• Ado d'hier, ados d'aujourd'hui.

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          Il me semble avoir été un adolescent relativement calme. A part quelques bosses en sports, et avoir en bas d'une cote, être rentré en vélo dans la remorque d'un camion, ce qui ma valu une soirée à l'hôpital et a inquiété mes parents, je ne pense pas leur avoir causé beaucoup de soucis. Il est vrai qu'à 20 ans, étant entré à l'X, je n'étais plus à leur charge.
         Mais ma soeur et mes deux frères ne leur ont pas causé de grande inquiétudes.
         J'ai eu 4 enfants, parfois turbulents, mais je n'ai que de bons souvenirs de leur adolescence.
        Celle de certains de mes ! petits enfant a été plus houleuse, mais dans l'ensemble, cela n'a pas été trop dramatique et ils sont tous maintenant adultes entre 37 et 22 ans. 
       Alors je suis étonné des plaintes des parents d'aujourd'hui, un peu dépassés par leur marmaille, et surtout de les entendre dire très souvent que la faute de tous ces errements des jeunes, est celle de notre société.
       Je pense que c’est un peu facile de se dédouaner ainsi du manque de l’éducation que l’on n’a pas su donner à ses enfants, mais il est exact que la société d’aujourd’hui (et donc nous tous) avons notre responsabilité.
      La société à changé et personnellement j’ai eu du mal à m’adapter à ses pratiques culturelles, tellement différentes de l’éducation que j’avais reçue.

        La première différence que je constate est que les enfants n’ont plus d’enfance.
        La faute d’abord aux parents qui ne les laissent plus jouer aux jeux d’enfants qu’ils trouvent puérils (et pourtant !!), et qui demandent leur avis et même leur laissent la décision, sur tout ce qui les concerne et qui, à leur âge, devrait rester du ressort des parents.
        La faute ensuite au collège, où les plus grands obligent plus ou moins les «petits» à partager leurs opinions, voire malheureusement, parfois les harcèlent..
        Ce n’était pas comme cela autrefois et je me souviens qu’à 13 ans, j’avais encore une âme d’enfant, même si je rentrais dans l’adolescence, et pourtant j’étais au lycée en seconde et mes camarades avaient souvent deux ans de plus que moi. Mais eux se sentaient ado et ne jouaient pas à l’adulte prématuré.
        Mes petits enfants et leurs camarades n’ont plus eu, dès la 6ème, l’exubérance de l’enfance, mais n’en étaient pas plus sérieux pour cela, loin de là !
        Cependant leur attitude était souvent différente au collège et à la maison, leurs lectures diffé-rentes, leurs jeux en partie aussi, par crainte d’être ridicule au collège, devant les copains et copines.
        Cette «honte sociale» n’existait pas il y a 50 ans. J’étais en général de loin le plus jeune de la classe tout au long de mes études secondaires, mais en aucun cas je me serais laisser commander par l’opinion des autres. Ce qui m’importait c’était celle de mes parents, de mes professeurs, et la considération de ma propre conscience et individualité.
        Quant aux camarades de classe, ils ne traitaient pas d’intellectuels les premiers de la classe, ils leur demandaient de les aider  à comprendre les cours et expliquer les exercices. D’ailleurs les professeurs encourageaient cette attitude qui permettait un niveau moyen plus élevé et évitait aux meilleurs de s’ennuyer (et aussi d’être prétentieux, car c’est en expliquant qu’on se rend compte soi même qu’on n’a parfois pas bien compris).

         Une deuxième constatation est l’évolution des objets culturels : l’invasion de la télévision, d’internet, des CD et DVD, des smartphones, a bouleversé les références «culturelles» des jeunes ados. Il suffit de regarder les posters de leur chambre, d’écouter leur musique (certains morceaux de «métal» qu’écoutait l’une de mes petites filles, me rappelait parfois les cris des cochons que les paysans égorgeaient vivants dans mon enfance !!  Cela dit il y a de la musique métal irlandaise que je trouve audible).
        De plus même le multimédia évolue. Mes enfants s’intéressaient beaucoup à la télévision, mes petits enfants la délaissent pour l’ordinateur, internet et le smartphone, ses SMS et les multiples réseaux sociaux. Certains de leurs amis ont même les pouces déformés par cette pratique.
        Evidemment il y a un compromis avec les parents qui ont encore leur mot à dire sur la décoration de la chambre de leurs ados, au moins pour la canaliser, mais je constate que cette influence est de plus en plus faible.
        Le même phénomène se retrouve sur les vêtements qui veulent de plus en plus ressembler à ceux des jeunes adultes, ce qui est malheureusement beaucoup trop encouragé par les parents, et le phénomène des marques et de la contagion des copains, car ce qui compte alors c’est l’appartenance à un groupe, et l'apparence que l'on a aux yeux de ses membres.
        Il faut avouer que notre société de consommation est en grande partie responsable : les industries culturelles et mercantiles ciblent des consommateurs de plus en plus jeunes, relayées par les médias et la pub omniprésente. Alors qu’un adulte est peu sensible à la publicité à la télé(il en profite pour passer un coup de fil ou aller aux toilettes), les enfants apprennent les slogans et les clips beaucoup mieux que leurs leçons de classe. Les enquêtes sur les audiences incluent maintenant les enfants à partir de 12 ans, voire moins, et les pouvoirs publics trouvent cela naturel !!

        Je ne parlerai pas de l’attitude des ados qui leur fait faire les pires bêtises pour se faire valoir auprès des copains, pour faire croire à eux mêmes qu’ils sont des adultes et parce qu’ils se sentent en partie rejetés par la société.
        Le taux de fumeurs, de consommateurs d’alcool, d’accidents a augmenté, surtout chez les plus jeunes.

        Une autre caractéristique qui me soucie est le peu de curiosité intellectuelle, d’imagination de créativité et de capacité à s’ennuyer de beaucoup d’ados d’aujourd’hui.
        Sans doute en raison des moyens modernes de communication, les jeunes ont peur d’être seuls, non seulement les extravertis dont c’est la nature, mais même les introvertis qui devraient se plaire dans l’univers de leurs pensées.
        Ils ont peur de s’ennuyer et d’ailleurs leurs parents s’ingénient à leur trouver des tas d’occupa-tions et à les trimballer en permanence pour y aller. Autrefois au contraire les parents nous laissaient volontairement nous ennuyer et ils avaient raison.
        Quand nous étions seuls, nous nous trouvions nous mêmes des occupations; nous nous inventions des jeux, nous recherchions des informations dans les livres et revues, nous regardions la nature, le dessin, la musique, l’écriture, et bien sûr le travail de classe, bien plus abondant qu’aujourd’hui, nous occupait.
        Internet est un merveilleux outils de culture, mais les jeunes qui ont peur de s’ennuyer ne savent pas s’en servir (on ne leur apprend pas non plus !), et ils préfèrent facebook, instagram ou tir-tok à google.
        Les jeunes s’ennuient, en souffrent et ne savent plus utiliser ce temps de réflexion et de solitude : l’imagination, la créativité en souffre.
        Personnellement j’encourage fortement ceux ou celles qui sur leur blog dessinent, écrivent nouvelles ou poésie, donnent des recettes, ou même racontent leur vie. C’est une façon bien meilleure de ne pas s’ennuyer.

        Dernier point l’amitié et l’amour. c’est un changement très important.
        Pour les amis, je constate que les jeunes ont peu de vrais amis. Ceux dénommés ainsi sur facebook ou autre réseau social, sont loin d'être des amis. J’ai fait plusieurs articles sur l’amitié, qui est au fond la même chose que l’amour mais sans le sexe.
        Les jeunes aujourd’hui ont surtout des copains, ceux avec lesquels ils chahutent et s’amusent, ceux aussi avec lesquels ils font un certain nombre d’âneries.
        Mais c’es copains ont une énorme influence, car l’individualité du jeune est moins forte qu’autrefois. Il faut qu’il appartienne à un groupe, qu’il y soit intégré, qu’il partage leurs coutumes, y compris souvent l’habillement, la façon de parler, les musiques, les comportements.
        Rien n’est pire que de ne pas être intégré au groupe de copains, surtout pour les garçons, et l’ado devient ainsi moutonnier, alors que le groupe est lui même sous influence de la mode, de la publicité, de l’attrait des grandes marques, et de l’imitaion du monde des adultes.
        Cette appartenance au groupe contrarie l’évolution de l’ado vers l’autonomie, et je constate que cela, allié à l’allongement moyen des études, et au chômage, fait que l’ado, qui se croit devenu adulte, est en fait moins autonome qu’autrefois et n’atteint sa maturité que plus tard. Il rest d'ailleurs plus longtemps la charge des parents.
        Le désir d’indépendance naturel à l’adolescence, qui était plus rapidement satisfait autrefois, est contrarié plus longtemps aujourd’hui, et aboutit, soit à des conflits parents-enfants, soit à un laxisme des parents, qui confèrent une indépendance à un ado qui n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour gérer cette indépendance sans erreurs.

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