones des centres amygdaliens de reconstituer cette peur.
        Ensuite elle a ri : le rire intervient quand il y a décalage entre l’intention et le résultat de l’action. Ce sont des comparaisons entre les réflexions de prévision et logique du cortex préfrontal, les sensations qui constatent les résultats sur l’environnement et les émotions qui l’accompagnent qui déclenchent le rire. Le souvenir ne va pas recréer ce dialogue. Il se contentera d’en remonter les conséquences : la commande des muscles, la joie et la réaction du système de récompense et de sa dopamine.

        Mais dans notre éducation humaine, tout souvenir est langage : il a sa description littérale. Alors l’hippocampe va aller chercher des mots dans le centre de Geschwind : les neurones qui y sont associés sont connectés d’une part aux images correspondant au mot (par exemple le marteau), mais aussi à des connaissance de la mémoire sémantique : le marteau est fait pour taper sur un autre objet…. mais également à des caractéristiques de ce marteau particulier : connection avec les neurones du mot « manche », du mot »bois », du mot « tête » du marteau et du mot « acier », également de la couleur « jaune » du manche » et grise » de la tête. Et les neurones qui codent le mot « marteau » seront voisins de ceux qui codent d’autres instruments, tels qu’une pince, une scie…
    Notre mémoire est ainsi organisée.

        Mais un grand nombre de détails de la scène n’ont pas été mémorisés, ou l’ont été pendant un certain temps, puis, comme ils n’étaient pas importants n’étaient pas souvent rappelé, ils ont peu à peu disparu. Car il faut, pour qu’un souvenir reste que les liaisons privilégiées entre synapses restent renforcées et pour cela qu’on rappelle de temps à autre le souvenir pour que ces liaisons reprennent de la vigueur, faute de quoi, elles s’affaiblissent jusqu’à presque disparaître : c’est l’oubli.
        Le plus souvent ces morceaux de souvenir oubliés ne disparaissent pas complètement, mais restent enfouis dans l’inconscient.
        Par exemple dans notre exemple, la personne ne se rappelle plus que c’est parce que l’escabeau était mal ouvert que son compagnon a fait un  faux mouvement et s’est tapé sur un doigt.
        Mais il suffit parfois d’un mot d’une autre personne, d’une photo, qui servent de déclencheurs et nous rappellent certains souvenirs enfouis dans l’inconscient, qui remontent alors en mémoire.

        Un problème inverse est celui des événements qui nous ont marqués, émotionnellement et sentimentalement. Le cerveau émotionnel a alors fortement renforcé les connections correspondantes et ces souvenirs sont beaucoup plus permanents et ne s’effaceront que beaucoup moins vite. Dans certains cas, ils sont tellement forts qu’il hanteront notre mémoire, s’imposant à un retour à notre conscience, sans que le cortex préfrontal l’ait souhaité. C’est le cas notamment de souvenirs traumatisants : décès, accident, agression…
        A l’inverse, dans certains cas, le traumatisme est tel, que le souvenir est bloqué dans notre inconscient et nous ne pouvons ou nous ne voulons pas le rappeler. Pourtant un rappel nous soulagerait. C’est d’ailleurs dans ce cas que les traitements hypnotiques peuvent être très utiles.

        Maintenant que nous avons ces notions sur notre mémoire, nous pourrons dans l’article de demain, aborder le problème du rêve.

        Le schéma ci-dessous résume de façon très simplifiée, le processus de la mémorisation des sensations, quand on est éveillé, mais on n’a représenté que la vue parmi nos 5 sens et les images produites.

    Perceptions, mémorisation et rêves.(2).

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Perceptions, mémorisation et rêves.

         Mes correspondantes et correspondants sont surpris de ce que j'ai écrit en parlant des rêves qu’on ne rêve que lorsqu’on s’éveille, (même uniquement quelques secondes), alors qu’elles ou ils ont lu qu’on rêvait toute la nuit. En effet ce n'est pas incompatible : les rêves peuvent avoir lieu n'importe quand dans la nuit, mais lors d'un éveil, du moins les rêves conscients.
             Il faut donc que je donne des explications complémentaires, mais j’ai peur qu’elles ne soient pas claires, si je ne montre pas d’abord certains mécanisme de la mémorisation de nos perceptions.
        Je ferai donc trois articles, sur la mémorisation de nos perceptions, sur le rappel des souvenirs, puis sur les rêves.

        Je reprends un schéma que j’avais déjà publié des diverses mémoires.
        Dans cet article, je parlerai essentiellement des mémoires perceptive et épisodique.

    Perceptions, mémorisation et rêves.

    Perceptions, mémorisation et rêves.       Nos cinq sens réalisent de très nombreuses perceptions (environ 40 fois par seconde (quand nous sommes éveillés). Le thalamus les coordonne et les trie. La majorité de ces informations n’a une durée de vie que de quelques secondes, puis elles sont détruites.
        Certaines plus pertinentes, sont interprétées par des centres spécialisés, (comme celui de la vision à l'arrière du crâne), puis les informations sont stockées à court terme dans les aires associatives, qui lie les information des différents sens à un moment donné et éventuellement des éléments linguistique (le centre de Geschwind, qui est la mémoire lexicale des mots fait partie de ces aires associatives).
        Plusieurs centres interviennent alors : le cortex cingulaire antérieur, qui a un rôle important dans l’attention; les centres amygdaliens qui veillent sur notre sécurité, l’insula, qui intervient dans nos émotions, voire même les centres somatosensoriel et l’hypothalamus, s’il y a des sensations anormales concernant les états de notre corps.
        Ces centres vont aider le thalamus à juger de l’importance de la perception et si elle paraît avoir un rôle suffisant, le thalamus transmet au chef d’orchestre, le cortex préfrontal, qui réfléchit, anticipe, décide, coordonne.
        L’information peut non seulement comporter des sensations (notamment images), mais aussi une partie syntaxique, qui décrit le scène par le langage.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau3/memorisationeveil.jpg

        Le cortex frontal peut alors décider de garder l’information en mémoire (ce peut être une information ponctuelle, ou toute une scène complexe). Il oriente éventuellement les sens pour avoir des sensations complémentaires, car il peut avoir besoin de plus d’information pour prendre une décision. Puis il demande à l’hippocampe de faire mémoriser de façon plus sérieuse l’information ou  le souvenir en cause.
        S’il s’agit d’une information dont la nécessité est transitoire (où ai-je garé ma voiture), les neurones de l’hippocampe se chargent de la garder, jusqu’à ce que le cortex préfrontal lui dise qu’il n’en a plus besoin (j’ai repris ma voiture.). L’information s’efface alors peu à peu.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/circuitPapez.jpg.    Si le cortex préfrontal décide que c’est un souvenir à conserver à long terme, l’hippocampe va mettre à contribution les neurones du cortex temporal pour conserver une trace du souvenir en liaison avec les autres parties du cerveau.    Pour cela il faut renforcer les liaisons entre synapses  des neurones qui vont intervenir dans le rappel du souvenir (j’en parlerai demain).
        On pense que pendant la nuit, l’hippo-campe et le thalamus, jouent à la « pompe à souvenir », et font circuler toutes les données des souvenirs récent, qui ainsi   « tournent en rond » dans ce qu’on appelle le circuit de Papez (voir schéma ci-dessus).
        Les modifications intervenant au niveau des neurotransmetteurs renforcent les liaisons entre les synapses des neurones concernés, renforçant ainsi le souvenir par cette répétition.

        Un souvenir complexe est fait de très nombreuses données. Notre attention (cortex cingulaire notamment), peut ne pas être portée sur tous ces détails et certains ne sont peut être pas transmis au patron, le cortex préfrontal. Celui ci peut aussi négliger certaines informations qu’il ne juge pas importantes.
        Donc si l’on mémorise une scène, il est probable que de nombreux détails ne seront pas consolidés dans la mémoire à long terme et seront peu à peu détruits.
        Mais à l’inverse l’hippocampe fait un « paquet » des informations du souvenir, et donc va stocker ce paquet, y compris sans doute des informations sans intérêt.
        Ainsi si vous vous rappelez un après-midi à la plage, vous vous souviendrez des membres de votre famille présents, mais la présence d’un de vos voisins vous importait peu. Cependant son image a été stockée, mais elle ne sera pas rappelée par votre cortex préfrontal qui n’en n’a que faire : mais elle est dans votre inconscient.
        Si par contre on vous hypnotise, votre cortex préfrontal et votre cortex cingulaire antérieur ayant alors des activités très réduites, si on vous pose la question « votre voisin était il à la plage ce jour là », vous vous remémorerez alors sa présence. Enfin ce n'est pas certain que ce souvenir restera dans votre inconscient toute votre vie, car il est sans utilité.
        Par ailleurs il faut savoir que le souvenir sera composé non seulement de sensations, mais aussi « d’étiquettes », qui sont des mots associés aux objets ou actions, et finalement le souvenir s’accompagne d’une description par le langage.
        Le souvenir est accompagné aussi d’’une certaine datation dans le temps.

        Je décrirai demain comment se fait le rappel du souvenir, qui est une action extrêmement complexe dans le cerveau (mais qui peut s’expliquer simplement).

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    Qu'entendon nous en dormant ?

         J'ai déjà fait plusieurs articles sur le sommeil et les rêves, mais c'est un sujet qui provoque  toujours de nombreuses interrogations.
         Je me souviens de trois témoignages de jeunes, un peu inquiets de ce qui leur arrivait.
         Une correspondante me racontait, un  peu effrayée, qu’elle regardait la télé, mais fatiguée s’est endormie une quinzaine de minutes, et quand elle s’est réveillée et a repris la suite du film, elle se rappelait certaines paroles des acteurs dites pendant son sommeil. Est ce possible?
        Un autre correspondant, étudiant, me disait qu’il retient mieux ce qu’il a appris s’il dort ensuite, et qu’il a entendu dire que s’il écoutait de la musique pendant son sommeil, il retiendrait encore mieux ! Qu’en est il ?
        Une troisième correspondante m’a raconté autrefois qu’elle entendait des voix pendant son sommeil et que cela continuait lorsqu’elle se réveillait, et qu'elle était alors comme paralysée. Est ce anormal?
        Nous avons tous une façon de dormir qui nous est particulière, notre cerveau ne réagissant pas toujours de la même façon, selon les circonstances et par rapport à d’autres personnes. Cependant les propos ci-dessus ne sont pas mystérieux et il ne s’agit surtout pas de phénomènes paranormaux ou de manifestations de l’au delà.

         Entendre des voix pendant son sommeil est normal : c’est le rêve. Mais si vous lisez les articles que j’ai déjà fait à ce sujet, vous avez lu que le rêve est fait de tout ce que le cerveau évacue, comme sensations, de façon entièrement aléatoire, pour libérer le plus possible notre mémoire. Nous n’en n’avons pas conscience, sauf lorsque nous nous réveillons car la images, sons, senteurs et sensations de toucher ou de nos organes sont retransmises à nouveau au cortex préfrontal qui réfléchit. Mais comme il n’est pas encore complètement actif, il confond ces sensations internes désordonnées avec de vraies sensations externes et essaie de les expliquer rationnellement, ce qui est évidemment impossible. D’où les éléments irrationnels des rêves.
        Par ailleurs, pendant notre sommeil, notre cerveau inhibe les neurones qui commandent nos mouvements (sauf ceux des yeux).
        Or nous mettons plus ou moins de temps pour nous réveiller vraiment (pour que notre conscience soit active, c’est à dire que notre cortex frontal ait une activité normale).
    Ce temps peut être différent d’un jour à l’autre et d’une personne à l’autre.
        Donc si nous ne sommes pas tout à fait réveillés, nous croyons entendre les voix de nos rêves, comme si c’était quelqu’un d’extérieur qui parlait autour de nous.
        Et l’inhibition du mouvement de nos membres n’est pas encore levée et donc notre cortex frontal, qui se réveille, a l’impression d’une paralysie, qui va passer au fur et à mesure de l’arrivée de la conscience.
        Rien que de plus naturel dans ces manifestations !

        Retenir mieux après avoir dormi : oui cela a été démontré par beaucoup d’études ayant soumis des groupes à la même épreuve de mémorisation, puis avoir fait dormir les uns et veiller les autres. Ceux qui avaient dormi ont toujours eu de meilleurs scores, probablement parce que le sommeil d’une part élimine les souvenirs inutiles et d’autre part recycle ce qu’on doit mémoriser, augmentant ainsi la connexion entre neurones de mémorisation.
        Certaines de ces études semblent montrer de meilleurs scores lorsqu’on écoute de la musique douce en dormant, mais je reste assez sceptique sur ces résultats.

        Et on peut entendre des personnes extérieures pendant qu’on dort et même comprendre ce qu’elles disent.
        Une équipe française (mais je ne me rappelle plus laquelle), avait entraîné une vingtaine de personnes à appuyer sur un bouton de la main droite si on prononçait un nom d’animal, et sur un bouton de la main gauche s’il s’agissait d’un objet autre. On enregistrait par ailleurs leur cerveau en RMN pour voir quels étaient les neurones du cortex moteur qui fonctionnaient.
        On laissait s’endormir les patients et on leur faisait à nouveau entendre des noms d’objets et d’animaux, pendant leur sommeil? Certes leurs membres, inhibés par le sommeil ne bougeaient pas, mais les mêmes centres du cerveau étaient activés, notamment ceux qui préparent nos mouvements avant de les exécuter, comme s’ils voulaient commander la main droite ou gauche, et cela à bon escient.
        Donc non seulement les patients endormis avaient entendus les noms, mais en avaient compris le sens et différencié les animaux des autres objets.
        Il n’est donc pas impossible que ma correspondante ait retenu quelques répliques du film, pendant lequel elle s’était endormie.
     
     

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •     J’ai souvent parlé de la peur et des réactions de notre cerveau, et notamment des centres amygdaliens, qui sont à l’origine de ces peurs.
        En fait c’est une réaction biologique salutaire, qui mobilise notre attention et notre énergie, face à un danger. Elle évite des situations risquées, et dans le cas de danger effectif, elle permet de se défendre au mieux ou de fuir.
        Certaines réactions qui ont sauvé la vie des hommes dans la préhistoire, telle la peur des serpents ou des grosses araignées, ou de certaines bêtes sauvages, restent ancrées dans le cerveau de certains d’entre nous, alors que ces dangers n’existent guère plus dans les conditions normales de vie, et que ces animaux sont bien moins dangereux qu’une automobile.
        Mais il existe des peurs spontanées qui peuvent tout à coup nous submerger alors qu’aucun danger n’est présent, et pour des raisons inconscientes que nous n’analysons pas. En général nous arrivons à surmonter ces situations par le raisonnement, en arrivant à nous persuader que le danger est effectivement imaginaire et n’existe pas, et que donc nous n’avons rien à craindre.
        Certaines viennent de croyances erronées : fantômes, prédictions, (rappelez vous l’an 2000), phénomènes paranormaux, craintes dues à des connaissances erronées sur un sujet…
        D’autres peurs ont leur origine dans un traumatisme que l’on a tendance à revivre ou à craindre de revivre. Accident, attentat, viol, témoin d’une mort ou d’une épidémie…
    Il est très difficile de se défaire de ces traumatisme et de leur séquelle, car ils sont ancrés dans notre mémoire, qui a tendance à faire resurgir les souvenirs, que nous essayons au contraire de bloquer dans notre inconscient.
        Des problèmes de neuromédiateurs sont à l’origine de ces manifestations, (notamment l’acétylcholine qui active les centres amygdaliens, et les thérapies qui existent  consistent le plus souvent à faire remonter à la surface les souvenirs, mais dans des conditions particulières, pour en atténuer peu à peu les effets et les faire accepter. Certaines actions physiques peuvent aussi agir sur l’action des neuromédiateurs, comme par exemple dans l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing ), où l’on accompagne la thérapie d’action sur les mouvements des yeux, et dans laquelle la baisse de la charge émotionnelle permet au cortex frontal de reprendre peu à peu les commandes.

        Plus mystérieuses sont les peurs phobies qui interviennent dans la vie de tous les jours et sont à l’origine d’anxiété, voire d’une véritable infirmité.
        A coté de la peur très répandue de grossir et qui résulte d’une aversion de son corps due à des raisons autres très diverses, j’ai discuté avec des personnes qui paniquaient si elles étaient enfermées dans un ascenseur, ne pouvaient voyager en avion, ne pouvaient se trouver au milieu d’une foule ou même dans un amphithéâtre de fac ou cinéma bondé, ne pouvaient aller sur un balcon ou monter sur une échelle…..
        Je ne parle pas de la personne extrêmement pessimiste, qui a peur de tout, (les gaulois avaient bien peur que le ciel ne leur tombe sur la tête), mais de celles pour lesquelles il s’agit d’une vraie panique, qui les paralyse, induit accélération du coeur, sueurs froides, tremblements, voire évanouissements.
        Souvent ces malaises ont une raison physiologique, en particulier hormonale et des soins médicaux qui ramènent à la normale atténuent peu à peu ces phobies, mais il arrive aussi qu’elles aient uniquement une origine psychologique et que c’est cette panique qui cause les problèmes physiologiques.
       
        Alors que faire ?

        La première action est d’essayer de faire raisonner la personne : essayer de savoir ce que craint exactement la personne, et ce n’est pas facile car le plus souvent cela reste très flou. Ensuite il faut savoir pourquoi cette peur; un événement est il à son origine.
       
        On peut ensuite essayer de raisonner  de façon logique : la cause de cette peur est elle réelle, les circonstances existent elles souvent ou jamais;il faut se confronter à la réalité, voir quels sont les risques réels, leur probabilité.
        Bref au lieu de dire « je vais m’évanouir », orienter l’esprit vers un raisonnement une réflexion. On peut ainsi faire des progrès, avoir de moins en moins peur et prendre conscience qu’on peut vaincre cette phobie.

        Mais le raisonnement ne fonctionne pas toujours. L’amygdale est trop excitée et le corps également pour ne pas réagir. Il faut donc le calmer et toutes les formes de relaxation sont bénéfiques. Une technique à manier avec précaution est de respirer pendant quelques dizaines de seconde dans un sac en plastique (que l’on peut enlever facilement) : l’équilibre entre oxygène et dioxyde de carbone dans le sang redevient normal et calme l’excitation qui mène à la panique.
       
        En fait l’anxiété vient en partie de la peur d’avoir peur, et des séquelles que cela entraîne, beaucoup plus que de la situation concrète qui engendre la peur !!  C’esyt en quelque sorte comme la peur de la douleur, qui vous rend beaucoup plus sensible à une douleur bénigne. Redouter qu’une crise survienne augmente la probabilité qu’elle arrive !
        Il faut essayer d’aider la personne à accepter cette peur, à lui montrer que la crise n’est pas certaine et qu’elle l’est moins si elle ne la craint pas. Et il faut apprendre à accepter cette peur sans réagir.
        On peut en particulier gérer sa peur en se distrayant, mais c’est d’une protée limitée.

        La peur de subir la panique suffisant donc à déclencher la crise, une personne évite donc une situation ou un objet à cause de ces craintes de malaise. Une solution consiste à traiter le mal par le mal et à confronter la personne à cette peur. C’est une démarche qui exige beaucoup de volonté, mais qui renforce l’estime de soi.
        Il faut évidemment accompagner la personne, l’aider, qu’elle se sente entourée. Les meilleurs aides sont l’être aimé, les amis, la famille. C’est difficile à faire à distance (par exemple sur internet); il faut être présent réellement à ses cotés, la « prendre par le main ».
        On peut se confronter progressivement à des situations de lus en plus difficile, mais le meilleurs résultat est souvent de se confronter à une situation maximale si on arrive à la supporter. Mais on est amené à répéter souvent ces exercices, et les progrès se font peu à peu, pour arriver à surmonter sa peur.
       
        Surtout il ne faut jamais se moquer des personnes qui paniquent ainsi, car leur souffrance est très réelle et c’est beaucoup moins facile que l’on ne croit de les aider.
        Mais par contre si elles arrivent à surmonter leur handicap, elles en sortent grandies et beaucoup plus sûres d’elles mêmes.

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    http://lancien.cowblog.fr/images/Images2-1/Unknown-copie-11.jpg

        J’ai déjà fait plusieurs articles sur le rêve, notamment du 9, 10, 11 et 12/04/2018
        Je vais en reprendre quelques explication avant de vous parler d’un phénomène bizarre et encore inexpliqué.

        Toute la journée, nos sens et principalement notre vue, accumulent toutes les secondes, des sensations inconscientes, sur lesquelles notre attention n’a pas été attirée parce que les centres d’interprétation,  leur coordinateur le thalamus, et le cerveau émotionnel, notamment les centres amygdaliens, jugeaient inutile de transmettre l’information au cortex frontal, notre chef d’orchestre et siège de la pensée.
        Mais ces données restent en mémoire plus ou moins longtemps, de quelques secondes ou minutes à quelques jours, au cas où elles pourraient être utiles.
         Le cerveau a des souvenirs conservés mais sans grande importance, ou qui font double emploi ou sont trop nombreux. Ils correspondent à des liaisons entre groupes de neurones peu renforcées, que le cerveau va essayer d’affaiblir encore ou de faire disparaître pendant le sommeil.
        De même le cerveau cherche à éliminer des souvenirs qu’il juge néfastes ayant trait à des sensations ou préoccupations présentes consciemment, voire inconsciemment au moment de s’endormir.
          Nous avons en outre des préoccupations et problèmes conscients ou inconscients qui sont lancinants. Les connexions entre groupes de neurones sont alors fortes et le cerveau revient assez souvent de façon inconsciente sur ces souvenirs ou sujets de préoccupations. C’est le cas notamment de souvenirs traumatiques (décès accidents, agressions…) et le cerveau cherche donc, pour nous protéger à affaiblir ces connexions, en les rappelant inconsciemment en mémoire pendant le sommeil (s’il le peut, mais il peut y avoir blocage), et en les enregistrant à nouveau de façon affaiblie.

        Le cerveau rappelle donc toutes ces informations pendant le sommeil pour les éliminer ou les affaiblir, mais ce faisant les souvenirs correspondants excitent les centres responsables des sensations (vue, ouïe, odorat, toucher, goût, kinesthésie), comme si nous étions éveillés, mais ce ne sont pas nos sens qui envoient des informations externes, mais le cerveau qui y envoie des données en mémoire.
        Toutefois, durant le sommeil un blocage intervient sur tous nos muscles, de telle sorte que nos membres ne peuvent pas agir en fonction du souvenir correspondant.
    Seuls des mouvements oculaires sont fréquents et parfois quelques réactions (par exemple on se retourne dans le lit), mais alors il se produit un réveil de quelques secondes..


        Tant que l’on dort, ces perceptions et sensations qui remontent vers les centres d’interprétation des sensations de façon aléatoire et en se mélangeant, ne sont jamais conscientes et sont donc ignorées.
        Si l’on se réveille, ne serait ce que pendant une seconde lors d’un «micro-réveil», alors que le cortex frontal commence à fonctionner mais que toutes les fonctions de critique et  de raisonnement logique ne sont pas encore actives, certaines de ces perceptions sont transmises aux cortex frontal et préfrontal et ceux ci les prennent pour des perceptions réelles, venues de l’extérieur, alors qu’elles sont purement internes.

        Ils vont donc chercher à en trouver des explications cohérentes de ces informations incohérentes et qui n’ont pas de lien entre elles.
        Ils “inventent” donc en partie ces explications et c’est normal qu’elles soient incohérentes et farfelues, puisqu’ils veulent faire une histoire réelle de ce qui n’est qu’une succession de données aléatoires de notre mémoire, sans lien logique.
        Et on n’a pas conscience du rêve au moment où il a lieu mais on se rappelle en partie sa teneur quand on est totalement réveillé.
        Les rêves n’ont donc contrairement à ce que croient certaines personnes, aucune valeur prédictive et aucune symbolique d’interprétation.
        Mais évidemment il y a des personnes crédules et des charlatans qui les exploitent. Et une correspondante m’a même parlé d’un  psy, qui considérait que les abeilles dans un  rêve étaient le symbole d’un pénis !! Il devait être obsédé !

        Il y a quand même des choses assez extraordinaires et que l’on ne sait pas encore bien expliquer. C’est déjà le cas du somnambulisme, dans lequel le blocage des membres pendant le sommeil n’existe plus, et où les centres d’interprétation des sens reçoivent et traitent les signaux venus de l’extérieur, bien qu’on soit endormi.
        Mais il y a mieux chez quelques rares personnes : elles peuvent avoir une action sur le déroulement de leur rêve : on les appelle des « rêveurs lucides ». En fait contrairement aux autres personnes, leur cortex prend conscience de ce qui se passe dans le rêve pendant le micro-réveil.

        Des neuro-scientifiques de l’institut Max Planck ont réussi à observer six rêveurs lucides et avaient convenu avec eux, alors qu’ils étaient éveillés, ils ouvriraient la main dans leur rêve, puis la fermeraient. Par ailleurs ils devaient indiquer le moment de cette action rêvée, par des mouvements des yeux de gauche à droite et de droite à gauche, renouvelés plusieurs fois (les muscles des yeux étant les seuls qui ne soient pas bloqués pendant le sommeil).
        Au moment où Ie rêveur a remué les yeux, les chercheurs ont vu s’activer les zones du cerveau qui commandent les mouvements de Ia main, et les sensations perçues au niveau de la main. C'était donc la preuve que le sujet était en train de rêver qu'il ouvrait et fermait sa main. La zone du cerveau qui s’active sur le dessus du crâne, est la même que lorsqu’on bouge réellement la main, mais la zone activée est plus réduite.
        Il est probable aussi que ces personnes ont un cortex frontal qui s’active un peu plus vite au moment du réveil mais on n’a pas pu le constater.
    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique