• Connaissez vous la méthode "IDEAL" ?

              La méthode "IDEAL"est l'énoncé de six règles pour résoudre des problèmes et mener au mieux ses apprentissages. Elle a été inventée par les psychologues américains Bransford et Stein, il y a 30 ans, mais on s'aperçoit aujourd'hui, qu'elle correspond à des modes de fonctionnement du cerveau.

              Les six règles sont les suivantes :

                   1. ) - Identify :  d’abord identifier le problème, c’est-à-dire ce qui ne va pas, ce qui ne marche pas et que l’on souhaite changer.

                   2.) - Define : définir un objectif qui, une fois atteint, ferait que ce problème soit résolu.

                   3.) - Explore :  envisager et imaginer plusieurs manières d’atteindre l’objectif que l'on s'est fixé.

                   4.) - Anticipate : parcourir mentalement chacun des chemins qui viennent d’être imaginés afin d’anticiper d’éventuels problèmes et de choisir le meilleur.

                   5.) - Act :  suivant la voie tracée jusqu’à atteindre – ou non – l’objectif.

                   6.) - Look back and learn :  comparer le scénario qui avait été anticipé à ce qui s’est vraiment déroulé. Il faut agir "en spectateur" impartial et constater tout ce qui n’avait pas été bien prévur et qui ne s'est pas passé au mieux, afin de mieux faire la prochaine fois.

              Cette méthode ressemble au comportement des neurones de nos cellules de lieu et cellules de grille, d'orientation et de vitesse, qui constituent le GPS de notre cerveau (voir mes article sc des 7 et 8/11/2016; catégorie "cerveau, nos 5 sens").
             Je rappellerai seulement que l'activation successive des groupes de neurones permet de savoir où l'on est, de représenter une trajectoire et de repérer la distance des obstacles en bordure de son parcours.
            Lorsque l'on fait parcourir un labyrinthe à un rat et que l'ayant déjà parcouru, il hésite et s'arrête à un carrefour pour réfléchir, ses neurones des cellules de lieux et de grilles s'activent et anticipent, en parcourant des chemins éventuels mémorisés à l'envers, à partir de la nourriture jusqu'au carrefour, et en indiquant ensuite, quel parcours est le bon.

              Quand vous voulez résoudre un problème et que vous avez fixé un objectif, les neurones du cortex préfrontal et de l'hippocampe, vont chercher en mémoire (ou sur internet) de la documentation et des éléments de solution au problème et son système de récompense lui enverra un signal de satisfaction s'il pense avoir trouvé une solution valable et pour la vérifier, ses neurones reparcourent à l’envers le chemin qui l’a conduit jusque-là et mémorisent ainsi l'enchainement d'idées.

           La méthode IDEAL est simple à appliquer, mais il ne faut pas s'arrêter à la première solution imaginée, mais envisager plusieurs voies possibles vers la solution et de les parcourir mentalement avant de se lancer vraiment, puis de prendre un petit temps pour évaluer ce qu’on a fait, et la qualité de son anticipation
             

     

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  •             J’ai lu dans la revue « Pour la Science », un article qui m’a passionné, car il faisait état de recherches sur le cerveau dont je n’avais jamais entendu parler, et qui font état de relations étonnantes entre les cerveaux de personnes qui discutent et communiquent.
             Ces études ont été menées sur des souris, des chauves-souris et les humains.

             La revue décrit le laboratoire de Michael Yartsev de l’université de Californie, à Berkeley, et son collègue Wujie Zhang, et c’est assez savoureux.
             300 chauves-souris logent dans deux chambres du rez de chaussée, l’une pour les mâles, l’autre pour les femelles, peintes en noir. Des grillages et des filets sont fixés au plafond, pour permettre aux animaux de se suspendre et également pour y suspendre de la nourriture.
            Au bout du couloir qui sépare les chambres des colonies, se trouve une grande « salle de vol » où se déroulent les expériences et où l’on transporte le chauves-souris.
            Il faut suivre la localisation, le comportement et l’activité cérébrale des animaux, depuis une salle de contrôle voisine. La salle de vol est équipée de 16 caméras et de plusieurs antennes. Des micros sont suspendus au cou de chaque animal.
           L’activité cérébrale est surveillée séparément par des électrodes qui enregistrent des données provenant de diverses régions du cerveau et les transmettent à de minuscules enregistreurs légers, fixés à la tête de chaque chauve-souris, pendant 100 minutes.. Une fois l’expérience terminée, les informations de chaque enregistreur sont téléchargées et analysées. 

            Les scientifiques ont analysé un spectrogramme de toutes les ondes cérébrales .
           Les comportements actifs correspondent plutôt aux fréquences hautes (30/150 Hz), alors que le repos correspond aux fréquences basses (1 à 30 Hz)
           Chaque fois que les chauves-souris intervenaient socialement entre elles, leurs ondes cérébrales se synchronisaient. Lorsqu’une chauve-souris émet un appel, cela induit un couplage cérébral collectif parmi tous les congénères qui écoutent.
             Les corrélations augmentent au fur et à mesure que les animaux inter-agissent, et l’augmentation de la synchronisation entre les cerveaux précède l’augmentation de l’interaction sociale., comme si chaque interaction résultait de décisions, et que la synchronisation facilitait l’interaction.
            Le schéma ci-dessous, issu de la revue « Pour la Science » illustre la synchronisation chez les chauves souris

    Lorsque nous communiquons, nos cerveaux se synchronisent.

             Weizhe Hong. chercheur de l’université de Californie, a étudié la synchronisation des ondes cérébrales sur des souris, en essayant de localiser son action à certains neurones et en mesurant les changements de fluorescence liée à la concentration des ions calciques à l’intérieur de cellules suite à l’injection d’un marqueur.
           Il a identifié trois types de neurones qui se synchronisaient :
                  - les neurones miroirs qui, lorsqu’on regarde une action sont activés de façon identique à si l’on faisait l’action soi-même.
                 - les neurones « soi », qui encodent ses propres comportements.
                - les neurones « autres », qui encodent les comportements des autres. Des neurones particuliers sont affectés à chaque individu.
            Les niveaux de synchronisation étaient plus élevés entre les souris dont le statut social était plus éloigné – une dominante et une soumise – et plus faibles entre les souris dont le rang était plus proche. 

             Qu’en est il chez les humains ?

             Le phénomène est analogue : lorsque des personnes conversent ou partagent une expérience, leurs ondes cérébrales se synchronisent. Les neurones situés dans les zones correspondantes de leurs cerveaux respectifs, déchargent en même temps et avec des formes d’ondes analogues.
           Les zones auditives et visuelles réagissent de la même manière aux formes, aux sons et aux mouvements, tandis que les zones cérébrales d’ordre supérieur semblent se comporter de façon similaire lors de tâches plus difficiles,
            Les études des fréquences, de l’évolution dans le temps et dans les diverses zones du cerveau, semble montrer que cette synchronisation est plus qu’une réaction communes à des perceptions, mais qu’elle prépare le individus à l’interaction qu’elle précède.
           Les chercheurs pensent que les expériences en synchronie étant souvent agréables, le phénomène serait donc bénéfique et nous aiderait à interagir et pourrait avoir facilité l’évolution de la socialité.
           Cela pourrait aussi expliquer pourquoi nous ne parvenons pas toujours à nous entendre avec quelqu’un ou pourquoi l’isolement social est préjudiciable à la santé physique et mentale. 

           Le schéma ci-dessous, emprunté à « Pour la Science », explicite le phénomène :

    Lorsque nous communiquons, nos cerveaux se synchronisent.

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  • Création d'automatismes dans le cerveau.



        Hier, nous avons parlé des diverses sortes de mémoire et notamment des mémoires procédurales.
        Aujourd’hui je voudrais expliquer comment une procédure se met en place sur ces mémoires.

        Je vais examiner plusieurs cas particuliers :
            - comment l’enfant apprend à marcher.
            - comment vous apprenez à conduire une automobile.
            - comment apprendre à taper un texte sur un clavier d’ordinateur.
            - comment intervient la peur d’un serpent.

    Apprendre à marcher.

        L’enfant se met debout et dès qu’il n’est pas sur ses deux pieds et quitte l’appui d’un fauteuil, il tombe.
        Le système de récompense n’émet pas de dopamine et le cerveau n’est pas content. Le cortex préfrontal demande donc de réessayer.
        L’enfant n’est pas très conscient des gestes qu’il faut faire. Le cortex préfrontal et le cervelet unissent leurs efforts pour donner des ordres aux jambes et au reste du corps pour répartir le poids. Bébé fait deux pas avant de tomber et il récolte un peu de dopamine. C’est un progrès et le cortex préfrontal est content !
        Papa ou Maman donnent la main, l’équilibre est mieux assuré et alors les centres amygdaliens disent au cortex préfrontal que c’est plus sûr et celui ci décide de faire autant de pas que possible.
        Bébé est à nouveau accroché à son fauteuil, mais maman à deux mètres lui tend les bras. Alors le cortex préfrontal, qui se rappelle l’appui sur la main, se dit qu’il faut aller voir maman et bébé fait ses premiers pas seul, avant de s’écrouler dans ses bras. Encore un succès et de la dopamine : les centres d’apprentissage font leur travail.
        Pendant tous ces essais le cervelet a codifié les gestes, les réglages qui ont entraîné la réussite : il mesure les signaux venus du « gyroscope » qu’est notre oreille interne (renseignements indispensables à l’équilibre), les informations visuelles, la tension des muscles, la position des jambes et des bras, les ordres donnée et les gestes accomplis, les sensations sous les pieds ….
        Alors à chaque essai il va faire mieux et peu à peule cortex préfrontal se désintéresse de l’affaire. Le cervelet se débrouille seul. Bébé, encore un peu titubant, sait marcher, voire même courirl.

    Conduire une automobile.

        Là c’est plus compliqué. Ce n’est pas qu’une question de commande des membres et de l’équilibre, en quelque sorte physiologique.
        Le cerveau n’est plus celui d’un bébé, il a appris à apprendre et cela à partir du langage. Alors on commence par écouter le moniteur qui explique comment fonctionne le moteur, l’embrayage, le frein et le volant. C’est le cortex préfrontal qui comprend et, avec l’aide de l’hippocampe, met ces notions en mémoire.
        L’exercice physique commence : il s’agit de maîtriser accélérateur et embrayage, puis changement de vitesse. Le volant aussi, mais c’est plus facile.
        Là c’est comme pour bébé : centres d’apprentissage, dopamine, essais. Mais au début, le cortex préfrontal intervient beaucoup plus, parce qu’on réfléchit, on se rappelle ce que le moniteur a expliqué, on se force à embrayer très doucement….
        Le cervelet coopère et peu à peu il prend la main, on commence à manier accélérateur et embrayage sans réfléchir et même presque inconsciemment.
        Maintenant on ne reste plus dans une rue déserte, on part sur la route avec d’autres voitures.
        L’apprentissage maintenant cela va être celui de la vue, d’apprécier la direction, la vitesse des autres véhicules, le danger de les cogner et celui de prendre les bonnes décisions.
        Le processus cérébral est lent et on va tout doucement. Mais peu à peu, grâce au cortex préfrontal qui dirige et aux centres d’apprentissage et leur dopamine, le cervelet apprend peu à peu et se substitue pour toute l’observation, mais il remonte encore les informations au cortex préfrontal qui décide de l’action.
        Puis le cervelet apprend à décider et vous avez l’impression de tout observer et conduire autour de vous sans vraiment faire très attention car le cervelet n’appelle plus  le cortex préfrontal que lorsqu’il rencontre une situation qu’il ne connaît pas.
        Le cortex préfrontal a alors deux tâches : regarder devant lui,et prévoir ce qui pourrait ou va se passer, pour donner à temps des ordres au cervelet ou même reprendre la main volontairement. Il se concentre par ailleurs sur l’itinéraire à suivre et donne les ordres correspondants. Mais là encore le cervelet apprend et connaît par exemple, la route de votre travail que vous prenez tous les matins. Et le week-end, si vous partez en voiture en discutant avec votre passager et ne faites pas assez attention, vous vous retrouvez sur cette route au lieu d’aller vers une autre destination.

    Taper sur un clavier.
       
        C’est particulier car vous avez déjà appris à lire et à écrire et non pas en épelant les lettres, mais en apprenant à déchiffrer des syllabes, des phonèmes, puis des mots entiers (et même si vous aviez appris la lecture rapide, des groupes de mots.
        Quand vous écrivez à la main, vous avez appris à écrire non des lettres mais des mots (d’ailleurs les lettres sont liées entre elles).
        Alors l’ennui c’est que l’automatisme c’est celui là, et ce n’est pas adapté à votre clavier, qui lui écrit lettre par lettre.
        Il va donc falloir inhiber l’automatisme du cervelet pour le replacer par un autre, lorsque vous allez utiliser votre clavier.
        Connaissant les mécanismes cérébraux, je me suis observé quand j’ai appris à taper sur mon ordinateur, et j’ai observé que je ne pensias plus à l’avance les mots que je voulais écrire, le cervelet faisant le nécessaire pour écrire le mot à la main, mais que j’épelais les mots pour que je puisse ensuite taper les lettres. ma pensée était donc ralentie, puisque mon cortex préfrontal devait intervenir en permanence pour penser à ce que j’allais dire, puis épeler chaque mot.
        J’ai quand même gagné un peu en vitesse, et je me suis aperçu que mon cervelet se débrouillait maintenant seul pour des mots courants de deux ou trois lettres et qu’il savait les épeler. J’avais aussi un peu pris l’habitude de la position des lettres sur le clavier.
        Et puis au bout de plusieurs mois, tout à coup, en quinze jours ma vitesse de frappe a quadruplé tout à coup et je n’épelais plus. Mon cervelet le faisait à la place de mon cortex préfrontal et donc je n’en n’étais plus conscient.

        Par contre je faisais de temps en temps, des fautes de frappe, notamment l’inversion de deux lettres !


    Avoir peur d’un serpent.

        Quand nous voyons quelque chose que nous ne connaissons pas, nos centres amygdaliens, qui sont là pour nous protéger, nous empêchent de faire des bêtises, d’abord en inhibant nos gestes et en préparant la fuite ou une réaction de défense, puis en avertissant le cortex préfrontal du danger possible.
        A  fortiori évidemment si nos parents ou une autre personne nous ont dit que c’était dangereux, ou si notre expérience nous l’a enseigné.
        C’est donc là encore un automatisme très rapide que l’évolution a mis en plase dans notre cerveau pour nous protéger.
        Mais cela peut nous jouer des tours, car des peurs d’enfant peuvent devenir ainsi des réflexes automatique, et les centres amygdaliens faisant partie du cerveau émotionnel, celui-ci peut amplifier le phénomène.
        Et nous pouvons ainsi avoir dans notre mémoire implicite, une procédure automatique de peur d’une petite souris bien inoffensive et il faut alors que notre cortex préfrontal intervienne pour nous calmer face à la gentille petite bête.
       
    http://lancien.cowblog.fr/images/Animaux5/mulotsylvestreparmc2009-copie-1.jpg

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  •          J'ai lu un numéro de la revue "Cerveau et Psycho", presque uniquement consacrée aux "3000 premiers jours du développement de l'enfant."
             Je voudrais en tirer ce qui m'a frappé, cela en quelques articles.

             Le développement de l'enfant coïncide forcément avec le développement de son cerveau. Ce sera encore le cas par la suite, adolescent ou adulte, mais à moindre titre.
             La formation des neurones et de leurs synapses commence entre la 6ème semaine et la 8ème de la gestation mais devient vraiment importante à partir de la 20ème semaine. Mais l'enfant en naissant a un cerveau qui lui permet surtout de vivre, mais il possède un pouvoir de développement énorme, et le développement du cerveau "pensant" va être très important jusqu'à 7 an : des neurones et surtout des synapses vont être créées pour permettre les divers apprentissages; des neurones et des synapses peu utilisées vont au contraire disparaître.
             Certes l'apprentissage pourra continuer toute la vie, mais se ralentira et deviendra plus difficile avec l'âge, le nombre de nos neurones décroissant alors après 25 ans. Le cerveau d'un enfant est en volume, environ les 2/3 d celui d'un adulte et atteint sa taille définitive vers 12 ans, mais il poursuivra ensuite sa maturation toute la vie en créant et éliminant des synapses..
             Le cerveau se restructure donc en continu et on dit que le cerveau est "plastique", car il peut ainsi modifier ses connexions au fur et à mesure d'apprentissages. Cette plasticité est maximale avant 7 ans
           On tendance à exagérer le rôle de l'hérédité et à l'origine, le potentiel de dévelop-pement des cerveaux est voisin. L'influence de l'éducation au sein de la famille, puis des enseignants et celle de l'environnement et des aléas de la vie sont primordiaux et ce sont eux qui conditionnent le plus le devenir de l'enfant.
             A l'inverse on n'attache pas assez d'importance à ces 6 à 7 premières années, car la maturation de certaines parties du cerveau se font durant cette période et l'apprentissage est ensuite plus difficile, voire impossible.
              Par exemple un enfant né avec une malformation qui le rend sourd, ne pourra entendre ce qu'on lui dit que s'il est appareillé avant 3 ans, son centre d'interprétation auditif étant ensuite arrivé à maturation.
              Apprendre plusieurs langues avant 3 ans est facile et naturel, alors qu'ensuite cela est plus difficile et en général avec de moins bonnes intonations. En effet avant 3 ans les mots de différentes langues, de même signification, concernent des groupes voisins de neurones, alors qu'ensuite les  neurones actifs seront groupés par langue. 
              A coté de l'hérédité l'épigénétique peut jouer un rôle important : l'impact du stress parental, de certains traumatismes, des conditions de vie défavorables (stress, , malnutrition, maltraitance, adversité ...), peuvent avoir des conséquences graves sur le développement de l'enfant. 

               Le foetus commence son apprentissage in utero. less sensations du toucher existent à partir de la 12ème semaine, l'olfaction et le goût à la 25ème, l'enfant entend à partir de la 28ème et s'habitue à des bruits familiers et reconnait ensuite la voix de sa mère. La vision commence à apparaître juste avant la naissance. Le développement des centres moteurs permettent au foetus de bouger. Et dès la naissance il différencie les informations de son propre corps et notamment la somesthésie : si c'est sa main qui touche son visage ou une main étrangère

              On a tendance à croire que le développement de l'enfant va se faire par paliers successifs, du plus simple au plus complexe. Ce n'est pas le cas.
              Le développement touche en effet des domaines très divers : sensoriel, moteur, cognitif, langage, etc... et il peut y avoir interférence entre les domaines. La progression dans un domaine peut s'arrêter parce qu'elle se fait dans un autre domaine, il peut même y avoir en apparence regression si la progression future exige une réorganisation importante de certains centres.
              Le rythme d'évolution peut donc être différent d'un enfant à l'autre, en fonction de l'évolution de son cerveau, mais aussi des stimulations externes de son environnement et de ceux qui l'entourent.

              J'ai déjà fait un article sur les capacités extraordinaires d'un bébé (24/10/2016).      
              Il possède une notion de nombre basée sur al longueur de la file d'objets, son cervelet fait des statistiques pour déterminer la position probable de l'objet qu'il veut prendre. Il a conscience de la permanence d'un objet. Il utilise peu à peu, dans ses babillages, la prosodie de la langue.
              Puis il repère la position des mots dans les phrases, différencie la position de groupes de mots, essaie de deviner ce que lui disent le personnes, puis il apprend peu peu le sens de mots.  Entre 2 et 3 ans l'enfant apprend de façon intuitive la grammaire; il différencie noms, verbes adjectifs, le singulier et le pluriel et sa mémoire retient peu à peu des utilisations habituelles : genre, pluriel, conjugaisons, bien avant que cette grammaire lui soit apprise.

              Une chose est essentielle pour le bébé : l'amour et l'attachement. Son besoin premier est la recherche de proximité et de protection. A l'origine, c'est sa mère ou la personne qui les soigne, mais vers 2 ans, cette relation se multiplie au sein de la famille. Mais dès six mois le bébé va faire des expériences sociales et sa mémoire rassemble les souvenirs concernant les diverses personnes avec lesquelles il a des contacts. Les interactions qu'il peut avoir sont donc d'une grande importance pour son développement.

         La troisième année est très importante, car c'est celle de l'acquisition du langage, de la réorganisation du stockage lexical, le développement des concepts de temps, d'espace, de quantité, des images mentales et de symboles abstraits.

         L'enfant se rend compte que l'autre ne pense pas comme lui, n'a pas forcément les mêmes désirs, les mêmes intentions. il essaie d'interpréter les mimiques d'autrui et commence à apprendre ce qu'on appelle du nom barbare de "théorie de l'esprit", c'est à dire comprendre quelle est la pensée d'autrui.

              En définitive, l'enfant ne cesse d'apprendre dans tous les domaines : sensoriel, moteur, connaissance de son environnement, cognitif, affectif et social et langage. Tous ces apprentissages modifient la structure et l'architecture de son cerveau, qui s'adapte sans cesse aux expériences quotidiennes.
             Bien entendu la sécurité physique et mentale de l'enfant, l'affection de son entourage sont indispensables, mais elles ne sont pas suffisantes.
             L'enfant a besoin qu'on l'aide en permanence à acquérir ces apprentissages, en lui fournissant des occasions d'être actif et de résoudre des problèmes, dans le domaine des sensations d'abord, puis de la manipulation des objets, de ses progrès moteurs, les jeux et les langues qu'on lui parle, de la découverte du monde lorsqu'il sait marcher, les promenades où l'on découvre la nature, les animaux les autres enfants, puis d'autres adultes, les émotions et l'empathie qu'il va découvrir.

            Mais une difficulté laquelle on se heurte et que j'ai moi-même éprouvée avec mes enfants puis petits enfants, c'est que le monde évolue, ainsi que les conditions de vie et les techniques. Ce qu'on a connu soi-même étant enfant n'est plus valable et il faut donc réinventer les apprentissages dans le monde d'aujourd'hui.
            Et, du fait de la transformation du cerveau qu'entrainent ces apprentissages, des connaissances élémentaires sur la psychologie et le cerveau de l'enfant sont un outil important pour mieux l'accompagner dans son évolution, et il faudrait mettre davantage d'informations dans ce domaine à la disposition des parents, des professionnels de l'enfance et des enseignants.

            Dans quelques jours, je referai deux articles sur les apprentissages de l'enfant. 

      

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  •           Tout au long de notre vie, nous décidons de faire certaines actions et nous donnons des ordres à notre corps pour les effectuer au mieux. Mais nous savons tous que nous faisons ces actions, parfois avec enthousiasme, mais aussi parfois avec lenteur et réticence. La différence vient en général de notre motivation, qui est l'intérêt que nous avons pour une action et qui nous pousse à la mener. elle canalise l'attention et la concentration, que nous allons apporter à cette action.

              Etre motivé en vue d'une action est forcément un acte volontaire, et même si les émotions et les sentiments peuvent contribuer, c'est avant tout un acte raisonnable et c'est donc le cortex préfrontal, chef d'orchestre du cerveau, qui en est principalement à l'origine, notamment le cortex préfrontal ventromédian, qui évalue le divers scénarios et leurs conséquences, et  le cortex préfrontal dorsolatéral qui maîtrise nos impulsions et nous empêche de nous disperser hors du domaine de notre motivation.
             Mais un centre du cerveau émotionnel aide le cortex préfrontal dans sa tâche, c'est le striatum, et plus particulièrement le striatum ventral. 

               Dans le centre du cerveau, on trouve divers centres que l'on appelle "ganglions de la base".
    Parmi eux deux centres le putamen et le noyau caudé, qui font partie du cerveau émotionnel.
    ils sont traversés par des axones myélinisés, qui leur donne une allure striée. On a donc appelé ces deux centres le "striatum" (voir le schéma ci dessous). 

    Notre cerveau et la motivation. le striatum

           L'activité du striatum, connue il y a une dizaines d'années, était la préparation des mouvements volontaires, pour les rendre fluides et harmonieux. Il intervient aussi dans le contrôle de la douleur. 
           Chez les malades de Huntington ou de parkinson, le striatum est atteint et les gestes des patients sont affectés.

           Mais on a alors découvert qu'il avait une action importante sur la motivation..
           Le striatum nous poussait initialement à agir selon les mêmes motivations primitives que nos ancêtres, que l'on retrouve aussi chez les primates et les vertébrés : se nourrir, se reproduire, se déplacer, rechercher le pouvoir ou un statut élevé, et communiquer en cherchant des informations.
            Même si les besoins essentiels sont moindres aujourd'hui, il reste l'un de centres qui intervient dans notre motivation et il s'active davantage lorsqu'on mêle activité physique et effort mental.
            Les résultats d'une activité physique ou mentale dépendent en partie des efforts que l'on y consacre, mais peuvent être considérés comme une récompense. Pour accepter de faire ces efforts, nous avons besoin de motivation.
            Le fait d'obtenir une récompense peut engendrer cette motivation. Notre système de récompense ( voir mon article du 30/04/2017) peut nous inciter à l'action, mais il intervient surtout après l'action, en sécrétant de la dopamine si le résultat est bénéfique.
             Des chercheurs ont fait passer des tests à des personnes, constitués par des efforts physiques et mentaux, en même temps qu'on prenait des clichés IRM de leur cerveau. Ils  ont constaté qu'à chaque fois, le striatum ventral s'activait et que, plus le degré de motivation était fort, plus l'activation était importante. 

    Notre cerveau et la motivation. le striatum

              De plus, le striatum ventral se connecte à la partie médiane du striatum (le noyau caudé) lorsque la tâche à réaliser est difficile sur le plan cognitif et, par contre, il sollicite la partie latérale du striatum (le putamen) lorsque la difficulté se situe sur le plan moteur.
               Les chercheurs pensent donc que le striatum ventral apporte son aide (inconsciente) au cortex préfrontal pour motiver nos actions. Il amplifierait l'activité neuronale dans le noyau caudé pour une opération cognitive et dans le putamen pour une action physique.
             
             Je reparlerai de cette action dans mon article de demain.

     

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