• Bac 2018, philosophie : art et culture

        Je réfléchirai aujourd’hui aux deux sujets du bac 2018 suivants :
                   Peut-on être insensible à l’art?
                                La culture nous rend-elle plus humains?

        Remarquons tout d’abord qu’il n’est pas interdit, ni moralement, ni juridiquement d’être insensible à l’art. Mais le fait de poser la question dans un sujet de philo, implique la deuxième question : est ce courant, est ce normal, est ce regrettable ?.
        Disons aussi que la notion d’art est assez vague et qu’il en existe bien des facettes.
    Je crois que si l’on posait à de nombreuses personnes la question « qu’est ce que l’art, à votre avis? » nous aurions des réponses très nombreuses et très différentes.

        A premier abord la notion d’art est simple, c’est le dessin, la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, la danse, la poésie, le théâtre : les « beaux arts ». Mais on peut y rajouter aujourd’hui le cinéma, la télévision, l’art numérique, la photographie, la mode etc.. Faut il y rajouter la littérature et la bande dessinée, la décoration, le paysagisme, le grand chef cuisinier, le créateur de parfums… ?
        Qu’est ce qu’un artiste ? On peut se poser la question autrement : l’architecte qui conçoit une usine est il un artiste. Pourquoi le peintre qui fait des tableaux en est un et pas le peintre en bâtiments ?
        Qu’est ce qu’un objet d’art ? Je ne suis pas sûr que les diverses civilisations dans le temps et dans l’espace reconnaissent comme tels les mêmes objets.
        Le latin « ars - artis » désigne l’habileté, le métier, le talent.
        En général la notion d’art est associée à le création d’oeuvres d’arts, à une certaine créativité, et à la notion de « beau », mais qui est tout aussi difficile à définir. On considère aussi souvent qu’un oeuvre d’art faut « passer un message ».
        Si on se demande « qu’est ce qui n’est pas de l’art, on n’est guère plus avancé.
        Mais à une époque la science était considérée comme un art et on parlait de l’art du médecin !
        La seule chose sur laquelle il n’y a pas de doute, c’est que c’est « une activité humaine », et en général on la rattache à la « culture ». (terme vague lui aussi).

        Posons nous la question autrement : quelles sont les réactions face à l’art ?
        On trouve dans les livres de philosophie le texte suivant : L'art est l’activité humaine visant à exprimer les préoccupations, les croyances, les questions sous une forme telle qu'elle traduise les émotions et les sentiments que les hommes éprouvent en y pensant ou en éprouvant une sensation (vision, écoute, toucher, odeur, goût), face à l’œuvre d’art.
        Mais comment l'art parvient-il à nous toucher ? Quelle est la forme d'expression qui serait le propre de l'art ?
        L’art est certainement très technique et demande un grand savoir-faire, mais si nous en tenons parfois compte, ce n’est pas ce qui nous touche. ce n’est pas non plus forcément l’intention de l’artiste, pas forcément connue. Nous pouvons voir dans une œuvre des choses bien différentes et chacun n’y voit pas forcément la même chose.
        L’art est sensé faire appel à notre sensibilité, nous émouvoir, apporter quelque chose de créatif et de beau.
        Cela dit il est tout aussi difficile de définir la beauté, associée à une émotion spontanée et à un sentiment de plaisir, et d’admiration (parfois aussi de regret de ne pas savoir faire la même chose), mais que l’on a bien du mal à expliquer.
        Je crois d ‘ailleurs que chacun d’entre nous a une définition personnelle du beau, basée sur ses réactions.

       Peut on être insensible à l’art?

        Le problème est que chacun a face à l’art des émotions différentes et qui ne sont d’ailleurs pas les mêmes selon les œuvres d’art. Une partie de ces émotions qui sont immédiates et presque inconscientes, dépendent de notre sensibilité émotionnelle immédiate, une préférence cérébrale (voir mes articles à ce sujet).
        On peut être sensible à la peinture figurative et ne pas l’être à la peinture abstraite, avoir des sensibilité très différentes à la musique classique et à la musique moderne.
        Personnellement je suis en admiration devant les cathédrales gothiques, les petites églises bretonnes et du Périgord, et sensible à l’atmosphère qui y règne, mais assez insensible aux statues de nos villes.
        Il est certain par ailleurs que la sensibilité à l’art s’apprend : les enfants d’artistes y sont en général plus sensibles.
        Peut on être insensible à toute forme d’art.?
        Il est rare qu’une personne n’ait jamais chantonné ou siffloté une chanson; n’est ce pas déjà une forme de sensibilité à l’art ?
        Etre insensible à l’art ne serait ce pas, être dénué de toute sensibilité et donc proche du robot ?
        Un enfant très jeune qui n’a pas encore reçu d’éducation artistique et qu’on emmène dans un musée, est curieux et sensible à l’art. Alors qu’est ce qui pourrait tuer cette tendance innée.?
        Effectivement on constate cette insensibilité chez les fanatiques musulmans qui détruisent les cités antiques et interdisent l’écoute de toute musique. Ils mettent en avant leur fanatisme religieux, mais en fait, ils font preuve d’une immense inhumanité.

       La culture nous rend elle plus humains?

        Je crois qu’il faudrait d’abord définir ce qu’on entend par « culture » et par « humain » et le terme "rendre" évoque un passage de cause à effet.
        Remarquons d’abord que la culture est humaine puisqu’elle n’existe pas naturellement : c’est nous qui la créons.
        Ce qu’on appelle habituellement la culture, c’est un ensemble de connaissances principalement dans le domaine littéraire, philosophique, religieux ou des arts, mais en fait les sciences, l’histoire, la géographie, la technique en font aussi partie.
        De plus la culture ce sont aussi des savoir-faire : maitriser la langue, écrite et orale, savoir raisonner, convaincre et négocier, bref avoir une certaine expérience.
        Elle nous différencie de l’animal et nous apporte un plus par rapport à la nature.
    A titre individuel, elle développe notre esprit, notre intelligence. Elle nous donne une individualité.
        C’est pour cela que nous la créons et donc elle nous rend à priori plus humains, plus complets; c’est en fait le propre de l’homme, comme le langage et  elle nous rends aussi plus humains vis à vis de l’environnement.

        Toutefois nous n’avons pas tous accès de la même façon à la culture et cela introduit des différences, des inégalités qui peuvent être source de différences notables de conditions de vie, de mépris, d’isolement et de harcèlement, de pouvoir, de conflits, bref de comportements inhumains
    .
        Mais culture n’est pas seulement instruction et expérience. On peut l’interpréter au sens de civilisation, de société, de l’ensemble des règles, des habitudes, des archétypes.
        La culture, à ce titre n’est pas inhumaine, mais les différences de culture entre groupes, ethnies, sociétés peuvent être à la source d’incompréhension, de racisme, d’hégémonie, de conflits, voire de persécutions comme au moment du nazisme.
        On peut même évoquer la différence de culture entre anciens et jeunes, qui est souvent une difficulté majeure car source d’incompréhension.

        Ce ne sont donc pas les cultures qui nous rendent inhumains, mais les différences de cultures entre hommes, groupes, sociétés, générations.

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  • Bac 2018, philosophie :  la vérité.

               Tous les ans, quand arrive le Bac, j'ai l'habitude de lire les divers sujets et d'y réfléchir.
               Je n'ai en général pas de difficulté à résoudre les problèmes de maths et de physique-chimie, mais les sujets de philo me demandent plus de réflexion.
              Je vais essayer de vous faire part, en plusieurs articles, de ce que m'inspirent les sujets de 2016 
          Ce ne sont, en aucun cas des corrigés. J'ai oublié beaucoup de ce que j'ai appris au lycée sur les pansées des philosophes, et par contre j'ai acquis une certaine expérience de la vie. Mes propos n'ont donc aucune prétention scolaire.
               Cette année, les sujets de philosophie du bac étaient les suivants :

                         Sujet de la filière S :
               Le désir est-il la marque de notre imperfection?
               Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste?

                         Sujet de la filière ES :
               Toute vérité est-elle définitive?
               Peut-on être insensible à l’art?


                          Sujet de la filière L :
               La culture nous rend-elle plus humains?
               Peut-on renoncer à la vérité?


                          Sujet de la série technologique :
              L’expérience peut-elle être trompeuse?
               Peut-on maîtriser le développement technique?

               Je regrouperai mes réflexions par genre de sujet et non par filière des études secondaires (qui vont d’ailleurs disparaître).

               Je traiterai dans ce premier article :
    Peut-on renoncer à la vérité?  Toute vérité est-elle définitive?

               Je pense qu’il faut se demander d’abord ce qu’on entend par « vérité ».
               A l’origine ce qui est vrai est ce qui n’est pas faux. Donc par principe elle devrait être définitive. Mais en fait, c’est ce que nous croyons avéré à un instant donné, et cela, dans maints domaines de natures différentes, et pour lesquels les degrés de certitude peuvent être très variables.

               Il y a d’abord les « faits », les choses que nous avons vues, dont nous avons été témoins.Pour celles que d’autres ont vues et relatent - notamment les médias -, il y a l’incertitude de la communication, plus ou moins déformée selon les buts poursuivis par le narrateur.
               Mais même ce que nous avons vu n’est pas sûr. Nous n’avons vu souvent qu’une partie des faits, nous les avons interprétés, certes avec la raison, mais aussi avec l’inconscient et avec nos à-priori. L’apparente vérité des faits est donc déformée.
               Plus discutables encore nos opinions et convictions, et encore plus nos croyances.
               Si nous sommes raisonnables, elles sont fondées sur des raisons logiques, mais bien souvent elles ne sont pas aussi rigoureuses que cela. Et la preuve est que d’autres personnes peuvent avoir les idées opposées, tout aussi valables.
               Ce ne sont pas des vérités, même si nous les tenons pour telles, mais des « construction de l’esprit », fondées sur des faits, mais aussi nos valeurs, nos préjugés et l’influence d’autrui et de l’environnement. La construction peut être valable, mais elle dépend des prémices dont nous ne sommes pas entièrement maîtres et surtout qui n’ont aucun caractère définitif et universel.

               Sans doute peut on être plus confiant dansla « vérité scientifique ».
               Elle repose sur des constatations, des faits et une logique en vérifiant les hypothèses faites à l’origine, par des expériences ou des démonstrations (voire des simulations aujourd’hui).
               Mais on ne peut faire toutes les expériences possibles et l’on n’est jamais certain qu’il n’existe pas des exceptions, ou qu’une découverte arrive, qui remette en cause la construction initiale, souvent en faisant avancer les connaissances, en montrant qu’une partie de la construction est différente, quand on peut la connaître avec plus de détails, au fur et à mesure que nos outils d’analyse et de mesure deviennent plus performants et plus précis. C’est ce qui est arrivé souvent depuis 50 ans pour la constitution de la matière et la mécanique quantique.

               Reste un secteur où pourrait régner des vérités : les mathématiques. Mais les règles et résultats mathématiques, s’ils sont vrais, ne le sont que dans certaines hypothèses, certes connues. Les règles valable dans un plan ne le sont plus sur une surface sphérique, celles valables dans notre monde géométrique euclidien, ne le sont plus dans un monde où les dimensions obéissent à des hypothèses différentes, notamment quand les dimensions sont supérieures à 3.
               Il y a même des domaines des mathématiques où l’on ne parle plus de faits bien définis, mais seulement de faits assortis d’une certaine probabilité d’existence.
               Finalement aucune vérité n’est définitive, car elle n’est jamais complète et nous pouvons toujours en découvrir des éléments nouveaux.
               C’est le cas notamment en sciences où toute nouvelle découverte répond à des questions que nous nous posions, et explique certains phénomènes, mais suscite plusieurs nouvelles questions dont nous ne connaissons pas la réponse.

                         Peut on renoncer à la vérité ?

               On peut prendre la question de deux façons assez différentes :
                           - en prolongement du sujet précédent et de ce qu’on vient de dire, faut il ne pas rechercher la vérité sous prétexte qu’elle ne peut être atteinte
                          - dans un domaine tout autre, des valeurs et de la moralité, au sens de la règle juridique imposée aux témoins : « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ».

               De façon générale on ne peut renoncer à rechercher la « vérité », c’est à dire la « réalité », notamment au plan scientifique. Ce serait renoncer à tout progrès, à accroître nos connaissances. Cela implique non seulement des réflexions de personnes compétentes, mais aussi des possibilités et des instruments de mesure de plus en plus précis (penser aux progrès possibles en médecine dus aux nouvelles déterminations d’ADN), et des efforts financiers et humains importants.

               Il est cependant des cas où l’on peut se poser la question : faut il connaître toute la vérité sur une affaire ?  Faut il dire la vérité à un malade qui a une grave maladie et est très impressionnable et pessimiste? Un enfant abandonné sous X doit il connaître ses vrais parents ? La divulgation de certains éléments confidentiels à des personnes non habilitées ou trop concernées, peut créer des affrontements regrettables, ou mettre en danger la vie d’autrui (ou permettre à un criminel d’échapper à la police et la justice.)

               Si maintenant on veut aborder l’aspect moral, cela peut être à titre collectif ou personnel et là on suppose qu’il y a une vérité  au moins des faits.
               Au plan collectif le problème se pose dans bien des domaines : à l’historien le devoir de mémoire, au policier et au juge la recherche de la justice et du respect des règles, au politique une certaine transparence entre ses intentions et ses réalisations….
               Au plan personnel, la morale demande en général de ne pas mentir. Mais si cela semble préférable dans beaucoup de cas, il y a des vérités qu’il vaut mieux ne pas dire pour préserver une bonne entente entre personnes. Mais le plus souvent de sont des opinions, des convictions que nous prenons pour vraies, qui ne le sont pas forcément pour tous, et qui seraient désagréables ou préjudiciables pour la personnes à laquelle nous en ferions part.

               En définitive, renoncer à dire la vérité, ce serait renoncer à dire ce qui s’est réellement passé - (si on le connaît vraiment !). il est certain que si on y renonce, il faut avoir alors une raison et pouvoir en expliquer le bien-fondé.

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  •           Dans les articles sur l'oreille et l'ouïe, j'ai montré une figure graduée en décibels et on me demande de préciser ce que c'est.

               Je vais donc faire un article, qui, je l'espère, ne vous rebutera pas trop, bien qu'il ressemble à un cours de physique ou de SVT du lycée.

               L'air est constitué de molécules essentiellement d'azote et d'oxygène, qui s'agitent en permanence de façon plus ou moins désordonnée (on appelle cela le mouvement Brownien). Plus la température est élevée, plus cette agitation est importante. (plus les molécules vont vite et loin).
               Ces molécules en mouvement engendrent des chocs sur toute surface qu'elles rencontrent et les forces crées sur chaque unité de surface constituent ce que l'on appelle la “pression” des molécules du gaz.

               Un objet en vibration (cordes d'un instrument de musique, anche d'un instrument à vent, diapason, nos cordes vocales, la membrane d'un tambour ou d'un haut parleur ...) induit des mouvements périodiques des molécules dans l'air et donc des variations de pression, avec une certaine fréquence et une certaine intensité, en relation avec celles de l'objet en vibration.
               Les molécules de l'air en se cognant les unes contre les autres, transmettent ces variations de pression. Le mouvement périodique induit par l'objet en vibration va donc se propager dans l'air à une vitesse de l'ordre de 365 mètres/seconde : c'est le "son".
               Des propagations analogues du son ont lieu dans les liquides et les solides, mais à des vitesses plus élevées parce que les atomes et molécules sont liés beaucoup plus rigidement, ont moins de liberté pour s'agiter, et donc transmettent alors plus vite leur vibration à la molécule ou l'atome voisins.
               Les fréquences sont comptées en nombre de vibrations par seconde (Hertz; un Hz = une vibration par seconde)

     Quelques rappels de la physique des sons.          
    L'oreille va être plus ou moins sensible à ces variations de pression et donc aux sons de diverses fréquences, en général de 20 à 16 000 Hz, avec un maximum de sensibilité vers 1 800 Hz.
               Un son “pur” a une fréquence unique. Tous les musiciens connaissent le LA 4 qui a une fréquence de 440 hz. 

               Mais ce que nous entendons est souvent un mélange de fréquences, soit parce qu'on émet en même temps des sons différents, soit parce qu'il y a des déformations de la transmission par les molécules d'air  (ou les matériaux des émetteurs), et la création de ce que l'on appelle les “harmoniques", c'est à dire des fréquences multiples de la fréquence initiale émise.

    Quelques rappels de la physique des sons.           La figure ci-contre montre la fondamentale de fréquence 50hz  et les harmoniques de rang 3 (fréquence multipliée par 3 de 150Hz) et ( (250 Hz) et la somme des trois qui se propage et qui est donc un son assez déformé par rapport au son pur initial.
               
             Face à un son dont on ne connait pas,la fréquence, on peut faire, avec un appareil de mesure ce que l'on appelle une “analyse de Fourier” (ou un “spectre de Fourier”).  
               Cela consiste à repérer la fréquence du son principal et les diverses harmoniques et à évaluer la participation en pourcentage de chacune d'entre elle au son complet
              L'oreille fait une analyse des sons analogue.

              Les bons instruments à cordes et à vent produisent peu d'harmoniques, mais celles ci-sont différentes d'un instrument à l'autre comme le montent les deux figures ci-dessous.

    Quelques rappels de la physique des sons.

     Quelques rappels de la physique des sons.

     

           

     

     

     


              Les harmoniques forment une structure bien déterminée, qui définit le timbre d'une voix ou d'un instrument. Cette structure "harmonique" est propre à chaque type de son.

              De plus l'objet en vibration communique une certaine énergie chaque seconde aux molécules de l'air (on appelle cela une puissance) et donc le son qui se propage est donc plus ou moins fort. On appelle l' “intensité” du son. 
             En acoustique on utilise une unité d'intensité bizarre dont vous avez certainement entendu parler : le décibel

              On prend pour référence la pression correspondant au plus petit son P min., audible par l'oreille à 1000 hz de fréquence
              Pour un son dont l'intensité correspond à la pression P son, le nombre de décibels est lié au rapport des deux pressions Pson / P min.
              Pour ceux ou celles d'entre vous qui ont fait un peu de maths :  D (en décibels) = 20 log de base 10 (Pson / Pmin.)
              Pour les autres rappelez vous seulement que chaque fois que l'on ajoute 20 au nombre de décibels la pression est multipliée par 10. (par exemple pour P min, D = zéro décibel et un son de D = 80 décibels correspond à un son ultra fort de pression 10 000 fois plus grande que Pmin ( 4 zéros puisque 80 = 20 X 4). Une trop forte pression détruit les cils de l'oreille interne (vers 120 décibels). Une plus forte pression encore crève le tympan.
      
              Pour vous donner une idée :
    Nombre de décibels          effets       
    zéro                                 seuil de l'audition P min
    20                                    un murmure
    60                                     une conversation
    80                                     des hurlements très forts, on n'entend plus distinctement les autres.
    90 / 100                           début de danger pour l'oreille bruits insupportables.
    120                                    douleur et dégâts à l'oreille interne avec surdité partielle définitive.
                            (120 décibels correspond à un million de fois la pression minimale d'audition).

       La règlementation interdit dans les salles de concert ou de danse  une intensité supérieure à 102 décibels, (et 94 pour les enfants) mais cela n'est pas toujours respecté et il est dangereux pour les oreillesd'être trop près des baffles.  

     

    Quelques rappels de la physique des sons.

       

     

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  •           Nous avons vu dans les précédents articles, que la cochlée analysait intensité et fréquence des sons et transmettait l'influx nerveux à un centre du cerveau, comment celui-ci traitait les sons.
              Je ferai aujourd'hui un article reliant les précédent à la musique et à la parole.
              Je voudrais d'abord souligner que l'on trouve beaucoup d'études de livres et d'articles sur le langage, mais très peu sur la perception de la musique.

              Rappelons d'abord la zone de perception des sons en fonction de leur fréquence, pour une ouïe humaine, de 20 à 16 000 hz environ.
              Le schéma ci dessous donne la zone de perception de l'oreille humaine en fonction de l'intensité du son en décibels et de la fréquence en herz.
              Il y a d'une part un seuil d'audibilité et d'autre part une limite supérieure en intensité au delà de laquelle il y a douleur et les cils de la colchée sont endommagés
              La zone en vert foncé montre que la parole n'utilise qu'un quart environ de ces fréquences. La musique couvre une zone beaucoup plus importante (en bleu).

    Le cerveau musicien.


                        Traitement de la parole

              Sur le schéma ci-dessous on voit les zones du cerveau de l'hémisphère gauche qui contribuent à l'interprétation des sons et à l'utilisation du langage. (voir les articles déjà écrits sur le langage dans ce blog).
              On y voit l'aire du cortex auditif primaire qui fait l'interprétation physique, (en violet), puis l'aire secondaire (en rose foncé), qui nous donnent une “représentation des sons” avec des fonctions différentes des deux hémisphères cérébraux.
              On voit que l'aire de Wernicke qui interprète les sons relatifs à la parole, se trouve immédiatement en dessous (en ocre). Elle est évidemment reliée également aux aires visuelles car elle participe aussi à la compréhension du langage écrit.
              La petite zone orangé (aire supramarginale) est impliquée dans la mémoire de la phonologie et de l'articulation des sons et elle est en relation avec les aires de Wernicke et de Broca (production de la parole). L'aire supplémentaire du cortex moteur commande les muscles qui nous permettent de parler.
              Enfin la zone en vert est aussi appelée centre de Geschwind et c'est le siège d'une partie de la mémoire sémantiue des mots.

    Le cerveau musicien.


              Dans l'hémisphère droit on retrouve des zones analogues, mais plus petites qui concernent l'interprétation des mélodies et du contexte émotionnel du langage.
              Des études ont montré que chez l'enfant qui ne sait pas encore parler, , c'est d'abord l'hémisphère gauche qui apprend à reconnaitre les rythmes dans la phrase (vitesse, accentuation) et qui reconnait (sans comprendre), la langue maternelle et la voix de sa mère par rapport à d'autres langues (il y fait plus attention).
              Puis après six mois, l'enfant apprend peu à peu à reconnaître la “prosodie”, c'est à dire la mélodie du langage et son intonation émotionnelle (il ne comprend pas “oui” ou “non” mais le ton d'acquiècement (même si on dit non) et le ton de refus (même si on dit oui). C'est le rôle surtout de l'hémisphère droit.
              Puis l'hémisphère gauche et les centres de Wernické et de Broca reprennent la direction des opérations d'apprentissage des mots et du langage..
       
                        Venons en à la musique

              La figure ci-dessous montre en activité le cerveau d'un musicien, (en haut) et d'un non musicien (en bas) écoutant le même morceau.

    Le cerveau musicien.

              On voit que dans l'hémisphère gauche une aire beaucoup plus importante est activée chez le musicien; les neurobiologistes l'appellent l'aire de “l'oreille absolue”, c'est la partie qui identifie une à une les notes, (leur ”hauteur”) et permet de les différencier au milieu d'autres sons musicaux, de savoir si par rapport à une référence cette note est la bonne (c'est ce qui permet au musicien de jouer “juste” et au chef d'orchestre de suivre ce que joue un musicien particulier).
              Cette aire s'est développée peu à peu au cours de l'apprentissage du musicien (de même que dans l'aire de Broca et dans le cortex moteur primaire, des aires qui permettent de jouer d'un instrument.)
              Dans l'hémisphère droit le volume des centres en action est également plus grand chez le musicien, mais la différence est moindre. Ce sont les centres qui reconnaissent et suivent la mélodie, avec un aspect émotionnel.
              Une mélodie (notes successives) met surtout en jeu l'hémisphère droit, alors qu'une suite d'accords (notes simultanées implique plutôt l'hémisphère gauche.
              Il est à peu près certain qu'une place plus grande dans l'aire de Geswind d'un musicien (ou dans des zones autres) est réservée à la mémoire des morceaux de musique, de même que celui qui lit énormément à une place plus grande consacrée à la mémoire de ses lectures.
              Mais je n'ai pas trouvé d'étude importante, simple et claire sur ces sujets.
              Il existe des études sur le mécanisme de reconnaissance au son des instruments de musique, mais leurs résultats sont très complexes.

              Vous avez maintenant un aperçu assez complet de la façon dont nous percevons les sons et comment nous les interprétons.

              Je voudrais appeler votre attention sur le fait suivant :
              La musique, les sons la parole, ne sont que des vibrations dans l'air.
              La parole, un mot ce n'est qu'une suite de sons de diverses fréquences avec un certain rythme, des variations d'intensité.
              De même une mélodie, cela n'existe pas : ce sont des instruments qui envoient ensemble, un horrible mélange de vibrations sonores dans l'air.
              Et pourtant nous écoutons avec délices un orchestre, un morceau de musique et nous avons parfois les larmes aux yeux en écoutant les mélodies que nous aimons.
              Ceux qui sont musiciens parmi nous, lorsqu'ils jouent un air, ont la mélodie qui chante dans leur tête. J'ai souvent vu un chef d'orchestre chanter tout doucement certaines parties du morceau qu'il dirigeait.
              C'est notre cerveau qui crée, qui invente une “représentation” des sons et de la musique et cette “sensation qu'il a créée devient notre réalité, et nous finissons par croire que c'est le monde réel.

                  Je pourrais vous montrer que c'est la même chose pour les couleurs et la vue. Les couleurs ne sont que des photons animés d'une certaine énergie, et ce qui nous environne des amas de moolécules et d'atomes.
              Mais notre cerveau en fait des “images” et ces images deviennent pour nous le monde qui nous entoure.
        

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  •           Je vous ai montré hier comment fonctionnait l'oreille et nous avons vu que la cochlée transmettait, par environ 30 000 fibres nerveuses, les informations recueillies par les cils vibratiles quant aux fréquences et intensité sonores, des sons transmis auparavant par le tympan et amplifiés par les osselets.
            Aujourd'hui nous allons voir ce que fait le cerveau de ces influx nerveux et comment il traite ces informations.

            Le schéma ci-dessous indique d'abord le trajet des influx nerveux dans le cerveau.
            Ils passent en effet par plusieurs relais avant d'aboutir à un centre qui va faire une interprétation détaillée des sons.
            Chaque relais fait des prétraitements mais pour ne pas compliquer les choses je ne rentrerai pas dans le détail.

    L'interprétation des sons par le cerveau.


            Le premier relais est au niveau du “tronc cérébral” au dessus de la colonne vertébrale. Ce relais peut commander des actes réflexes si le traitement effectué décèle un son anormal qui peut avertir d'un danger . Il compare entre autre les sons provenant des deux oreilles et détermine des différences qui renseigner sur la position de l'émetteur.

            Le deuxième relais est au niveau des tubercules quadrijumeaux; le traitement  décèle là aussi des sons associés à certains dangers ou situations anormales et il y a alors alerte des centres amygdaliens que nous connaissons bien, et qui contrôlent peur, colère, réaction de défense ou de fuite, stress.

            Le troisième relais est dans le thalamus. Ce centre interroge nos cinq sens tous les 1/40èmes de seconde et envoie les signaux vers les centres spécialisés d'interprétation. Mais il fait aussi des synthèses entre les diverses perceptions : vue, ouïe, toucher, odorat et goût, pour caractériser leur origine afin de renseigner le cortex central.

            Les signaux vont enfin être interprétés par un centre spéciailisé dans l'analyse des sons : on l'appelle le “cortex auditif” et il comporte des “couches” spécialisées dans certains traitements.
            C'est ce traitement que nous allons détailler un peu plus, à partir du schéma ci-dessous, en différenciant ce que font les hémisphères droit et gauche.

    L'interprétation des sons par le cerveau.

            Nous allons d'abord parler d'un premier traitement qui est fait à la fois par le tronc cérébral qui échange des informations reçues des oreilles droite et gauche, par les tubercules quadrijumeaux et un “sous-centre” du cortex que j'appelerai pour simplifier “où ?”
            Ces centres analysent l'écart de temps entre les signaux provenant de chacune des deux oreilles, et qui ne sont pas simultanés sauf si le son provient de la direction face à la tête (devant ou derrière : égale distance des deux oreilles).
    Ils analysent aussi les différences d'intensité, notamment pour savoir si le son provient de devant , derrière, en haut ou en bas. (grâce aux réflexions dans le pavillon de l'oreille)..
            Ce traitement est fait plutôt sur la partie “aigue” du son.
            Pour une tête d'adulte, une inclinaison d'undegré d'angle correspond à un écart de 10 microsecondes. Un adulte bien entraîné arrive à localiser l'origine du son avec une précision d'environ 10 degrés quant à sa direction.
            Il détecte aussi si le son est proche ou lointain, mais avec une précision faible. Une alerte peut être envoyée aux centres amygdaliens pour prévenir un danger.

            Les diverses couches du cortex auditif font surtout trois types de traitement d'interprétation des influx nerveux qu'ils reçoivent.
            Un premier groupe de neurones va mesurer la durée et l'intensité du son.        
            Un second groupe va mesurer la “hauteur” du son, c'est à dire la fréquence de base hors harmoniques, en quelque sorte le détail des notes isolées les unes des autres.
            Un troisième groupe plus important va faire une analyse de Fourier et déterminer le “timbre” du son, c'est à dire l'importance des différentes fréquences.et des diverses harmoniques
            Ces trois centres font donc une analyse physique du son, à partir des signaux nerveux reçus de la cochlée.
            C'est le traitement primaire.

            Le cerveau va ensuite faire un traitement secondaire plus évolué  à partir de ces diverses informations données par les couches primaires.
            Un premier centre, situé dans l'hémisphère gauche, que j'appellerai le “QUOI”  va essayer d'identifier le son, en travaillant plutôt sur les fréquences graves. Il va transmettre l'information au thalamus et au cortex qui compareront à une base de données de notre mémoire et pourront dire : c'est une voiture, un avion, un chant d'oiseau, une musique, de la parole....
            Un deuxième centre situé également dans l'hémisphère gauche du cerveau,  va séparer les sons un peu comme le ferait un analyseur digital et il va identifier et comparer les notes isolées. Il va entre autres, analyer le rythme de la succession des sons, ce qui est très important notamment dans le domaine musical ou de la parole.
    C'est ce centre qui est très actif lorsque le musicien accorde son instrument, sur le "la" puis sur les diverses notes.   
            Un troisième centre, qui lui est principalement situé dans l'hémisphère droit, va analyser la mélodie, le chant, la suite des notes. Il est particulièrement actif lorsque nous écoutons de la musique ou quelqu'un parler.
            Les centres auditifs de l'hémisphère gauche vont donc analyser les éléments rationnels des sons, alors que ceux de l'hémisphère droit vont examiner les "impressions", les données émotionnelles et sentimentales des sons.

            En urgence (quelques millisecondes), des informations d'alerte et de danger sont transmises directement par les tubercules quadrijumeaux et le thalamus aux centres amygdaliens.
            Toutefois le cerveau élimine d'office des sons “habituels” (par exempla le bruits des autos sous vos fenêtres ou du métro sous votre immeuble...), pour réserver l'alerte à des cas d'urgence.
            Tous les renseignements que le Thalamus juge importants, des centres auditifs sont transmias au cortex frontal qui va analyser ces informations, faire appel à la mémoire, et comparer avec ce qu'il sait déjà, redemander des précisions afin de pouvoir prendre éventuellement des décisions et agir.
            Les sensations d'ordre émotionnel sont transmises dans l'hémisphère droit aux centres du cerveau limbique (émotionnel) et notamment dans le gygus cingulaire aux centres qui vont gérer nos émotions.

            Dans un futur article j'essaiera de décrire succintement ces éléments et en particulier les traitements de la musique et de la parole et comment le cerveau, à partir d'éléments  purement physiques (vibrations de l'air) imagine et crée une "réalité fictive" : les sons, la musique, la parole.

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