• Bizarreries de la mémoire : ne plus savoir écrire les verbes.

      La mémoire de notre cerveau est toujours une fonction assez mystérieuse que nous connaissons mal, mais aussi très fascinante.

        J'ai lu un compte rendu de chercheurs de l'Institut des sciences cognitives de Lyon, qui ont étudié des patients qui avaient eu des accidents vasculaires cérébraux et chose étonnante, ne pouvaient plus écrire les “verbes”.
        Ces personnes étaient en parfaite santé, lisaient sans difficulté, conversaient avec des amis.
        Ils écrivent à priori normalement, leur écriture est fluide, les mots s'enchaînent. et tout à coup ils butent sur un verbe, qu’ils connaissent, qu’ils peuvent prononcer, mais impossible de l’écrire. Les autres mots viennent parfaitement sous leur plume, mais tous les verbe non. Certains de ces patients sont capables d’écrire le mot « montre » si ce mot désigne la montre-bracelet, mais non s'il s'agit du verbe montrer à la troisième personne. Seuls les verbes posent cette difficulté.   
        Le cerveau de ces personnes présente la même anomalie : un petit vaisseau a été bouché et une toute petite aire cérébrale n’a pas été alimentée en oxygène.
        Pour certaines de ces personnes, des médicaments augmentant la pression artérielle ont permis de déboucher le vaisseau obstrué. et elles ont aussitôt  retrouvé leur capacité d'écrire les verbes.

        En fait la mémoire stocke les informations sémantiques ou linguistiques de façon assez particulière, suivant la nature des mots ou la façon dont on les a appris.
        Ainsi pour des noms d’objets, il semble que tous les objets de même nature correspondent à des connexions entre neurones localement proches les uns des autres
        Ainsi un groupe de neurones s’occuperait des outils, un autre des ustensiles de cuisine, un troisième des fleurs, un quatrième des animaux à pattes, un autre des oiseaux et ainsi de suite.....
        Chose curieuse si un enfant est bilingue dès sa tendre enfance, les vocabulaires des deux langues sont classées ensemble. Si on apprend une langue étrangère après le français, les vocabulaires sont dans des centres distincts.
         La différence entre la représentation corticale d'un nom et d'un verbe d'action résulterait de la façon dont l'enfant acquiert le langage : l'apprentissage des noms est souvent associé à la présentation de l'objet correspondant à ce nom, tandis que celui des verbes passe par la réalisation des gestes correspondants. Une lésion cérébrale survenant au sein du vaste réseau qui sous-tend le langage, perturberait sélectivement le traitement des noms tout en préservant celui des verbes, et inversement, une lésion survenue dans le voisinage du centre de Broca, (qui préside la prononciation et l'écriture des mots) et de l'aire de préparation des gestes voisine, perturberait l'usage des verbes.

        Les chercheurs ont également trouvé que chez l’enfant qui ne sait pas encore parler, la mémoire est essentiellement associée à des images et donc n’a pas un “classement” logique. Lorsque l’enfant apprend à parler la mémoire se réorganise complètement car elle associe alors les objets aux mots et le classement par nature de mots se fait alors progressivement et se renforce lorsque l’enfant apprend à lire et écrire, car alors la mémoire visuelle des mots vient à l’appui de leur mémoire auditive.

        Une autre particularité curieuse de notre mémoire est notre comportement vis à vis des outils, qu’ont étudié Todd Handy, Michael Gazzaniga et leurs collègues au Centre de neurosciences cognitives de Hanover, aux États-Unis.       
        Lorsque l’on présente à des personnes volontaires, sur un écran d'ordinateur, des couples d'objets comprenant un outil et un autre objet, (par exemple un animal ou un fruit), les chercheurs ont observé que le regard se porte, dès la première fraction de seconde et avant que soient identifiés consciemment les objets, vers l'outil pourvu que celui-ci se situe à droite de l'écran. Si l'outil se situe à gauche, il n'y a pas de préférence particulière.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/cortexmoteurannotecopie.jpg
        La partie du cerveau qui s'active lors de ces tests, observée par imagerie cérébrale ( IRM ), est une zone où les mouvements sont préparés avant d'être exécutés. (cortex prémoteur de l'hémisphère gauche en bleu clair sur le schéma).
        Plus étroitement associée à la moitié droite du champ visuel, cette zone évaluerait l'intérêt qu'offre un objet : elle repérerait un objet potentiellement intéressant et orienterait vers lui notre attention. Des objets « intéressants » sont ceux qui, dans une situation où il faut réagir avec rapidité, peuvent être saisis et aux temps préhistoriques, servir d'arme., et aujourd’hui des objets qu'on a appris à reconnâitre comme les outils utiles (marteaux, tournevis, pinces...), mais aussi des objets non répertoriés, présentant des caractéristiques géométriques simples : effilées et asymétriques, possédant une partie maniable et une autre pouvant servir à frapper, à frotter ou encore à tourner, par exemple.
        Trouver un outil rapidement est très important. et la « zone de l'outil » a probablement évolué en même temps que la main chez le singe comme chez l’homo habilis, notre ancêtre.

     

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