• Apprendre en classe (5) : attention et distraction.

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         Quand je discute avec des professeurs, ceux ci me disent que leur principal problème est que les élèves ne font pas attention et pensent à toute autre chose qu’écouter le cours.
        Et que même s’ils font attention, celle-ci ne dure pas.
        Quand je donnais des cours à mes petits enfants, je constatais aussi que j’avais beaucoup plus de mal à conserver leur attention qu’avec mes enfants à des âges et sur des sujets similaires).
        Et il suffit qu’un défaut d’attention fréquent s’installe pour que les résultats scolaires basculent !
        Beaucoup d'enfants sont décrits comme «inattentifs», tant par leurs parents que par leurs enseignants: 30 pour cent de filles et 50 pour cent de garçons d'âge scolaire.
        Alors je me pose la question : qu’est ce qui a changé? Est ce une question d’attention ou de motivation.?
        J’aimerais avoir votre avis, notamment celui des professeurs.

        Que disent les neuro-biologistes?

        L’attention est principalement le fait du cortex préfrontal du cerveau et il n"est pas encore matures chez les jeunes. De plus la fatigue intervient plus vite.
        Les enfants ne sont pas faits comme les adultes et ont leurs propres rythmes dont on ne tient pas assez compte.
        Schématiquement, l'attention augmente au fil de la matinée, puis baisse avant le repas. On note une dégradation après le repas de midi, puis l'attention remonte en milieu d'après-midi.
        Le professeur de psychologie à l'Université de Tours, François Testu, a établi ces variations et a proposé de ne pas démarrer les activités nécessitant une attention soutenue tout de suite après l'arrivée des élèves à l'école, ni juste après le repas. Mais ce n'est pas toujours facile de faire les emplois du temps !
        Il faut aussi savoir que chez l'enfant, une attention très soutenue ne dure que 10 minutes. Et une attention modérée, tout au plus 1 heure 40.
        Les connaissances sur les rythmes des enfants ne sont pas encore suffisamment intégrées dans la conception des programmes et des emplois du temps. Ce n’est pas d’ailleurs facile car l’élaboration des emplois du temps d’un collège ou d’un lycée est un vrai casse-tête.

        En fait pour obtenir l’attention en classe, Claire Lecomte Lambert, professeur de psychologie de l’éducation et chercheur à l’université de Lille, met en avant quatre objectifs :

        - Eveiller l’attention de l’enfant, c’est à dire la mettre en route le matin.
    Pour que le niveau de vigilance soit satisfaisant, il faut que les paramètres physiologiques de l’éveil du corps soient atteints et stabilisés (activité du cerveau, toonus musculaire, rythmes cardiaque et respiratoire, température et sécrétions hormonales.).
        Il faut réclamer l’attention et essayer que les enfants et les jeunes sachent reconnaître s’ils sont ou non concentrés.

        - Diriger l’attention sur un objet et en particulier l’enseignement du professeur en faisant abstraction de tout ce qui peut distraire.
        Il faut arriver d’abord à ce que le cortex préfrontal ne soit pas inhibé par des émotions et donc essayer d’éviter tout climat émotionnel, que les jeunes ne sauraient maîtriser..
        Difficile de se concentrer quand, durant le cours de mathématiques, on pense au dernier disque acheté, au film que l'on verra samedi, à la télévision que l'on a regardé trop tard la veille, ou encore à la faim qui commence à se faire sentir. Dans ces conditions, les identités remarquables sont difficiles à mémoriser lol.
        Dans les écoles d’ingénieurs autrefois, comme dans les écoles normales d’instituteurs et professeurs, on avait des cours de “communication” ou de “pédagogie”, où l’on apprenait comment faire passer un message, par l’oral d’abord, mais aussi en se servant de supports, qui à l’époque, n’étaient que des tableaux noirs ou blancs ou des tableaux de feutres pour mettre des petits cartons de couleur, annotés..
        Aujourd’hui les logiciels genre Powerpoint nous donnent des possibilités infiniment meilleures surtout en matière d’images éventuellement animées ainsi que des films éducatifs..
        On apprenait à se servir des intonations de voix ou du questionnement, des intermèdes qui pouvaiuent réveiller l’auditoire, à se servir des lettres, des couleurs et des images.
        Mais les programmes ayant été  augmentés on a souvent supprimé ces cours et c’est aujourd’hui une vrai lacune.

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        - Savoir ne pas surcharger celui qui écoute au plan cognitif.
        On apprenait aussi à ménager les efforts des auditeurs en combinant le discours et la projection ou l’écrit au tableau, pour qu’ils se complètent et se relaient, mais ne fassent pas double emploi, à ne pas attirer l’attention sur plusieurs points à la fois, mais à la concentrer sur l’information que l’on voulait faire passer.
        Répéter certaines explications de façon différente pour mieux faire comprendre, exposer les faits et l’analyse (pour les personnes de préférence de perception S) et aussi les schémas et théories et les synthèses (pour les personnes de préférence de perception G).
        Et se rappeler qu’il est  difficile pour les élèves ou auditeurs de faire plusieurs choses à la fois.
        Je me rappelle les premières dictées que me faisait ma grand mère, j’avais du mal à écouter sa voix qui dictait, comprendre le texte, écrire, réfléchir à l’orthographe des mots et donc lire ce que j’écrivais. C’était faire cinq tâches en même temps.
        Dans les classes supérieures où l’on n’a pas de cours écrit et où on prend des notes, c’est encore plus complexe, car on ne réfléchit plus simplement au sens des mots dictés, mais à comprendre ce que dit le professeur et à faire une synthèse de ce qui est essentiel , c’est à dire de ce que l’on doit noter.
        Quand je fais une conférence, pour ne pas mobiliser ainsi sur la prise de notes l’attention des auditeurs, je leur demande d’écrire sur la feuille de présence leur adresse électronique, pour que je leur envoie le diaporama de mon exposé, y compris les notes jointes à chaque diapo, qui m’aident dans mes explications et mon exposé. Ils peuvent ainsi se concentrer sur l’écoute.

        - Maintenir l’attention dans le temps.
        C’est certes une question de méthodes d’expression comme je l’ai dit précédemment, mais il faut aussi apprendre à observer l’auditoire, tout en faisant son exposé.
        Essayer de voir si les auditeurs ont compris une explication difficile et les inciter à poser alors des questions, déceler la fatigue générale ou l’inattention chez certains et les réveiller par des anecdotes ou des questions.
        Là encore cela s’apprend.

        Je voudrais par exemple attirer l’attention sur les distraits car il faut savoir reconnaître les “distraits dissipés” dont l'attention est incapable de se fixer avec stabilité, passant sans cesse d'une idée à l'autre, et les « distraits absorbés », ceux qui sont absorbés par une idée, indifférents à ce qui les entoure, offrant peu de prises aux événements extérieurs.   
        Seuls les distraits dissipés gênent et il faut apprendre à les calmer.ou à les sortir de leurs rêves.
        Les “distraits absorbés”, parce que très attentifs, paraissent précisément incapables d'attention : ils restent attentifs à leur objet de réflexion, si bien que le professeur a du mal à mobiliser leur attention sur autre chose, si cet objet n’est pas le cours
        On les accuse à tort, d'être “dans la lune” parce qu'ils focalisent leur regard sur un point précis pour éviter toute distraction extérieure. Il n'est pas rare que la personne qui regarde obstinément le plafond, cherche à éviter les distractions, car c'est le seul moyen pour elle d'écouter
        Lorsqu'on intervient auprès d'elles, c'est pour leur demander de faire attention, et c'est une erreur car elles font attention.
        La difficulté est de savoir si elles rêvent à quelque chose qui les absorbe ou si elles écoutent le cours où la conférence.
         C’est notamment vrai pour les jeunes et surtout les enfants car nous avons tendance à croire qu'un enfant qui se concentre doit ressembler à un adulte qui le plus souvent, regarde la projection, le conférencier ou le professeur.

        Aujourd'hui, la psychologie et les neurosciences nous montrent que les enfants ne ressemblent pas toujours aux adultes' même lorsqu'ils effectuent des tâches similaires, et les adultes n'en tiennent pas assez compte.

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