• Au secours d'un chagrin d'amour.

    Au secours d'un chagrin d'amour.
       

     

     

     

     

     Des roses de mon "jardin sur le toit"

     

        Une correspondante d'Eklablog me demande pourquoi je m'occupe parfois de jeunes ados. Alors le mieux , c'est que je vous raconte ce qui est arrivé à une de mes correspondante, qui m'a autorisé à en parler, mais évidemment je vais lui donner un surnom : Falbala. Et ne cherchez pas; elle n'est pas sur Eklablog. Je veux vous montrer combien des ados peuvent être méchants, peut être en partie inconsciem-ment et que ceux qui en souffrent ont parfois besoin qu'on les aide un peu.

            J’ai connu Falbala il y a  une dizaine d'années, en avril. C’était une jeune de 16 ans qui appartenait à un groupe de jeunes “gaulois” d’une classe de première S et leurs camarades d’une autre première ES d’un lycée, dans laquelle était une autre jeune fille de 17 ans, Ikéa.
            Falbala avait depuis un an un petit ami, Périphéric, qu’elle aimait à la folie, de tout son coeur. Elle m’en faisait des descriptions romantiques et dithyrambiques : l’amour est aveugle!
            Mais elle pleurait parfois parce que, lorsque elle avait une fête de famille et ne pouvait sortir avec lui, celui-ci allait se promener avec une autre fille. Mais ce n’était jamais la même, et il lui disait qu’il n’aimait qu’elle, Falbala, et qu’elle était le “menhir de sa vie”; et après tout, se promener n’est pas interdit. Pourquoi serait il resté cloîtré comme un druide?
            Bref Falbala pleurait parfois “sur mon épaule virtuelle”, mais tout allait encore bien à la fin des classes, en juin.
            Pourtant ce qui m’étonnait, c’est que Périféric et Falbala se connaissaient peu, ne savaient pas vraiment ce qu’il y avait dans le coeur de l’autre, n’avaient pas de projet commun; ce n’était pas un vrai couple au plan sentimental, mais je ne m’en étonnais pas trop; cela semble l’habitude et la règle aujourd’hui : ma conception de l’amour est probablement archaïque !

            Et puis mi juillet, coup de tonnerre : je reçois un mail de Falbala me disant que Périferic vient de lui téléphoner qu’il part en camping avec Ikéa, parce qu’elle, au moins, veut bien faire l’amour avec lui. Falbala dit qu’elle n’y survivra pas et à distance ce n’est pas facile de consoler!. Alors, entre mail, Messenger et portable, on se débrouille néanmoins, et Falbala remonte peu à peu la pente et surmonte son gros chagrin d’amour.
            Fin août, elle revoit Périféric et lui avoue, avec quelques larmes, qu’elle a failli se suicider à cause de lui, mais que maintenant, tout va bien, qu’elle est forte et responsable, qu’il n’est plus son petit ami, mais qu’elle voudrait qu’il reste son copain.
            Périféric se montre gentil et l’embrasse sur les deux joues.

            Mais sans doute culpabilise t’il, et sa position n’est pas très glorieuse vis à vis des copains du groupe qui aiment bien Falbala. Et puis, qu’on ne le regrette pas plus que cela, que Falbala soit de nouveau joyeuse, cela choque son amour-propre !
            Alors il  raconte aux copains qu’il l’a quittée parce qu’elle “est frigide”.
            Et de son coté, Ikéa raconte partout que Falbala pleure tout le temps pour récupérer son ami, (ce qui est faux), qu’elle est “hystérique et dépressive.”
            A la rentrée en terminale, Falbala voit avec stupeur les jeunes du groupe lui faire la gueule et rire derrière son dos. Elle s’énerve, pleure un peu , ce qui aggrave son cas. On appelle à nouveau papynet au secours.
            La peine de Falbala est terminée, certains de ses amis ont reconnu leur erreur, mais d’autres n’ont pas voulu se “déshonorer” ainsi, et le groupe est maintenant coupé en deux.
            Et Périféric a quitté Ikéa, qui est furieuse !

            Aujourd'hui, Falbala a 25 ans, un mastère de sciences et elle est ingénieur dans une entreprise.

            Sans doute me direz vous, c’est une banale affaire, un jeune égoïste un peu lâche et menteur et une garce, qui ont profité de la naïveté d’une jeune fille amoureuse.
            Mais je ne veux juger ni Périféric, ni Ikéa.
            Ce qui m’étonne et me soucie, c’est que des jeunes dans un groupe, qui se disent amis, soient crédules à ce point, et surtout, qu’ils enfoncent ainsi Falbala, leur amie, sans se rendre compte du mal qu’ils lui ont fait.

            Pour moi  (non seulement aujourd’hui, mais aussi quand j’avais votre âge), les copains, c’est un peu comme “les copains d’abord” de la chanson de Brassens : la solidarité d’abord.
            Quant à la grande amitié, c’est presque un amour platonique, c’est partager joies et peines, même si cela vous en coûte un peu, c’est ne pas laisser tomber l’ami(e), c’est le soutenir, le consoler, l’aider à remonter la pente et le défendre, bec et ongles, vis à vis des autres, surtout quand ils sont injustes avec lui.

            Peut être ai-je une conception archaïque de l'amitié. Je vais faire deux article sur ce sujet.

    Au secours d'un chagrin d'amour.Au secours d'un chagrin d'amour.

      

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  •     Je vous ai décrit succinctement ce qu’était le système de récompense de notre cerveau et mon dernier article portait sur l'apprentissage du bébé.. Je n’ai pas toujours été assez clair et j’ai laisssé des points dans l’ombre pour ne pas compliquer, et du coup, j’ai reçu plusieurs mails avec des questions. Je voudrais être plus concret et vous donner quelques exemples de fonctionnement de ce système.
        

        On trouve de nombreux écrits sur l’apprentissage de connaissances par l’homme, les méthodes et les mécanismes. De quoi remplir de nombreux articles.... et vous casser les pieds. Alors je vais me limiter à quelque chose de simple : l’apprentissage de l’utilisation de ses membres par un bébé.
        Puis nous réfléchirons à généraliser un peu cet exemple.

        C’est un enfant de quelques mois. Sa vue est devenue à peu près normale, mais il ne voit pas encore très distinctement au loin, mais jusqu’à quelques mètres, c’est parfait. Son toucher s’est développé et il sent parfaitement  de ses dix doigts les objets avec lesquels il entre en contact.
        Son cerveau est relativement bien formé; il a même trop de neurones et surtout trop de connexions, mais sa mémoire est presque vide et  son cerveau a presque tout à apprendre.

        Et c’est là que vont intervenir les centres de récompense et de punition, en tant que centres d’apprentissage. Leur rôle va être d’aider le cortex et le cervelet à acquérir des automatismes. Cela va commencer par l’usage de nos membres et surtout de nos mains.
        Le cerveau a, au départ, un certain nombre de “cablages” qui ont été réalisés par nos données génétiques : je vous ai décrit très succinctement les centres qui permettent au cerveau de “mesurer” l’état de nos muscles, de leur position, de leur tension, de leur fatigue, et puis les centres moteurs sur le dessus du crâne qui permettent de commander les mouvements.(voir mon article précédent du 27 mai 2019).
        Les ordres qu’ils donnent passent en particulier par un centre du cerveau émotionnel, le striatum, qui est relié aux centres de la récompense.

        Le cortex de bébé sait aussi de façon innée, avoir un minimum de raisonnement et de prise de décision.
        Tous ces mécanismes sont en grande partie inconscients. La partie consciente est partiellement instinctive : bébé a envie d’attraper des boules de couleur qui sont suspendues au dessus de son berceau dans un fil élastique, il lance un processus qui va lui permettre de la faire mais il ne se dit pas :" je vais attraper ces boules, il faut que je bouge ma main"... Ce raisonnement n’est possible qu’avec l’acquisition du langage.

        Alors que fait le cerveau de bébé. : il veut attraper la boule rouge, ses yeux se fixent dessus. Son cortex préfrontal et son thalamus (qui coordonne nos sens et donc la vue) avertissent l’ATV qui émet un peu de dopamine. Les centres connexes sont avertis qu’on est en train de “faire une expérience” et ils attendent la récompense.
        Le cortex préfrontal et les centres moteurs, via le striatum, guident le mouvement de la main vers l’objet.
        Mais les centres du cerveau (à l’arrière du crâne), qui interprètent la vision, savent un peu détecter les mouvements mais pas bien encore la profondeur, la distance (qui est une interprétation par le cerveau des différences  de vision entre les deux yeux). Alors la main de bébé passe devant la boule et ne l’attrape pas.
        L’ATV est mise au courant de l’échec et supprime la dopamine : c’est une punition. Le cortex préfrontal est averti; il relance l’opération et cette fois bébé touche la boule mais n’arrive pas à l’attraper. L’ATV devant ce demi échec, mais qui est aussi une demi réussite, augmente un tout petit peu le taux de dopamine.
        Le cortex préfrontal et le cerveau émotionnel de bébé sont contents de ce fait (la récompense ou le plaisir) et on fait une autre tentative : si cette fois elle réussit, le taux de dopamine augmentera nettement la récompense !.
    Bébé et son cortex seront heureux et il arrêtera son jeu, avec l’idée de la réussite obtenue.
        Mais le cortex préfrontal aura retenu la leçon, l’aura transférée dans des connexions entre neurones (la mémoire) et la prochaine fois il repartira de ces données pour améliorer son processus.
        Puis quand ce processus, d’essai en essai, d’échecs en réussite, se sera amélioré suffisamment, il transfèrera tout le processus dans les neurones du cervelet. Cela deviendra un automatisme (notre “mémoire procédurale”) et le cortex pourra s’intéresser à une autre mise au point.

        Au lieu de bébé, voyons maintenant Ikéa, jeune fille de 18 ans qui apprend à conduire. Elle doit faire un créneau pour garer sa voiture.
        Le processus est le même que pour bébé, sauf qu’à 18 ans, en principe, elle sait parler et son cortex préfrontal a appris à réfléchir consciemment à l’aide du langage.
        Alors au lieu de faire des gestes sur des ordres presque inconscients du cortex, celui ci raisonne : il faut que je tourne mon volant dans tel sens, je suis à telle distance du trottoir....
        Mais si je cogne le trottoir ou horreur!, que je monte dessus, pas de dopamine : pas de récompense mais la punition, et on recommence  le geste ou la manoeuvre ; et en cas de réussite , davantage de dopamine et le sentiment d’avoir réussi.
        Mais là encore, les procédures mises au point, le cortex préfrontal en transfère le maximum au cervelet. Certes il réfléchira encore lors d'une manoeuvre complexe, mais les changements de vitesse, l’utilisation de l’embrayage et du frein, les mouvements de volant pour corriger un peu la trajectoire, seront devenus des automatismes pour lesquels le cervelet se débrouille seul et le cortex préfrontal ne s’en occupe plus.
        C'est d'ailleurs comme cela qu'en conduisant et en parlant dans la voiture à son voisin avec lequel on va au cinéma, on se retrouve inconsciemment sur le chemin du bureau qu'on emprunte tous les matins de la semaine !! Le cervelet est comme un ordinateur : pas intelligent : il applique un programme.

        Alors maintenant, je vais essayer de répondre à une question plus difficile : le plaisir s’apprend il ? Oui certes.
        Si tu manges un plat, tu as les odeurs du met qui chatouillent tes narines. Or le septum est relié aux centres de sensation olfactive et donc il s’attend à avoir un résultat et en liaison avec les autres centres,un peu de dopamine circule.
        Manque de chance, le met a une odeur qui ne te plaît pas. Je suppose que c’est du choux de Bruxelle, odeur que personnellement je n’aime pas. Dès que les centres de récompense savent cela, indignés, ils arrêtent la dopamine.
        C’est au contraire une bonne odeur de lapin à la moutarde. Déjà le taux de dopamine augmente, et quand je mangerai le morceau, les sensations olfactives renforcées et gustatives des papilles de la langue enverront des signaux positifs et le taux de dopamine augmentera encore, renforçant les connexions entre neurones; et via  "l'aiguilleur de la mémoire”, l'hippocampe, l’odeur, la saveur, l’image de ce que tu manges seront mémorisées avec le souvenir de l’intensité de la récompense, de la satisfaction obtenue.
        C’est ainsi que se forme le goût. Associations en mémoire d'odeurs, de saveurs et de plaisir, lié à la récompense.
    Et tu saliveras de plaisir rien qu'à la phrase ou à la vue sur un menu de "lapin à la moutarde" (sauf si comme ma petite fille, tu élèves un lapin !! LOL)
       
        Par contre là où je n’ai pas d’explication, c’est pourquoi tu aimerais un gâteau à la cannelle et moi pas ?
       Nos parents certes nous ont plus ou moins formés le goût. Puis nous avons eu des expériences malheureuses  (indigestion, gastro...) qui nous ont dégoûtés de certains plats, de certaines odeurs en créant des blocages au niveau de notre cerveau émotionnel.
        Il y a ensuite toute notre éducation “personnelle” au cours de notre vie, seul ou avec des amis.
        Mais pourquoi la première fois qu’on connaîtra une saveur, une odeur, pourquoi celles ci plaîront plus à l’un qu’à l’autre.? Probablement une réaction à un mélange d’arômes et de saveurs élémentaires qui plaît davantage à notre mémoire, mais nous n’avons pas conscience de cette analyse.
        Et là encore il s’agit d’un plaisir simple, relativement physiologique.
        Déjà pour la musique, la chose devient plus complexe : paroles, sons, harmonie, mélodie, émotion; mélange dont notre cortex préfrontal, si “intelligent” soit il, ne sait pas faire l’analyse précise. Mais il est certain que notre oreille fait une sorte d’analyse de Fourier des sons et que par exemple nous sommes habitués à une harmonie occidentale et qu'une harmonie orientale, très différente, nous paraît, au prime abord, dissonante et désagréable. 
        La lecture c’est pire encore, car on touche à la pensée !
        Et savons nous vraiment pourquoi l’être aimé nous plaît ?

        Donc je réponds en Normand : l’appentissage du plaisir certes oui cela existe et on peut avoir une grande influence que ce soit en tant qu’éducateur ou sur le plan de nous même, mais pourquoi certaines choses nous plaisent elles, (différemment de l’un à l’autre) je n’ai pas trouvé dans les bouquins de neurologie ou de psychologie d’explication qui me satisfasse.

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  •  

         J'ai fait des articles sur la vue, l'ouïe et leur interprétation par le cerveau.
         Aujourd'hui je vais parler du toucher, mais il faut traiter en même temps le problème de nos mouvements, qui sont liées à un sens particulier : la connaissance de l'état de nos muscles et de la position de nos membres.

    Le toucher, les mouvements, l'état de nos muscles.

         Je dois donc commencer à décrire les centres correspondants du cerveau, qui se trouvent dans le cortex pariétal, sur le dessus du crâne, que l'on voit sur le schéma ci-dessous
             - Au centre les centres de décodage des perceptions envoyées par les terminaisons nerveuses de notre peau : les sensations du “toucher” (en jaune clair). Nous les détaillerons plus loin.
            - A coté, vers l’avant du cerveau, les centres de commande des mouvements des différents muscles de notre corps. Il y a trois sortes de centres :
                     • le cortex prémoteur qui prépare nos mouvement en rassemblant les renseignements nécessaires sur les positions spatiales notamment. (en bleu foncé).
                     • le cortex moteur qui transmet les ordres aux muscles (en rouge).
                     • le cortex moteur supplémentaire qui régit des mouvements complexes ou très précis. (en violet)
            - A coté, vers l’arrière du cerveau, les centres de “kinesthésie”  (en bleu et en vert clair), qui transmettent en permanence au cerveau les données sur l’équilibre de notre corps et ses postures, les positions de nos membres, les états de contraction de nos muscles, les efforts qu’ils supportent

         Avant de décrire les centres d'interprétation du toucher, un petit schéma quant aux nerfs de notre  peau, schéma qui comporte ses propres explications

    Le toucher, les mouvements, l'état de nos muscles.

        Si nous examinons de façon plus détaillée le cortex sensoriel , les divers centres qui le composent correspondent aux diverses parties du corps. (voir leschéma ci dessous à gauche)
        Mais toutes ne sont pas représentées de la même façon: la place consacrée à la représentation du visage, par exemple, est plus importante que celle des jambes, ce qui donne l'image d'un homme déformé, (la grosseur de ses partie ayant été représentée proportionnellement à l’importance des centres nerveux correspondants.). Les neurologues le nomment "homonculus" (schéma à droite).

    Le toucher, les mouvements, l'état de nos muscles.

    Le toucher, les mouvements, l'état de nos muscles.

     

     

     

     

     

     

     

     

     



         Comme dans le cas de la vision, « l’image spatiale » de la sensation à la surface de la peau est retransmise à des neurones spécifiques, car il y a connexion d’une ensemble de détecteurs sensoriel à un endroit donné, via toujours les mêmes fibres nerveuses et les mêmes relais dans le thalamus, à toujours les mêmes neurones, qui reçoivent donc la sensation à cet endroit précis.

        L’organisation détaillée du cortex sensoriel présente une certaine analogie avec le cortex visuel : Il existe un cortex primaire, qui analyse les informations brutes et notamment celles du toucher. Certains de ses centres traitent plutôt les informations de pression, d’autres les informations tactiles des doigts et permettent l’analyse des textures et des formes. Les information de pression, tactiles, de température, sont analysées par des neurones différents et une zone particulière traite en suite de la synthèse des sensations complexes.
        Ce cortex primaire est également organisé en colonnes.

        Ensuite un cortex secondaire effectue des synthèse au niveau de tout le corps, et intègre des information du schéma corporel. Il a de nombreuses liaisons avec le cerveau émotionnel et le cortex frontal.
        Enfin le cortex pariétal postérieur, appelé aussi le cortex sensoriel associatif permet d’avoir une image mentale de notre corps, mais aussi une imùage mentale des objets que nous touchons. Le cortex pariétal postérieur permet d’acquérir une connaissance consciente de notre corps ou de ses parties dans l’espace, au repos ou en mouvement.

        Le « schéma corporel » est l’ensemble des perceptions de notre corps, presque totalement inconscientes, et qui permettent à notre cerveau , d’une part de percevoir l’environnement par notre toucher, et d’autre part de coordonner mos muscles et l’action de nos membres (en liaison avec la vue de l’environnement et le toucher).
         A ce titre le schéma corporel est stable et automatisé, non contradictoire, mais en perpétuel changement chaque fois que notre corps bouge dans l’espace.
        Le schéma corporel  a donc pour fonction de rendre possible la réussite des actions les plus simples qui nous permettent d'agir dans notre environnement quotidien. Il joue un rôle essentiel, puisqu'il sert à naviguer dans l'espace, à marcher ou à courir sans trébucher ni se cogner contre les objets environnants, à localiser des cibles mouvantes dans l'espace et à les suivre à la trace, à percevoir la profondeur, la distance, ou encore à lancer ou attraper une balle.    
        Il est inconscient et préorganisé, c’est à dire qu’il a des logiques préexistantes du fait de la constitution de notre corps et l’image que nous nous faisons de nous-même repose sur un ensemble de représentations qui peuvent entrer en conflit, et il en découle parfois des illusions amusantes.
            Les positions relatives des doigts sont ainsi préalablement fixées pour que le schéma corporel puisse fonctionner. C'est la raison pour laquelle vous aurez l'impression qu'un objet touché par deux doigts croisés se dédouble.
            Vous pouvez le vérifier en posant le majeur et l'index de votre main droite sur votre nez, après les avoir croisés. Dans le schéma corporel, le majeur est supposé se trouver à gauche de l'index (si vous regardez la paume de la main droite). Mais l'information tactile causée par le contact du nez et des doigts croisés contredit ce schéma : si l'on suppose qu'un seul objet est la source de ces informations reçues par les doigts croisés, cet objet doit se trouver à droite de l'index, et à gauche du majeur - ce qui est évidemment impossible si le majeur est toujours à gauche de l'index. Pour résoudre cette incohérence, notre cerveau suppose à tort que deux objets (deux nez) sont présents, ce qui explique l'illusion.
        La connexion étroite entre les centres d’interprétation du schéma corporel et les centres moteurs permet de manipuler les objets

    Nota : j'ai oublié de préciser sur les schémas, que je n'ai représenté que l'hémisphère gauche du cerveau, qui est lié au coté droit du corps; l'hémisphère droit est en tous points symétrique et s'occupe du coté gauche du corps. Ils sont liés entre eux, par un faisceau nerveux qui s'appelle le "corps calleux".

     

     

     

     

     

     

     

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  • Dommages dans le cerveau.

               Une lectrice m’a posé la question suivante, à propos du système de récompense :

    « si un choc violent (accident de voiture par exemple) frappe le cortex préfrontal, est-ce que le système de récompense est gravement touché? Ou le cerveau arrive t'il à passer outre ce choc? »

               Ce n’est pas une question simple, et ma réponse serait trop longue dans un commentaire; comme cela peut intéresser d'autres lecteurs, j’ai pensé que le mieux serait de faire un article qui réponde à cette question.                                 

              On pourrait évidemment répondre simplement que le cortex préfrontal est le principal centre de ce système de récompense, car c'est lui qui commande nos actions volontaires et réfléchies. Donc le système de récompense est gravement touché.

              Mais ce n'est pas aussi simple que cela car, dans un choc, les dommages sur le cerveau peuvent être très divers et il peut n'y avoir que des dégâts très partiels sur les centres correspondants.                                

     

    Un grand choc sur le crâne :

     

               Quand le cerveau reçoit un choc, c’est en fait la boîte crânienne qui le reçoit, et elle est très solide. Au niveau du cerveau , cela ne tue pas directement les neurones, mais il peut y avoir un oedème, ou des épanchements sanguins.

              L’oedème comprime les neurones et perturbe leur fonctionnement (certains peuvent en mourir), la privation de sang ou le sang répandu dans le cerveau va détruire les neurones avoisinants. Mais cela peut être dans un espace très réduit, comme cela peut concerner un nombre important de neurones. (je rappelle que le corps d’un neurone mesure de 5 à 100 microns et que dans les 1300 cm3 de notre cerveau il y a un peu moins de 100 milliards de neurones (10 puissance 11).                   

               Donc, même un petit épanchement sanguin peut tuer un très grand nombre de neurones et faire de gros dégâts dans le cerveau (c’est le cas de certains AVC, dus à l’obstruction d’une artère ou à un anévrisme - l’éclatement d’un vaisseau sanguin).

              On ne peut donc savoir l’influence d’un choc qu’en constatant d’une part ce qui ne fonctionne plus normalement dans le cerveau, et d’autre par en faisant des scanners du cerveau, en injectant un produit radioactif dans le sang et en mettant en évidence ainsi d’une part les arrêts de circulation, d’autre part les amas sanguins anormaux.

     

    Les centres du cerveau collaborent entre eux.

     

              Le fonctionnement du cerveau est très compliqué et, même si on a fait d’immenses progrès en 50 ans, on le connaît encore très mal.
              Aucun centre n’est autonome, mais certains centres sont primordiaux pour certaines fonctions, alors que d’autres participent au fonctionnement d’un grand nombre.

              Les conséquences de la mort de neurones sont donc très différents selon les endroits

     Par ailleurs si un petit nombre de neurones sont touchés, cela peut causer une grande perturbation sur le moment, mais d’autres neurones encore vivant prennet le relais et la perturbation peut disparaître après rééducation. Jen donnerai un exemple.

     

    Le rétablissement du langage suite à une aphasie due à un AVC. :

     

               A la suite d’un AVC, une personne de ma famille s’est vue dans l’impossibilité de parler.
              On lui a fait des scanners et l’on a constaté (voir mes articles sur le langage du 25/9/2016 - accès facile par la table des articles « cerveau-langage intelligence ») que le centre de Broca qui élabore le langage n’était pas atteint, mais que c’était une artère bouchée au niveau de la partie du centre des mouvements complexes, qui commande l’articulation au niveau de la langue et des cordes vocales..

               La personne a suivi une rééducation pour activer des neurones voisins et chaque fois qu’elle rencontrait un mot qu’elle n’avait pas prononcé depuis son accident, il fallait qu’elle l’épèle, le syllabe, le prononce plusieurs fois et ce mot faisait à nouveau partie de ceux qu’elle pouvait dire normalement
             On avait rétabli de nouveaux chemins entre ces neurones et le centre de Broca.

     

    Quelques dégâts majeurs.

     

               Si de nombreux neurones sont détruits au niveau du cerveau central (bulbe, pont, hypothalamus, noyaux de la base), comme ce sont des centres qui régulent le fonctionnement de nos organes, en général, cela entraîne la mort. Ils sont heureusement bien protégés sauf le bulbe qui n’est pas à l’abri d’un coup sur la nuque.

               Des dégâts au niveau des centres du cerveau émotionnel, entraînent divers problèmes suivant les centres touchés : déficit de nos émotions, (notamment centres amygdaliens et cortex cingulaire), perte de mémoire (hippocampe), difficultés d’apprentissage et de perception des envies et des plaisirs (centres du système de récompense), sensations internes et relationnelles (insula), sensations externes (thalamus), attention, concentration et motivation (cortex cingulaire)…..

               Nos décisions peuvent aussi être affectées car le cerveau émotionnel mène de nombreux raisonnements intuitifs inonscients qui sont à la base de beaucoup de nos décisions, quand nous n’avons pas le temsp de réfléchir longuement.

               Mais ces centres sont bien protégés puisque sous le cortex.
     

               C’est ce dernier qui est le plus vulnérable en cas de choc, puisqu’il est sous le crâne.

               On peut notamment constater : des problèmes de compréhension (Wernicke) ou d’élaboration (Broca) du langage, de vocabulaire (Geschwind), de perception et interprétation de la vision (centres à l’arrière du crâne), de sensation du toucher, élaboration des mouvements ou connaissance de l’état de nos membres (centres sur le dessus du crâne). - voir schéma ci-dessous.

    Dommages dans le cerveau.

              Le cervelet (équilibre, automatismes) est plus vulnérable vis à vis d'un coup sur la nuque.

     

    Le cortex préfrontal : action et pensée :

     

               Des dégâts au cortex préfrontal sont évidemment extrêmement graves puisque c’est l’organe de notre vie intelligente : pensée prévision, réflexion, action, mais aussi interprétation des sentiments et émotion, vie sociale.

               Sans lui nous sommes transformés en un  être inintelligent et qui n’est plus capable de mener ses activités humaines.

               Mais les perturbations dépendent de la zone atteinte et de l’importance des dégâts.

               Le schéma ci-dessous donne une idée des zones importantes, encore que les neurones du cortex préfrontal sont connectés entre eux et qu’il y a symbiose de leurs actions.

    Dommages dans le cerveau.

              Pour en revenir au système d’apprentissage et de récompense, il est certain que l’atteinte du cortex ventrolatéral et du cortex dorsolatéral, risque de compromettre son fonctionnement, car les renseignements provenant des autres centres de ce système, risquent de ne plus être interprétés et aucune action ne sera décidée, rendant incapable l’apprentissage ou la motivation, le cortex orbitofrontal participant aussi à celle ci.

             Mais là enore, si l’atteinte est faible, des voies parallèles pourront prendre le relais.

    Dommages dans le cerveau.

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  •  Mécanisme des addictions (2)Mécanisme des addictions (2)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

         Avec les drogues, il faut bien séparer deux choses : l’addiction qui est un trouble psycho-physiologique, qui nous empêche de ne pas succomber à un désir donné, et la dépendance qui est le trouble physiologique (et parfois le stress psychique) qui survient quand nous manquons d’une substance, correspondant à cette addiction.

        L’addiction est une perte de contrôle du fonctionnement de notre cerveau et principalement du système de récompense que nous avons décrite hier.
        L’addiction peut concerner des substances (drogues diverses), ou des comportement : le jeux, le sexe, l’usage extrême d’internet  ou du téléphone portable.
        Je connais même quelques personnes qui ont presque une addiction à la nutella, mais je pense qu’on peut plus facilement en guérir lol.
        A la limite, l’anorexie et la boulimie sont des phénomènes addictifs, car le système de récompense est aussi en cause, mais il existe en général des causes psychologiques plus profondes.

        Nous ne sommes pas tous égaux devant les addictions, car l’hérédité et l’environnement d’éducation interviennent beaucoup. L’âge auquel on commence à succomber à l’addiction est très important dans le cas de substances chimiques, car le cerveau d’adolescent est beaucoup plus sensible, le cortex frontal notamment n’est pas totalement mature, et de jeunes adolescents qui ont pris l’habitude de fumer du tabac ou du cannabis, risquent fort d’avoir ensuite des séquelles et d’avoir par la suite, une addiction beaucoup plus sévère.

        On n’a pas isolé des «gênes des addictions», même si pour celle à l’alcool, on connait de nombreux gènes en cause.
        Mais il est incontestable que une prédisposition génétique existe et l’on peut constater que la difficulté à surmonter ses désirs et bloquer ses pulsions, se retrouve d’un parent à certains de ses enfants. Il est probable que c’est un phénomène épigénétique, des gènes prédisposant au phénomène ne se manifestant qu’à la suite de phénomènes environnementaux.
        On peut d’ailleurs expliquer en partie la différence entre individus plus ou moins prédisposés aux addictions : c’est une question de plasticité du cerveau.
        Des chercheurs l’ont montré en étudiant les récepteurs du noyau accumbens au glutamate, un neurotransmetteur particulier. On a vu avant hier le rôle du noyau accumbens dans le circuit de récompense, où il entraînait la présence de dopamine. L’action du glutamate peut provoquer cette réaction dopaminergique.
        Ces chercheurs ont montré que le glutamate (en vert sur le schéma), agissait sur deux types de récepteurs, dénommés AMPA en vert et NMDA en bleu. (ces initiales sont celles des produits chimiques auxquels sont sensibles ces récepteurs, je vous fais grâce de ces appellations barbares; les curieux pourront les trouver sur internet.)

    Mécanisme des addictions (2)

    Mécanisme des addictions (2)

        Les deux schémas ci-dessous montrent les réactions d’un consommateur sans addiction et celui qui est soumis à l’addiction.
        La première image montre les molécules de glutamate agissant sur le récepteur AMPA.
    Si la synapse subit une certaine stimulation «LTD», le glutamate est aussi absorbé par les récepteurs NMDA et cette absorption entraîne un recul vers l’intérieur des récepteurs AMPA, de telle sorte que la synapse devient moins sensible au glutamate.
        Au contraire, chez le rat qui est en addiction, cette stimulation LTD est inefficace et si le niveau de glutamate augmente, il n’y a pas régulation de la stimulation, qui augmente aussi.
        Les synapses de la personne en addiction ont perdu de leur plasticité et de leur pouvoir de régulation.

        On pense que face à une drogue, une personne non prédisposée génétiquement, réagit comme dans la première colonne ci dessus et la drogue entraîne une régulation de ses propres effets. La personne a moins de chances de devenir addicte.
        Au contraire, chez une personne prédisposée, la réaction est du deuxième type : les synapses peu plastiques n’ont pas suffisamment de pouvoir de régulation. La personne  a donc des réactions plus importantes et s’habitue à la production de dopamine qui lui procure une certaine satisfaction. Mais il lui faut peu à peu davantage de produit et davantage de dopamine pour produire la même satisfaction et l’addiction s’installe.

        Finalement l’addiction s’installe quand le sujet ne peut s’empêcher de recourir à l’action correspondante, que la consommation devient régulière, et que l’organisation et le déroulement de la vie du sujet finit par dépendre de cette consommation, qui également, éloigne le sujet des occupations qui l’intéressaient et des désirs correspondants.
        A ce stade, il y a dérèglement (physiologique) du système de récompense et une certaine dépendance psychologique (s’abstenir est stressant, donc on ne s’abstient pas).
        Ce stress peut entraîner des réaction physiologiques, mais ce n’est pas une dépendance physique.
        Certains produits comme l’alcool, la nicotine du tabac, les opiacés (opium, héroïne), mais aussi les barbituriques et des tranquillisants comme les benzodiazépines, provoquent une dépendance physique qui s’ajoute à la dépendance psychologique : en l’absence du produit, des manifestation physiques de manque apparaissent, parfois très violentes. Ces manifestations proviennet en général du fait que la présence presque permanente d’une certaine concentration de produit actif, perturbe la production de produits régulateurs que notre corps sécrète naturellement. (par exemple les endorphines ou la sérotonine). Lors qu’on arrête la drogue, ces produits régulateurs ne sont plus produits et il faut plusieurs jours pour les voir réapparaître. D’où des réactions violentes physiologiques.

        On parle souvent de drogue douce et dure. Une drogue ne pourrait être «douce» que si elle ne produisait qu’une faible dépendance psychique, qu’elle ne produise pas de dépendance physique et qu’elle ne soit pas toxique physiologiquement, ni à court terme (overdose), ni à long terme (mais là un problème, cela dépend du niveau de consommation).
        En fait toute addiction est nuisible : le cannabis, même à faible dose unique sans avoir d’addiction entraîne des accidents de conduite de machine, l’addiction au jeu est catastrophique financièrement, l’addiction à internet fait négliger les études ...
        Physiologiquement le cannabis a peu d’action nuisible sur le corps à faible dose, mais en addiction, il peut avoir des effets sur la mémoire et l’attention, voire sur le cortex frontal des adolescents. Il est plus cancérigène que le tabac
        La cocaïne et l’ecstasy, qui entraînent peu de dépendance et d’addiction, ont des effets toxiques importants à long terme par destruction de neurones.
        Le tabac, les opiacés (héroÏne), l’alcool et divers produits entraînent une forte dépendance physiologique et sont toxiques.
        La plupart des produits sont des drogues «dures» et les drogues dites «douces» (comme le cannabis) ne le sont qu’à très faible consommation.

        La majorité des usagers ne se droguent pas pour se détruire, mais pour éprouver du plaisir et stimuler leur système de récompense.
        On peut commencer à prendre des drogues par curiosité ou par ennui, pour éprouver des sensations fortes, transgresser un interdit, frimer auprès des copains ou ne pas s’exclure en refusant un rituel, fréquenter des milieux marginaux, et le plus souvent échapper aux problèmes de l'existence, ou même pour être à la mode.
        Ce n'est que dans un deuxième temps, que vont apparaître les conséquences négatives de l'usage. Loin d'être une expérience limitée à des groupes particuliers, l'usage de drogues se répand dans toute la société, et les images d'exclusion et d'autodestruction, associées quand j’étais jeune, à l'usage de drogue, cèdent peu à peu la place à une image d'inclusion, qui associe drogue et culte de la performance  :être en forme, travailler, vivre vite, jouir de l'existence....
        Il en résulte une consommation importante de cannabis et d’anxiolytiques, considérés comme inoffensifs, alors qu’ils sont très dangereux si on en consomme beaucoup et longtemps et ce d’autant plus que l’on est jeune.

     

     

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