•     J’ai parlé hier de l’absorption et de l’élimination de l’alcool dans le corps. Je voudrais voir aujourd’hui l’action sur notre comportement et les explications par l’action sur notre cerveau.

        L’alcool agit sur les différentes parties du corps.  Il influence la perception, l’attention et la capacité de  réaction. L’alcool produit également des effets sur les  émotions et le comportement, ainsi que sur les fonctions  physiologiques élémentaires telles que la régulation  de la température du corps et la respiration.

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        Dans un premier temps, les effets de l’alcool peuvent  être ressentis comme positifs.
        A partir d’une alcoolémie de 0,5 g /l, on se sent euphorique,  on est plus communicatif et on ressent un fort besoin de  parler.
        L’alcool agit en effet sur le circuit de récompense, dont je vous ai plusieurs fois parlé dans mes articles et dont le schéma ci-dessous résume les circuits. Les neurones de « l’aire tegmentale ventrale » libèrent de la dopamine dans les synapses  reliant ce centre à d’autres, notamment le noyau accumbens, les amygdales et le cortex préfrontal, et les circuits activés procurent une sensation de bien-être et de plaisir.
        De plus cette libération de dopamine est contrôlée par un autre neuromédiateur le GABA, un inhibiteur, qui agit sur des récepteurs spécifiques des synapses. Or l’alcool favorise aussi la libération de substances opiacées qui agissent sur les mêmes récepteurs et empêchent le GABA de modérer la libération de dopamine. Le processus s’auto-entretient.

        L’alcool perturbe ensuite l’action d’un autre neuromédiateur, qui contrôle l’action des muscles : l’acétylcholine.
        La faculté visuelle, qui demande une coordination  complexe de différents muscles oculaires, est  très rapidement affectée par l’alcool, dès la concentration de 0,5 g/l.
    La coordination des muscles des membres est perturbée si ce taux augmente, puis l’équilibre est affecté, par suite d’une mauvaise commande des membres, mais aussi par action sur le cervelet (voir ci-après)..

        L'alcool agit aussi sur les récepteurs NMDA du glutamate, un neuromédiateur excitateur. Au début de l’absorption, la personne est donc excitée et très active dans un premier temps.
     
    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau1/gaba-copie-1.jpgMais ensuite l’alcool agit aussi sur les récepteurs du GABA et de la glycine, qui sont des neuromédiateurs inhibiteurs. Quand l'éthanol se fixe sur les récepteurs du GABA, ces derniers sont activés, c'est-à-dire qu'ils s'ouvrent et laissent pénétrer des ions chlore Cl- dans le neurone, qui est hyperpolarisé : la différence de potentiel qui règne de part et d'autre de la membrane neuronale est inférieure a celle du neurone habituellement au repos et il est donc plus difficile de l'activer : le neurone est inhibé.
        L'aleool reproduit les effets du GABA et de la glycine et donc diminue l’activité du cerveau, et après une période d’excitation, c’est donc un dépresseur.
        Son action inhibitrice sur le cervelet entraîne entre 1 et 2 g/l des troubles de l’équilibre

        L’alcool agit aussi sur les récepteurs de la sérotonine, qui a de multiples fonctions, mais notamment régule humeur. Et sur les amygdales cérébrales qui contrôlent le stress et la colère.
    En général au delà d’un g/l la personne devient irritable, puis au dellà, violente, car le cortex frontal est alors atteint et en partie inhibé de telle sorte que la personne ne se rend plus compte des conséquences de ses actes.

        Le rôle inhibiteur atteint en effet le cortex frontal, entraînant d’une part un manque de réflexion et de motivation, puis un endormissement du cerveau.
    Pendant le sommeil provoqué par l’alcool, le sommeil profond reste normal, mais le sommeil paradoxal est beaucoup moins important, du fait du ralentissement de l’action des neurones. Les mécanismes de restaurations pendant le sommeil sont aussi ralentis et l’effet sur l’hippocampe perturbe la mémoire et les souvenirs de ce qui s’est passé pendant l’ivresse.

        On voit qu’il est difficile de décrire les effets de l’alcool sur le cerveau car ils sont multiples, car il s’attaque à de nombreux récepteurs des synapses.
       
        Quelques mots sur les effets d’une prise chronique de l’alcool : l’alcoolisme.
        Les deux raisons les plus importantes de l’addiction à l’alcool sont l’action sur le circuit de récompense, et celle, inhibitrice, sur les récepteurs du GABA.

        Sur le schéma ci dessous, on voit  à droite l’influence de l’alcool concernant le premier mécanisme :

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        - .le noyau accumbens et le pallidum libérent la dopamine associée au plaisir, par une sorte de réflexe conditionné;
        - l'apprentissage et la mémorisation du conditionnement sont assurés par 'hippocampe et l'amygdale cérébrale : cette dernière contrôle, grâce à diverses hormones dont la corticolibérine, les mécanismes du stress et jouerait un rôle de renforcement négatif (le sujet boit pour réduire son stress).
        - le cortex orbitofrontal qui contrôle la motivation et évalue la pertinence des stimulus devient moins actif;
        - le cortex préfrontal et le gyrus cingulaire antérieur exercent un contrôle cognitif et freinent le besoin impérieux et irrépressible d'alcool.
        Chez une personne dépendante de l'alcool, les stimulus associés a la drogue sont amplifiés par rapport aux autres stimulus plaisants ; le cortex préfrontal et le gyrus cingulaire antérieur n'exercent plus leur contrôle inhibiteur et le besoin d'alcool n'est plus contrôlable.

        Par ailleurs, la consommation d’alcool entraîne une hypersensibilité des récepteurs du glutamate et une désensibilisation des récepteurs du GABA.
    La consommation chronique de boissons alcoolisées peut amener un changement de conformation des récepteurs du GABA et diminuer l’affinité du récepteur à l'éthanol et donc provoquer une certaine tolérance, la même quantité d'éthanol causant des effets moindres.

        Enfin il existe une dépendance psychologique liée à l’addiction à l’ambiance de fête

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         Nous avons vu quelle était l’emprise de l’alcool au niveau de la population et plus particulièrement des jeunes.
        Nous pourrions maintenant aborder ses effets physiologiques sur le corps humain.


        Voyons d’abord l’absorption et le cheminement de l’alcool dans le corps :

        Dès l’ingestion, l’alcool passe dans le sang, et il faut environ une heure pour que tout l’alcool ingéré s’y retrouve entièrement.
        Une petite partie passe directement par la muqueuse buccale et par l’oesophage. Un quart environ de l’alcool passe dans le sang après assimilation par l’estomac et le restant par les intestins, principalement l’intestin grêle.
        L’alcool se répand par la circulation sanguine dans la quasi-totalité des tissus contenant de l’eau et diffuse dans le corps. Il se concentre principalement au niveau du cerveau, du foie, du cœur, des reins et des muscles.
        L’assimilation de l’alcool par le corps est plus ou moins rapide, en fonction de facteurs très divers, qui peuvent accroître la vitesse de diffusion :
            - d’abord des facteurs individuels physiologiques, certains héréditaires.
            - éventuellement l’état de santé.
            - une ingestion rapide de l’alcool.
            - les boissons alcooliques chaudes ou sucrées.
            - les boissons alcooliques contenant du gaz carbonique.
            - l’estomac vide.
        Plus le passage de l’alcool dans le sang est rapide, plus le  taux d’alcool dans le sang augmentera rapidement, et plus  vite on sera ivre. A l’inverse, l’alcool absorbé lors du repas passe moins vite dans le sang.
        L’alcool est plus soluble dans l’eau que dans la graisse. L’eau représente, en moyenne, environ 68% du  poids chez les hommes, contre seulement 55% chez les  femmes.
        La concentration d’alcool dans le sang dépend de la quantité d’eau contenue dans le corps et les femmes sont donc plus sensibles à l’alcool, pour une même absorption.  En général, les personnes plus lourdes ont aussi  davantage d’eau dans leur corps et donc un taux d’alcool plus faible pour une même quantité d’alcool absorbée au départ. A poids égal,  le corps d’une personne qui a moins de tissus adipeux  contient davantage d’eau que celui d’une personne plus « ronde ».
        Au départ, un verre d’alcool de 3 cl, de vin de 10 cl et de 30 cl de bière contiennent approximativement la même quantité d’alcool : 10 g. (une boisson à d degrès d’alcool, contient d% en volume d’éthanol de densité 0,8, soit d/100 X 800 g/litre, soit 8d grammes d’éthanol par litre – un litre de vin à 12 degrés contient donc environ 100 grammes d’éthanol.)
        Si nous absorbons, à jeun et dans un délai court, un nombre Ag de grammes d’alcool, le taux maximum d’alcool dans le sang sera de Ag/ 0,7 P grammes/litre pour un homme et Ag/ 0,6 P pour une femme, P étant leur poids en kilog.
        Quand lors d’un « binge drinking », un adolescent de 60 kg et une adolescente de 50 kg boivent 5 verres d’alcool à 40 d°, (en supposant qu’ils ne fassent que 3 cl), le taux d’alcoolémie est d’environ 1,1 g/litre pour le garçon et 1,6 pour la fille.
        L’ivresse apparaît entre 1 et 2 g/l d’éthanol dans le sang.
        Rappelons que le taux à partir duquel le police vous sanctionne si vous conduisez est de 0,5 g/litre et 0,2 en période probatoire ou conduite accompagnée.
        Mais le mieux, quand on conduit sur route pour un voyage, est de ne boire que de l'eau ou des boissons sans alcool.

        Dès que nous avons ingéré de l’alcool et qu’il est passé dans le sang, l’organisme commence à l’éliminer, avec une vitesse qui est relativement différente selon les individus.
        10 % de l'alcool absorbé est évacué par la sueur, les urines et l'air expiré sans qu'il ait subi de modifications biochimiques. La principale voie d’élimination de l’alcool est la voie rénale.  
          Le rein élimine aussi de l’eau, ce qui explique l’augmentation de la quantité d’urine et la déshydratation provoquant la soif, à la suite d’une absorption d’alcool.

          Le foie élimine environ 90 % de l’alcool ingéré grâce aux enzymes spéciales qu’il synthétise.

        Dans un premier temps, l’alcool est transformé en  acétaldéhyde , substance très toxique, qui  attaque les membranes cellulaires et cause des  dommages indirects en inhibant le système enzymatique.
          Dans un deuxième temps, l’acétaldéhyde est métabolisé  en acétate, puis en en acétylcoenzyme A, qui joue un rôle primordial dans le cycle des   acides gras et dans la synthèse du cholestérol.
        Dans le cas de consommation régulière de beaucoup d'alcool, des graisses sont accumulées dans le foie, entraînant une dégénérescence des cellules hépatiques.
        En outre une deuxième enzyme autre que celles du foie, (l’enzyme MEOS), intervient dès qu’une quantité d’alcool  importante est absorbée, et augmente cette élimination d’un tiers.

        La capacité d’élimination de l’alcool par les enzymes varie  d’une population et d’un individu à l’autre, ces différences  étant déterminées génétiquement. D'une personne à l'autre, le taux peut varier entre 0,10 et 0,25 g / l / h.
        Les asiatiques réagissent violemment à l’alcool car l’élimination de l’aldéhyde est beaucoup plus lente, ce qui provoque un empoisonnement. Le corps réagit à  ce poison par une dilatation des vaisseaux, des maux de  tête, des nausées, de la somnolence, des palpitations et  une accélération du rythme cardiaque.
        Les  adolescents ont un poids inférieur à celui des adultes.  De ce fait, l’alcool se répartit dans une quantité plus faible de liquide corporel et la concentration d’alcool dans le  sang se trouve ainsi augmentée. Les enzymes contribuant à l’élimination  de l’alcool par le foie sont présentes en plus petites  quantités que chez les adultes.et donc l'élimination est également plus lente. Ils sont donc plus facilement ivres.

        L’alcool agit sur les différentes parties du corps, mais surtout, il est acheminé dans le cerveau par le circuit  sanguin. Il agit alors sur le métabolisme des neurotransmetteurs et produit ainsi des effets négatifs sur diverses  fonctions cérébrales.
        Il influence la perception, l’attention et la capacité de  réaction, et produit également des effets sur les  émotions et le comportement, ainsi que sur les fonctions  physiologiques élémentaires telles que la régulation  de la température du corps et la respiration.
        L’alcool est un dépresseur
        Malgré son effet euphorisant, l’alcool n’est pas un stimulant. Au contraire, il ralentit l’activité du cerveau tout en diminuant les tensions.
         C'est la raison pour laquelle il rend dangereux toute conduite de machines, et est la cause de nombreux accidents d'automobile ou de motos. (au moins 40%).


        Nous examinerons demain son mécanisme d’action sur le cerveau.

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  •  

              J'ai fait le 03/07/2018 une comparaison des méfaits de l'alcool, du tabac et du cannabis et les 24,25 et 26/05/2019 j'ai parlé du mécanisme des addictions.
                A la fin de l'an dernier un jeune de ma région, qui était un peu trop porté sur l'alcool, s'est tué en percutant un arbre en moto.
               Cela m'incite à parler à nouveau de cette addiction dangereuse, alors que certaines formes d'alcool ne sont pas nocives, si l'on sait en consommer peut peuvent apporter un plaisir gustatif.
                Aujourd'hui je parlerai de statistiques notamment chez les jeunes, demain des conséquences sur la santé de l'alcoolisme, et après-demain du mécanisme d'addiction.

                Ci dessous un graphique de consommation d'alcool par pays et par catégorie d'alcool. provenance OCDE en 2015

    bleu clair = divers; bleu foncé = bière; rouge = vin; vertpale : spiritueux; violet : autres boissons 

     

                On a actuellement l'impression que les gens boivent plus d’alcool alors qu’en général la consommation d’alcool recule ? C’est parce qu’une partie de la population consomme près de la moitié de l’alcool… C’est elle que l’on voit, et qui se marginalise…

                 Le plus inquiétant est le fait que beaucoup de pays ont connu une hausse significative de certaines conduites d’alcoolisation à risque (binge drinking), en particulier chez les jeunes  Le nombre d’enfants ayant consommé de l’alcool et connu l’ivresse a considérablement augmenté ces dernières années.

                 En Europe, la consommation tout comme l'ivresse augmentent entre l'âge de 11 et de 15 ans, et ce quel que soit le pays. Cette augmentation est indépendante du niveau de consommation (ou d'ivresse) initial, et n'est pas plus faible dans les pays où les jeunes de 11 ans sont peu nombreux à boire (ou à  s'enivrer).
                 Cette augmentation est plus ou moins progressive. En France, comme dans la majorité des pays, l'augmentation se situe surtout entre 13 et de 15 ans, alors qu'elle est plus progressive au Royaume-Uni, en Italie et, dans une moindre mesure, au Portugal. En France, cette augmentation est également moins importante qu'ailleurs
                  Dans certains pays, le comportement des filles diffère de celui des garçons. En France, en Italie, au Portugal, en Belgique et en Pologne, les garçons consomment davantage d'alcool (et s'enivrent plus souvent) que les filles, alors qu'en Allemagne, en Finlande et au Royaume-Uni, il y a peu de différences. Les filles s'enivrent même plus que les garçons au Danemark ou au Royaume-Uni. Cette différence de consommation entre garçons et filles est à relier non seulement au statut de l'alcool, considéré comme une boisson virile dans la majorité des pays du Sud et de l'Est de l'Europe, mais aussi au statut de la femme. Dans les pays oil l'écart entre les hommes et les femmes est important (salaire, participation a la vie politique et sociale, etc.), l'écart entre le comportement des adolescents et des adolescentes l'est aussi.
                 Outre l'âge et le sexe, la catégorie socioprofessionnelle des parents influe aussi sur la consommation des adolescents. Dans les pays du Nord comme dans les pays anglo-saxons, plus le niveau d'études des parents est élevé, plus les jeunes consomment d'alcool. Au contraire, dans les pays de l'Est, ce sont les jeunes dont les parents ont un faible niveau d'études qui sont les plus nombreux à consommer de cool.. En France, la consommation d'alcool est plus élevée parmi les enfants de cadres et ceux habitant les quartiers favorisés des grandes villes.

                 J’avoue que cette conduite des jeunes me laisse perplexe car je ne comprends pas l’intérêt et le plaisir de se soûler. Les études actuelles donnent quelques indications, qui sont résumées dans le tableau suivant et à contrario le deuxième tableau donne les raisons que donnent ceux qui ne veulent pas boire d’alcool exagérément :

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                 Chose étonnante, ce n’est pas « pour faire comme les autres » !
                 La principale raison de recherche d’ivresse est « pour faire la fête et s’amuser »; je trouve personnellement qu’il y aurait bien d’autres façons plus intelligentes et moins dangereuses !
                 Ce qui est grave c’est la proportion de réponses « par habitude » ou « par dépendance ».
                 Quant aux réponses « pour vous calmer » et parce que vous avez des difficultés » sont de mauvaises raisons, car le tabac, l’alcool comme le cannabis sont plutôt des axcitants que des clamants, et qu’on ne supprime pas les difficultés pour autant, de telle sorte que, si on les oublie sur le moment, elles reviennent en force ensuite et en général avec un accompagnement dépressif.

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                 Quant aux jeunes qui ne souhaitent pas boire, je comprends tout à fait la raison « je n’y vois pas l’intérêt » et « c’est dangereux pour la santé » et je les partage.
                 Mais je suis très étonné de ne pas voir comme raison le fait de ne plus se maîtriser, de ne plus raisonner sainement, et de risquer ensuite accidents ou actions catastrophiques.
                 Personnellement je me suis souvenu toute ma vie d’avoir vu un camarade, pourtant d’une intelligence remarquable, ayant trop bu, mettre sa tête dans la cuvette d’un wc et tirer la chasse d’eau pour se rafraîchir ! Cela m’a paru tellement humiliant d’en arriver là, que cette vision m’a dissuadé à jamais de boire trop d’alcool.




     

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  • http://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures3/fumergeneriquecannabis.jpghttp://lancien.cowblog.fr/images/Caricatures3/cannabis01022011194840.jpg

                Pour mémoriser des informations que ce soit pendant un temps court ou plus long, nous faisons appel à notre mémoire de travail.
                L'un des effets les plus importants du cannabis et de son composé actif, le tétrahydrocannabinol ou THC, consiste à perturber cette mémoire de travail.
                De taille limitée, c'est elle qui nous permet de retenir, sélectionner et manipuler une information, pendant une courte période de temps, de quelques secondes à une minute, afin d'accomplir des actions de compréhension, de raisonnement ou d'apprentissage, et de retenir provisoirement les éléments que nous consoliderons ensuite.

                Elle est à l'œuvre dans nos tâches quotidiennes telles qu'entretenir une discussion, lire et comprendre un texte, faire une opération mathématique ou bien nous repérer dans l'espace.              
                De nombreuses études sur des rats ont permis de comprendre le mécanisme d'action du THC.

                 Les principales cibles du THC dans l'organisme avaient été découvertes au début des années 1990 : ce sont les récepteurs aux cannabinoïdes (substances analogues au cannabis produites naturellement par l'organisme), dont les récepteurs de type 1 (CB1) sont très abondants dans le cerveau.
                De nombreux récepteurs CB1 se trouvent sur les neurones et en 2009, on a montré que l'activation des récepteurs CB1 empêche la libération de certains neurotransmetteurs, comme Ie glutamate et le GABA.
                Des études plus récentes montrent que les récepteurs CB1 sont également présents au niveau des "astrocytes". cellules très abondantes dans le cerveau; et qui établissent notamment des jonctions avec les vaisseaux sanguins du cerveau, constituant ainsi une interface avec le reste du corps. Ces cellules astrocytes ont longtemps été considérées uniquement comme des cellules de soutien parce qu'elles renforcent la cohésion du tissus, mais elles assurent aussi l'apport en énergie nécessaire à l'activité des neurones, l'évacuation des déchets, ainsi que la protection du cerveau en cas de dommage.
                Mais on a établi aujourd'hui que les astrocytes sont capables également de moduler l'activité des neurones en libérant des molécules appelées "gliotransmetteurs", analogues aux neurotrans-metteurs des neurones
                Cette action entre les astrocytes et les neurones est indispensable à l'efficacité des connexions neuronales ainsi qu'au bon fonctionnement de la mémoire.

                 Les expérimentateurs ont pu réaliser des expériences sur des "souris mutantes" se dévelop-pant normalement, dont les unes n'avaient plus dans l'hippocampe de leur cerveau, que des récepteurs CB1 sur les astrocytes et les autres que des récepteurs CB1 sur leurs neurones.            
                Dans le premier cas, le THC perturbait la mémoire alors qu'il n'y avait pas de perturbation dans le second cas. Ce sont donc les récepteurs CB1 des astrocytes que perturbe le cannabis et pas ceux des neurones.
                Une injection de cannabis perturbe le fonctionnement de l'hippocampe et des mémoires de travail pendant plusieurs heures, par l'intermédiaire de leurs astrocytes.
                Le mécanisme d'action a été élucidé (voir le schéma ci dessous) : le THC se fixant sur les récepteurs CB1 des astrocytes, entraîne la libération de glutamate, qui va se fixer sur les récepteurs de glutamate des neurones, ce qui diminue la force d'interconnexion entre neurones (ici 1 et 2), au niveau des synapses, et perturbe donc le fonctionnement de l'apprentissage et de la mémorisation qui repose sur cette connexion.

    http://lancien.cowblog.fr/images/Cerveau2/memoireastrocyte.jpg

                 Ces études sur les modes de communication entre neurones et sur les protéines qui forment les récepteurs sensibles aux neurotransmetteurs, permettent de comprendre peu à peu comment fonctionne le cerveau et dans ce cas, la mémoire.
                Il semblerait qu'une enzyme permettrait de garder l'efficacité de la liaison entre neurones qui constituent un souvenir.
                L'inhibition du fonctionnement de cette enzyme, même plusieurs jours après la consolidation des souvenirs en entraînerait l'effacement. Cette enzyme assurerait grâce à son action sur la synthèse de certanes protéines, la permanence du renouvellement de certains récepteurs dans les synapses, assurant ainsi la permanence de la liaison.
                L'entretien de notre mémoire serait donc un mécanisme dynamique.


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              J'ai déjà fait plusieurs articles sur le cannabis en 2019. Je voudrais aujourd'hui parler d'une action particulière sur la moire et je traiterai d'abord cela par l'exemple.

             J'ai connu un jeune garçon (ne cherchez pas à savoir qui c'est, il n'est pas sur eklablog), qui avait fait de bonnes études secondaires, obtenant la mention "très bien" au bac S.
             Ses parents habitant en province, il avait été admis comme pensionnaire dans une prépa de maths d'un lycée parisien, pour préparer les grandes écoles scientifiques.
             Son premier trimestre était prometteur et pourtant ce n'était pas facile. Les meilleurs élèves se retrouvent en compétition à Paris, et le régime est rude: 12 heures de maths et 8 heures de physique chimie par semaine, quelques autres matières (français, langues..), un cours qu'il faut savoir parfai-tement, car les concours portent uniquement sur des problèmes et des exercices et on ne peut les faire si on ne connaît pas parfaitement le cours. Beaucoup d’exercices à faire chez soi, car il faut s'exercer à ce qui sera demandé à l'écrit comme à l'oral, et chaque semaine, une interrogation de maths et une de physique-chimie de 3/4 d’heure chacune, avec cours et exos (on appelle cela les “colles”), qui préfigurent les interrogations des oraux.
                 Mais ensuite il s'est laissé entraîner par des camarades à fumer de temps à autre du cannabis, puis de plus en plus souvent, et il a fini par fumer un ou deux joints par jour.
                Au troisième trimestre tout s'est dégradé tout à coup : il n'arrivait plus à mémoriser le cours, et, ne le connaissant plus suffisamment, il séchait sur les exercices.
                Stressé il n'en fumait que plus, mais cela ne lui enlevait pas durablement son stress et il était de plus en plus incapable de travailler efficacement. Même se rappeler ce qu'il avait déjà appris et ce qu'il savait les trimestres précédents, devenait difficile.
                Et il oubliait même des rendez vous ou les heures des colles, s'il ne le notait pas.
                Sa moyenne s'est dégradée et il n'a pas été admis en "taupe *", qui permet de préparer les concours des grandes écoles, mais dans une taupe lui permettant néanmoins de passer les concours d'écoles plus faciles. Mais il n'était même pas sûr de réussir à suivre !
                 L'éloignement de ses camarades, un sursaut de lucidité, lui ont fait arrêter peu à peu de fumer du cannabis pendant les vacances.
                La mémoire est redevenue plus fiable peu à peu, mais il lui a fallu rattraper le retard de tout ce qu'il n'avait pas appris le dernier trimestre précédent.
                Il lui a fallu trois à quatre mois de plus pour récupérer totalement.
                Mais s'il avait continué pendant des années, non seulement ses études auraient été gâchées, mais il risquait que l'atteinte de sa mémoire ne soit plus totalement réversible.

              Je vous expliquerai demain l'action du cannabis sur la mémoire.

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