• Bac 2018, philosophie : la vérité.

    Bac 2018, philosophie :  la vérité.

               Tous les ans, quand arrive le Bac, j'ai l'habitude de lire les divers sujets et d'y réfléchir.
               Je n'ai en général pas de difficulté à résoudre les problèmes de maths et de physique-chimie, mais les sujets de philo me demandent plus de réflexion.
              Je vais essayer de vous faire part, en plusieurs articles, de ce que m'inspirent les sujets de 2016 
          Ce ne sont, en aucun cas des corrigés. J'ai oublié beaucoup de ce que j'ai appris au lycée sur les pansées des philosophes, et par contre j'ai acquis une certaine expérience de la vie. Mes propos n'ont donc aucune prétention scolaire.
               Cette année, les sujets de philosophie du bac étaient les suivants :

                         Sujet de la filière S :
               Le désir est-il la marque de notre imperfection?
               Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste?

                         Sujet de la filière ES :
               Toute vérité est-elle définitive?
               Peut-on être insensible à l’art?


                          Sujet de la filière L :
               La culture nous rend-elle plus humains?
               Peut-on renoncer à la vérité?


                          Sujet de la série technologique :
              L’expérience peut-elle être trompeuse?
               Peut-on maîtriser le développement technique?

               Je regrouperai mes réflexions par genre de sujet et non par filière des études secondaires (qui vont d’ailleurs disparaître).

               Je traiterai dans ce premier article :
    Peut-on renoncer à la vérité?  Toute vérité est-elle définitive?

               Je pense qu’il faut se demander d’abord ce qu’on entend par « vérité ».
               A l’origine ce qui est vrai est ce qui n’est pas faux. Donc par principe elle devrait être définitive. Mais en fait, c’est ce que nous croyons avéré à un instant donné, et cela, dans maints domaines de natures différentes, et pour lesquels les degrés de certitude peuvent être très variables.

               Il y a d’abord les « faits », les choses que nous avons vues, dont nous avons été témoins.Pour celles que d’autres ont vues et relatent - notamment les médias -, il y a l’incertitude de la communication, plus ou moins déformée selon les buts poursuivis par le narrateur.
               Mais même ce que nous avons vu n’est pas sûr. Nous n’avons vu souvent qu’une partie des faits, nous les avons interprétés, certes avec la raison, mais aussi avec l’inconscient et avec nos à-priori. L’apparente vérité des faits est donc déformée.
               Plus discutables encore nos opinions et convictions, et encore plus nos croyances.
               Si nous sommes raisonnables, elles sont fondées sur des raisons logiques, mais bien souvent elles ne sont pas aussi rigoureuses que cela. Et la preuve est que d’autres personnes peuvent avoir les idées opposées, tout aussi valables.
               Ce ne sont pas des vérités, même si nous les tenons pour telles, mais des « construction de l’esprit », fondées sur des faits, mais aussi nos valeurs, nos préjugés et l’influence d’autrui et de l’environnement. La construction peut être valable, mais elle dépend des prémices dont nous ne sommes pas entièrement maîtres et surtout qui n’ont aucun caractère définitif et universel.

               Sans doute peut on être plus confiant dansla « vérité scientifique ».
               Elle repose sur des constatations, des faits et une logique en vérifiant les hypothèses faites à l’origine, par des expériences ou des démonstrations (voire des simulations aujourd’hui).
               Mais on ne peut faire toutes les expériences possibles et l’on n’est jamais certain qu’il n’existe pas des exceptions, ou qu’une découverte arrive, qui remette en cause la construction initiale, souvent en faisant avancer les connaissances, en montrant qu’une partie de la construction est différente, quand on peut la connaître avec plus de détails, au fur et à mesure que nos outils d’analyse et de mesure deviennent plus performants et plus précis. C’est ce qui est arrivé souvent depuis 50 ans pour la constitution de la matière et la mécanique quantique.

               Reste un secteur où pourrait régner des vérités : les mathématiques. Mais les règles et résultats mathématiques, s’ils sont vrais, ne le sont que dans certaines hypothèses, certes connues. Les règles valable dans un plan ne le sont plus sur une surface sphérique, celles valables dans notre monde géométrique euclidien, ne le sont plus dans un monde où les dimensions obéissent à des hypothèses différentes, notamment quand les dimensions sont supérieures à 3.
               Il y a même des domaines des mathématiques où l’on ne parle plus de faits bien définis, mais seulement de faits assortis d’une certaine probabilité d’existence.
               Finalement aucune vérité n’est définitive, car elle n’est jamais complète et nous pouvons toujours en découvrir des éléments nouveaux.
               C’est le cas notamment en sciences où toute nouvelle découverte répond à des questions que nous nous posions, et explique certains phénomènes, mais suscite plusieurs nouvelles questions dont nous ne connaissons pas la réponse.

                         Peut on renoncer à la vérité ?

               On peut prendre la question de deux façons assez différentes :
                           - en prolongement du sujet précédent et de ce qu’on vient de dire, faut il ne pas rechercher la vérité sous prétexte qu’elle ne peut être atteinte
                          - dans un domaine tout autre, des valeurs et de la moralité, au sens de la règle juridique imposée aux témoins : « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ».

               De façon générale on ne peut renoncer à rechercher la « vérité », c’est à dire la « réalité », notamment au plan scientifique. Ce serait renoncer à tout progrès, à accroître nos connaissances. Cela implique non seulement des réflexions de personnes compétentes, mais aussi des possibilités et des instruments de mesure de plus en plus précis (penser aux progrès possibles en médecine dus aux nouvelles déterminations d’ADN), et des efforts financiers et humains importants.

               Il est cependant des cas où l’on peut se poser la question : faut il connaître toute la vérité sur une affaire ?  Faut il dire la vérité à un malade qui a une grave maladie et est très impressionnable et pessimiste? Un enfant abandonné sous X doit il connaître ses vrais parents ? La divulgation de certains éléments confidentiels à des personnes non habilitées ou trop concernées, peut créer des affrontements regrettables, ou mettre en danger la vie d’autrui (ou permettre à un criminel d’échapper à la police et la justice.)

               Si maintenant on veut aborder l’aspect moral, cela peut être à titre collectif ou personnel et là on suppose qu’il y a une vérité  au moins des faits.
               Au plan collectif le problème se pose dans bien des domaines : à l’historien le devoir de mémoire, au policier et au juge la recherche de la justice et du respect des règles, au politique une certaine transparence entre ses intentions et ses réalisations….
               Au plan personnel, la morale demande en général de ne pas mentir. Mais si cela semble préférable dans beaucoup de cas, il y a des vérités qu’il vaut mieux ne pas dire pour préserver une bonne entente entre personnes. Mais le plus souvent de sont des opinions, des convictions que nous prenons pour vraies, qui ne le sont pas forcément pour tous, et qui seraient désagréables ou préjudiciables pour la personnes à laquelle nous en ferions part.

               En définitive, renoncer à dire la vérité, ce serait renoncer à dire ce qui s’est réellement passé - (si on le connaît vraiment !). il est certain que si on y renonce, il faut avoir alors une raison et pouvoir en expliquer le bien-fondé.

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