• Eloge de la paresse

         Après celle de la gourmandise je voudrais faire l’éloge de la paresse !


        D’abord il ne faut pas prendre pour de la paresse une préférence cérébrale qui consiste en la tendance à remettre de préférence au lendemain ce qu’on pourrait faire le jour même ou à faire les choses indispensables au dernier moment.
    Cela c'est la procrastination.
        C’est la tendance qui pousse une personne à privilégier la prise d’information au détriment de la décision, à s’adapter aux événements plutôt que vouloir maîtriser les situations. 

        Ce n’est pas un défaut, cela dépend des circonstances : c’est parfois subir au lieu de réagir, mais c’est aussi ne pas se battre contre des moulins à vent, comme Don Quichottede la Manche !
        C’est simplement que certains ont un cerveau préfrontal très actif, qui gère les situations, essaye de prévoir l’avenir et d’agir dessus en prenant des décisions, alors que pour d’autres, c’est le cerveau frontal qui est prépondérant, lequel gère nos sensations et les mémorise, accumulant ainsi des informations sans décision.

       
        Il ne faut pas non plus confondre la paresse avec le loisir, l’envie de se reposer, de s’amuser une fois le travail terminé.
        Ni croire sans vérification que quelqu'un est paresseux.

        Si l’on observe son entourage, on constate que rarement quelqu'un se qualifie lui-même de paresseux. C'est une attitude qu'on attribue généralement à un autre et, souvent, pour exprimer une déception à son égard, parce qu’il n’a pas réussi quelque chose.
        Expliquer le comportement décevant d'un autre par la paresse peut permettre de donner une "explication", pour éviter la recherche des causes réelles et classer le problème, évitant ainsi un confrontation désagréable.
        Pourtant rechercher sa cause serait utile, car la personne est elle vraiment paresseuse ?  Chez celui considéré comme paresseux, la paresse sert parfois à dissimuler une peur de l'échec : s'abstenir de fournir tout l'effort possible de peur de constater qu'on n'est pas capable de réussir, même en faisant tout ce qu'on peut,.
        Il ne faut pas traiter de paresseux quelqu’un qui a un terrible manque de confiance en soi.

        Certains sont vraiment très flemmards au point de ne rien faire. Je ne défendrai pas cette tendance.
        Le travail est nécessaire, et en travaillant beaucoup on obtient très souvent ce que l’on voudrait réussir.

        Mais chacun a ses horaires, ses capacités propres et si celui ci est efficace le soir et a ensuite besoin de dormir jusqu’à la mi-matinée, je ne lui jetterai pas la pierre, sous prétexte que je suis plutôt efficace au réveil, et qu’à partir de 23h je ne suis plus capable de réfléchir à un problème complexe. J’ai besoin de ma nuit pour régénérer mes accès-mémoire !
        Je ne parlerai pas non plus de ceux qui sont fatigués physiquement et ont pendant un certain temps, besoin de se ménager et donc de travailler au ralenti, ou bien ceux et celles qui, ayant réussi un concours difficile (par exemple les grandes écoles ou médecine P1) et qui ont dû, pendant des mois fournir sans relâche un énorme effort, et qui se retrouvent pendant quelques temps avec aucune envie de travailler .... et s’ennuient d’ailleurs.

        Mais peut on concilier travail et paresse?
        Certains sont paresseux tout en travaillant beaucoup.

        Même quelqu’un ayant une grande capacité de travail sent le besoin de se ménager, et seul les paresseux savent bien le faire.
        Travailler tout en ménageant ses efforts est une qualité. Ne pas aimer faire des tâches fastidieuses et essayer de trouver une solution astucieuse pour éviter ce qui n’est pas absolument utile, est non seulement une mesure d’économie, mais presque un challenge qui stimule l’imagination.
        Quand j’étais encore un tout jeune enfant, mon grand-père m’avait appris les quatre opérations et quand j’ai été en âge d’entrer à l’école, elles ne me posaient plus de problèmes, même avec des décimales. Mais mon grand -père qui était un grand travailleur flemmard m’avait appris aussi à faire beaucoup de calcul mental, et je faisais mentalement beaucoup des opérations simples que l’on pose en CE2, où j’avais été mis pour quelques mois quand j’ai atteint 6 ans, dans une école privée en face du logement de mes parents, avant d’aller à la rentrée suivante, à l’école publique. Cela agaçait ma gentille instit, soeur Marie-Ange, car je lui donnais les résultats sans poser l’opération et elle devait la poser pour vérifier si je m’étais trompé LOL
        J’ai aussi un petit fils qui, comme beaucoup, n’aime pas certaines matières, et il fait alors le minimum pour ne pas être inquiété, mais il est capable de s’investir à fond sur celles qui l’intéressent.
        Finalement être paresseux c’est souvent éviter de papillonner et de se fatiguer inutilement, c’est réserver son énergie sur ce que l’on juge être le plus utile (mais on peut se tromper !), et c’est faire travailler son imagination pour trouver des solutions nouvelles moins contraignantes.
        Etre paresseux, cela amène à faire souvent une étude “coût - efficacité” de ses efforts, pour essayer de choisir la solution optimale qui amène à dépenser le minimum d’énergie et d’argent, et donc, comme on a quand même une certaine motivation au travail, de faire, en définitive, au total davantage de choses et des choses plus intéressantes, et donc d’avoir davantage de satisfaction personnelle.


        “Il semble que c'est le diable qui a tout exprès placé la paresse à la frontière de plusieurs vertus.”
                    François de La Rochefoucauld


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  • Eloge de la gourmandise

        Quand j'étais gosse, de bonnes âmes me parlaient souvent des "sept péchés capitaux".  Leur contenu ne me paraissait pas très clair ni bien défini.
       Cela ne me gêne pas qu’on me critique, je trouve même souvent cela constructif, mais par contre, je n’aime pas qu’on m’impose ma conduite.
       Et cela m’agace d’entendre les moralisateurs à tous crins, parler sérieusement des “péchés capitaux”.
       Je déteste ces classifications arbitraires du bien et du mal, souvent très archaïques et de moins adaptées à notre vie actuelle.Et puis capitaux et capiteux, seule une lettre diffère.

       Alors j'ai envie de faire l'éloge de certains péchés capitaux. Je commencerai par la gourmandise.

    Eloge de la GOURMANDISE :

        La gourmandise est un “vilain défaut”, lit on dans les bouquins à l’eau de rose pour jeunes enfants du 19ème siècle. Evidemment, ce n’était plus “le siècle des lumières”.

        Aristote et Platon l’opposent à la tempérance, mais de nos jours la tempérance est plutôt l’opposé de la goinfrerie.
        Paradoxalement les épicuriens la considéraient comme un plaisir superflu, contraire à l’ataraxie et la recherche du bonheur.
        La religion catholique m’a toujours amusé en la classant dans les péchés mortels justiciables du troisième niveau de l’enfer dans “la divine comédie”.
        Pourtant certains papes ont aussi dit que c’était impossible de manger sans éprouver la joie que produisent naturellement les aliments et que ce n’était pas un péché si “le mobile du repas est bon et digne”.
        Ma cervelle va bouillir : mes repas sont ils bons (oui au plan culinaire !) mais un digne mobile qu’est ce mon Dieu ?
        Mon petit ami Robert me rassure car s’il parle de gros mangeur, il dit aussi que le gourmand mange par plaisir de la bonne cuisine et que c’est une fine bouche, un gastronome et ma petite amie la Rousse, en sa quelité de femme qui sait qu’il faut retenir les homme par la bouche, dit simplement qu’un gourmand aime manger de bonnes choses !!
        Me voilà rassuré, on peut être gourmand sans être goinfre.

        En quoi cela nuit il aux autres d’être gourmand, dites moi !
    Tout au plus, si nous ne sommes pas raisonnables, si nous n’équilibrons pas assez nos repas nous prendrons un peu de poids, mais au moins ce sera par plaisir.!
        Je trouve du plaisir à manger des mets qui aient un goût agréable, des nourritures que j’aime, qui soient bien cuites, bien assaisonnées, avec éventuellement des sauces telles qu’on n’a pas envie d’en laisser dans l’assiette. C’est quand même mieux qu’une viande hachée de chien ou de chat entre deux tranches de pain bioché comme j’en ai mangé aux USA ou du lapin au court bouillon de poisson ou des cerises à l’eau de vie avec un anchois roulé dans chaque cerise, que je n’ai que moyennement appréciés lors d’une réception en Angleterre !
        Au dela du plaisir de manger, il y a aussi celui de réussir un bon plât, voire d’innover un peu, d’adapter une recette, de bien présenter la table et les plats. C’est un peu comme le travail d’un peintre ou d’un sculpteur.
        Celui aussi d’être autour d’une table, en famille ou entre amis. Le repas, outre le plaisir qu’il apporte à la fois de bien recevoir et d’être bien reçu, c’est un moment de convivialité où l’on peut discuter, échanger, ressérer les liens, bref prendre quelques instants de bonheur.
        Et n’avez vous jamais éprouvé du plaisir à offrir et à manger des chocolats ? En plus c’est excellent contre le stress et un chocolat très noir ne fait pas grossir.

        Finalement être gourmand, ce n’est pas être goinfre, ce n’est pas trop manger et boire, c’est aimer manger en petite ou raisonnable quantité des choses bonnes et qui font plaisir.
        Et c’est cela que nos censeurs grincheux nous reprochent : prendre du plaisir à vivre. Pour eux il faudrait être non seulement spartiates, mais même masochistes.
        Et je regrette souvent qu’on ne forme pas davantage le goût des jeunes, qu’on les habitue à ne manger que des pâtes et du poisson pané (avec plus de pane et d’huile que de poisson, ce qui au plan diététique...)
        Le goût se forme, comme on peut former la vue à la beauté. Les sensations que délivrent la langue, le palais, le nez à notre cerveau sont ensuite interprétées par les centres de récompense dont j’ai souvent parlé, et la dopamine et les signaux qu’ils délivrent peuvent nous apprendre à apprécier la nourriture goûteuse comme nous apprenons à marcher ou à saisir un objet.
        Personnellement ma grand-mère et ma mère m’avaient appris à faire certains plats, certes j’exerce peu ce savoir car ma femme est une excellente cuisinière, mais je pense que c’est un art qui mérite qu’on le cultive et même des recettes toutes simples apportent souvent beaucoup de plaisir.

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  • Ne jugez pas autrui.

        Nous avons beau savoir qu'il ne faut pas juger un acte, nous sous demandons souvent comment faire lorsque l’on veut aider la personne, mais que cet acte est très éloigné de nos propres réflexes, et qu’on ne le comprend pas, qu’on ne l’approuve pas.
        Efectuvement, ce n’est pas aussi simple que cela.

        C’est vrai, il faut se garder de juger quelqu’un, surtout s’il est dans une situation difficile. On n’est pas  dans le même environnement que lui, on n’a pas la même personnalité, on ne ressent pas les problèmes de façon identique; il est donc très difficile de se mettre à sa place. Tout au plus pourrait on dire, “je ferais telle action, si j’étais dans la même situation que lui”, si tant est que l’on connaisse cette situation !.

        Les situations face auxquelles on se trouve sont très différentes et de gravité très diverses : du chagrin d’amour, dont l’intensité peut être très variable, aux parents qui divorcent, à ceux dont les principes d’éducation sont sévères et traumatisants ou qui boivent ou se droguent, et jusqu’aux agressions qui peuvent détruire un être.
        Il est extrèmement difficile de mesurer quels sont les sentiments exacts ressentis par quelqu’un : tristesse, angoisse, peur, désespoir, manque de confiance en soi et sentiment d’inutilité, isolement, abandon ?
            
        Pour apprécier vraiment la situation de quelqu’un il faut très longtemps et tout d’abord instaurer une confiance suffisante pour réfléchir ensemble sur des faits, sur l’environnement, les personnalités, les sentiments, faire des hypothèses, imaginer des solutions; les données sont souvent intimes et secrètes et il n’est pas facile de se confier à autrui. Se faire une opinion demande temps et échanges nombreux.

        Si un(e) de vos camarades, de vos ami(e)s est en situation difficile, essayez de lui montrer que vous l’aimez, écoutez, essayez de comprendre, mais ne jugez pas, ne critiquez pas.
        Essayez de voir si la personne raisonne correctement ou si elle est perdue dans un monde irréel et n’a plus le sens des réalités, ou encore si elle est engluée dans sa tristesse et son désespoir et ne peut s’en sortir.
        Dans ces derniers cas, il est peu probable que vous puissiez l’aider suffisamment et il faut faire appel à un adulte expérimenté ou à un médecin.

        Et faites attention à vous même; cotoyer quelqu’un dans une telle situation est assez traumatisant et on finit, si l’on n’est pas très résistant au stress, par succomber soi-même à cette ambiance et par se sentir envahi par la tristesse et l’angoisse.

        Quand je parle de “ne pas juger”,  je ne me fais pas toujours bien comprendre; voici ce que je veux dire exactement :

        Il ne s’agit pas de ne pas donner son opinion, d’être toujours d’accord,
        Il s’agit de ne pas porter de “jugement de valeur”.   
        Mais à l’inverse ne vous vexez pas si votre interlocuteur n’est pas d’accord avec vous et s’il vous le dit objectivement en exposant ses idées, chacun a droit à ses opinions et cela ce n’est pas juger l’autre !


        Ne dites pas d’une personne qu’elle est bonne ou mauvaise, que ce qu’elle fait est bien ou mal.
        N’allez pas dire à votre camarade qui souffre “c’est idiot de faire comme tu fais, tu ferais mieux de faire ceci” ou pire “tu n’as pas honte de faire cela, tu ne fais que faire du mal à toi même” ou même “tu n’aurais pas dû faire cela, c’est très mal, rends toi compte la peine que tu as faite à tes parents, tes amis...”
        Lorsque vous portez un jugement de valeur sur quelqu’un, ou sur l’une de ses actions, vous le culpabilisez encore plus et finalement vous augmentez sa tristesse.
        Mais il n’est pas question de ne pas donner son opinion, d’abdiquer devant l’adversité ou devant quelqu’un, qui parfois n’est pas aimable avec vous.     On peut donner son opinion, mais sans juger.

        Attention aussi, avec des gens susceptibles, ou avec les parents qui n’aiment pas recevoir des leçons de leurs enfants, d’éviter si possible les réflexions du genre “ce n’est pas comme cela qu’il faut faire; moi à ta place.... ”  ou  “vraiment ce n’est pas malin d’avoir fait cela....”, car là aussi la personne à qui vous faites cette réflexion culpabilise et avec les parents, cela amène parfois des retours de bâton!
        Essayez plutôt de dire “je ne suis pas de cet avis...”  ou “je pense que...” et de dire pourquoi, mais sans juger, en n’essayant de n’énoncer que des faits, des actions ou des opinions personnelles, mais qui ne mettre pas en cause la “qualité” de votre interlocuteur.

        Ce n’est pas facile : la preuve : en écrivant cet article, je vous dis implicitement que vous commettez parfois des maladresses. C'est un jugement de valeur !
        Moi aussi  d’ailleurs, rassurez vous, cela m’arrive aussi d’être maladroit    
      

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  • Savoir tourner la page.

           Dans l'article d'hier je vous disais qu’une partie de votre peine était due à des regrets ou des remords. Peut on maîtriser notre tendance à ainsi regretter ?

            Nous regrettons souvent les conséquences néfastes ou non désirées de nos actes ou des événements de notre passé : ce sont nos remords.
            D'où un premier" conseil, de lucidité: face aux événements, “n'oubliez jamais d'imaginer tout ce qui aurait pu se passer, y compris ce qui aurai pu être pire et pas seulement ce qui aurait pu être mieux!”.
        Pensez à ceux qui sont dans des situations bien plus difficile que vous et relativisez donc les inconvénients de votre situation. Et voyez aussi que celle-ci a certes des inconvénients mais aussi des avantages. Alors pensez aussi à ces cotés positifs.
        Et puis si vous aviez fait différemment, vous ne savez pas ce qui se serait passé. La vie ne se vit qu’une fois ! Alors les résultats du “si j’avais su...” sont toujours hypothétiques.

            Les sujets perfectionnistes, cherchant toujours à atteindre le meilleur résultat et à faire les meilleurs choix possibles, sont globalement moins satisfaits de leur existence, car ils sont plus exposés aux remords et regrets que ceux qui se contentent d'un « choix acceptable ».
             D'où un deuxième conseil, de sagesse : “apprenez, dans divers domaines de votre quotidien, à renoncer à l'idéal, et à apprécier des résultats même modestes.”
            Cette attitude n'est pas une acceptation de la médiocrité, mais une recherche du juste milieu et du meilleur rapport entre coûts et bénéfices dans les actes quotidiens.
        Certaines de mes guenons en perpétuelle recherche du bonheur, rêvent toujours de situations et d’êtres parfaits et du coup, sont toujours déçues. Ce ne sont ni leurs actes ni leurs conséquences qui font leur malheur, mais l’impossible attente d’une solution idéale qu’elles avaient imaginée et qui ne peut arriver.

            Certaines personnes ont tendance à tout reporter au lendemain, et l’habitude de subir les événements, voire pire, de renoncer à agir. C’est une préférence de notre cerveau, qui poussée à l’extrème, nous incite à rassembler toujours plus d’information, sans passer à la décision et à l’action.
            Puisque les regrets liés à l’inaction sont les plus graves, et que l’inaction entraîne une encore plus grande hésitation à agir, , on pourrait conseiller “dans le doute il faut toujours agir”
            Un tel conseil doit cependant être adapté : chez les personnes qui ont l’action facile, les regrets sont moins importants en cas d’échec lié à une action que si l’échec est lié à une inaction, mais c’est l’inverse chez les personnes hésitantes et inhibées, pour lesquelles les échecs liés à l’action sont plus douloureux.
            D’où l’utilité de connaître sa propre personnalité.
            Et puis évidemment, agir ne veut pas dire: faire n’importe quoi.

            En fait il est impossible de ne rien regretter car chaque choix se fait au détriment d’un autre.
            Plutôt que de viser la maîtrise totale des meilleurs choix (impossible) ou l'évitement total du moindre choix (inefficace), la meilleure option semble être d'apprendre à gérer intelligemment ses regrets.
            Il faut apprendre à faire le  bilan de nos actes, et à en tirer des leçons pour l'avenir. Pour se libérer de la peur de l'échec et des regrets anticipés, le plus efficace n'est pas de renoncer à agir, mais d'augmenter sa tolérance à l'échec, et surtout d'apprendre à en tirer les enseignements, afin de transformer les occasions de regretter en occasions d'apprendre
             « Si vous perdez, ne perdez pas la leçon.»


    “Surtout ne te retourne pas, ne reste pas dans le passé, tire la leçon de tes erreurs, essaie de bien définir ce qu’il ne faut pas recommencer dans une telle situation et tourne la page. Ne garde que les bons souvenir du passé et tourne toi résolument vers l’avenir, vers les projets et les décisions que tu dois prendre, vers les actions que tu dois mener sans rechercher l'impossible ni la perfection.”

        C’est ce que me disaient mes grands parents quand j’étais ado.

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  •  

    Surtout ne te retourne pas.

      Je constate que beaucoup de personnes sont tristes parce qu’elles n’arrivent pas à “sortir de leur passé” et que celles qui ont réussi à enfin tourner la page, sont libérées en grande partie de leur souffrance.
        Le poids du passé est fait surtout de remords de ce que l’on a fait et qui était une erreur, et des regrets de ce que l’on n’a pas fait et qu’il aurait probablement mieux valu que l’on fasse.
        J'ai déjà fait un article sur la physiologie des remords et des regrets, mais je vais revenir sur cette question..


        Notre retour sur le passé est constitué de deux attitudes :
             - nous regrettons certaines de nos actions actuelles (ou très proches) et qui ont échoué. Nous regrettons nos erreurs actuelles. Ce sont des regrets “à chaud”, très intenses, mais qui s’atténuent au fur et à mesure que le temps passe.
        On les appelle des “remords”

            - en ce qui concerne le passé, ce que nous regrettons surtout, ce sont nos inactions, les actions que nous n’avons pas eu le loisir, le courage ou l’intelligence de faire. Nous regrettons nos faiblesses passées. Ces regrets s’effacent beaucoup moins et restent dans notre mémoire ou dans notre inconscient. Ce sont ces pensées que j’appelerai des “regrets”
        Si vous voulez un bon exemple de ce type de regrets, lisez  “A la recherche du temps perdu” de Proust.

        Notre tristesse vient, surtout dans le deuxième cas, de la certitude que nous avons qu’il est impossible de remonter le temps, que nous n’aurons pas une “deuxième chance”.et du stress qui accompagne cette constatation.

        Certaines personnes sont plus sensibles aux retours sur le passé :
            - les “réalistes”, les “analystes”, qui vivent plutôt dans le présent et le passé seront plus sensibles que les “imaginatifs”, orientés vers l’avenir.
            - les personnes peu actives auront tendance à ressasser leurs regrets, alors que ceux qui sont occupés en permanence n’ont pas le temps d’y penser
            - Les optimistes regardent le “verre à moitié plein” et le bon coté des choses, tandis que les pessimistes, qui voient le ”verre à moitié vide “, ne retiennent que les aspects négatifs, d’où regrets.
            - les indécis auront plus de regrets que ceux habitués à décider et à agir.
            - ceux qui n’ont pas une bonne opinion d’eux mêmes et qui n’ont pas confiance en eux, ont tendance à être plus critiques, moins sûrs d'eux et donc à regretter, ce qui ajoute à leur mal-être.
            - certaines raisons physiologiques peuvent intervenir : sensibilité à l’hormone du stress, le cortisol, par exemple.

        Milan Kundéra décrivait ainsi la tristesse qu’engendre les regrets dans “L’insoutenable légèreté de l’être” :

    « On ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car on n'a qu'une vie et on ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures......
     Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie n'est l'esquisse de rien, une ébauche sans tableau.
    Une fois ne compte pas, une fois c'est jamais. Ne pouvoir vivre qu'une vie, c'est comme ne pas vivre du tout. »

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