• Le "bon sens" des philosophes.

                "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » disait Descartes dans le « Discours de la Méthodes », et il en donnait la définition : c’est « la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on appelle le bon sens ou la raison est naturellement égale en tous les hommes ».
                Boileau tempère fortement cette affirmation en disant, dans un poème :
                     Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,
                     Le chemin est glissant et pénible à tenir ;
                     Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt l'on se noie.
                     La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.

               Le bon sens qualifie ce qui est sensé, raisonnable, prudent ou judicieux basé sur une perception simple des situations et des faits; il est associé à la sagesse, au raisonnement et à la prudence. Il évite que l’on croit n’importe quoi et il incite à réfléchir avant de parler ou de répondre à une question pour éviter de dire une bêtise.

              Je ne sais si tout le monde avait du bon sens du temps de Descartes, mais je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de personnes ne semblent plus disposer de cette qualité et considèrent n’importe quelle information comme véridique, notamment sur les réseaux sociaux, font courir des rumeurs absurdes, ou font des raisonnements et des réponses complètement illogiques (voir les « histoires » de mon intermède dans mon précédent article). 

             Quelles sont les dispositions de l’esprit que demande un solide bon sens, l’exercice de ces dispositions se faisant d’ailleurs en partie de façon inconsciente.

             Le bon sens nécessite d’abord une bonne mémoire des faits, une certaine curiosité intellectuelle et un certain esprit de synthèse, pour leur associer causes et conséquences. En effet face à une situation ou à une information nouvelle, on commence par la comparer à la base de données des faits ressemblants que l’on a en mémoire.
             Le bon sens requiert aussi une certaine analyse pour ne pas faire ou voir compliqué quand on peut le faire simplement.
             Bergson donnait comme exemple une personne de bon sens qui arrivait en haut d’une colline et voyait une grande masse avec de grands bras. Serait ce un géant ? La personne cherche dans sa mémoire et trouve que cela peut ressembler à un moulin. C’est certainement plus vraisemblable qu’un géant !
             Le bon sens demande ensuite un certain esprit critique, qui mette systématiquement en doute toute information ou fait qui se présente à vous, et examine ce qui semble avéré et au contraire ce qui semble douteux ou peu probable et mérite d’être vérifié.
             Pour cela il faut un certain esprit logique qui analyse causes et effets et remarque ce qui paraît illogique, ou non conforme aux habitudes, aux règles ou aux connaissances.
             Il faut avoir les pieds sur terre, un certain réalisme. Malheureusement l'esprit humain peut être convaincu qu'une idée est correcte, alors que des indicateurs démontrent clairement le contraire.
            Il faut en particulier se garder des amalgames, ou de la généralisation de faits particuliers que l’on applique à tout un groupe (c’est une des sources du racisme). Tout n’est que très rarement tout noir ou tout blanc.

             Le bon sens nécessite aussi une certaine connaissance de l’humain, car beaucoup d’informations nous viennent d’autrui et peuvent être fortement influencées par la personnalité de notre interlocuteur, ses goûts, ses intérêts, ses qualités et ses défauts et également par son environnement social et personnel.
             Il nous faut différencier les gens crédibles de ceux qui ne le sont pas.
             Il faut aussi se méfier de nos propres émotions qui influencent notre jugement et peuvent nous orienter sur une piste erronée. Nous avons tous en particulier certains préjugés.

             Le bon sens exige aussi d’être tolérant, d’écouter autrui, de se renseigner auprès de sources et personnes multiples, pour comparer les avis. Il faut savoir admettre qu’on peut avoir tort, et si on vous en convainc sur une opinion donnée, il faut alors savoir en changer.

             En fait on trouve très peu d’écrits sur le bon sens, sauf au plan philosophique, car les grands auteurs se sont penchés sur ce problème, mais en termes souvent ésotériques et loin de la réalité.
    Par contre on trouve de nombreux écrits sur « l’esprit critique » et j’en dirai quelques mots dans un prochain article.

     

    prochain article.

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  •            Je ne sais pas si notre nouveau Ministre de l'Education Nationale fera mieux que son prédécesseur (ce ne serait pourtant pas difficile car la précédente a accumulé les erreurs).
             Tous les jours, au journal télévisé, on nous dit que l’instruction en France est en chute libre, que de nombreux élèves savent à peine lire en Cours Moyen, ne connaissent pas l’orthographe au lycée et sont d’une grande ignorance en culture générale.
             On nous bassine avec les dernières réformes en cours qui sont pour la plupart catastrophiques et qui obligent le ministre suivant à revenir en arrière. Cela a été le cas de la dernière réforme dans laquelle on revenait à 4 jours et demi de classe, mais sans cours supplémentaire : on s’amuse l’après midi, dans des activités qui certes peuvent éveiller les enfants, mais dont l’utilité est contestable et qui coûtent très cher aux communes. Certes les enfants sont contents, mais je doute que leur savoir s’améliore. Et le nouveau Ministre essaie de corriger cette bévue.

              Quand je vois ce qu'ont appris mes petits enfants au primaire, au collège et au lycée, et pour les avoir souvent aidés, au moins en sciences, je trouve que leurs capacités ont été très sous-employées, qu’on ne leur a pas appris à travailler, et que finalement, ils auraient pu mieux faire.
              Certes il faut s'adapter à l'évolution de la société, aux techniques nouvelles, mais cela ne veut pas dire qu'il faut renier le passé et faire table rase sur ce que faisaient nos anciens inscrits et professeurs dont la plupart étaient excellents et obtenaient des résultats.
              Les réformes se succèdent, mais je n’ai jamais entendu un Ministre demander au préalable une étude approfondie sur les causes de ces échecs scolaires et on bâtit une «refondation» de l’école primaire notamment, sur  des idées à priori, sans regarder en arrière.
              L’idée de revenir à 4 jours et demi était peut être bonne, mais pas pour créer de nouveaux amusements : il y en a bien assez avec la télévision, les jeux sur internet et les téléphones portable.
              Dans les années 60/70, on a tellement allégé les programmes et les horaires du primaire que la machine a cessé de fonctionner. On a surtout supprimer les exercices à la maison, alors que l'apprentissage de n'importe quel enseignement nécessite la répétition d'exercices pratiques.
    Je connais plusieurs jeunes de 18/19 ans qui ne savent plus faire une division à la main; bien sur il y a une calculette sur leur téléphone portable, mais ils ne savent plus où placer la virgule et se trompent souvent d'un facteur 10 sans s'en apercevoir !

              Puis on a inventé la réforme des maths modernes. Au lycée passe encore, mais au primaire où il faut apprendre des notions pratiques de calcul et de résolution de problèmes logiques d’arithmétique, un enseignement aussi théorique a complètement perturbé l’esprit des enfants : ils ne savaient plus faire les opérations, connaissaient mal la table de multiplication et alors qu’on voulait leur apprendre ce qu’étaient des systèmes à bases diverses, ils ne savaient même plus ce qu’était le système décimal.
             En apprentissage de la lecture, on a généralisé la méthode globale au dépends de la syllabique, ce qui est totalement absurde si on regarde le fonctionnement des centres du cerveau d'un enfant de six ans, et on a créé une génération d’élèves, qui savait à peu près lire, mais ne comprenaient pas ce qu’ils lisaient. Il a fallu revenir en arrière à la méthode syllabique en début d'apprentissage de la lecture, sous peine de faire des illettrés et des dyslexiques.

             Par la suite, les politiques ont mis en avant, démocratisation de l’enseignement et mixité sociale.
             Certes il est nécessaire que le maximum d’élèves ait accès à un enseignement le plus loin possible, et que les gens d’origines différentes aient l’occasion de se connaître dès leur enfance.
             Mais décréter que tous sont égaux devant l’apprentissage, la compréhension et la mémorisation est absurde et un non sens. Le même enseignement pour tous est une absurdité.
             Cela ne veut pas dire qu’il faut forcément faire des classes en fonction des aptitudes des élèves, encore que dans les grandes classes du collège et lycée, leur orientation ne sera pas la même, et cela serait sans doute plus efficace; mais cela veut dire, si on est logique et objectif, qu’il faut faire davantage de cours à certains, répéter certaines notions jusqu’à ce qu’elles soient assimilées, et que pour ceux qui ont de meilleures aptitudes, il ne faut pas qu’ils paressent et s’ennuient. Il faut donc leur faire faire des exercices plus difficiles, pour qu’ils rencontrent des difficultés, il faut leur faire parfois expliquer au tableau à la place du professeur, et les inciter à aider leurs camarades moins favorisés.
            Je me souviens de mon instit en CM2 : le soir en dernière heure, il organisait plusieurs «petites classes» à effectif très réduit, où les meilleurs élèves aidaient les autres (bien sûr il supervisait l’ensemble), et j’ai personnellement appris peut être encore plus en expliquant ainsi aux autres, qu’en écoutant le professeur.

            On a dévalorisé l’enseignement professionnel. Je connais pourtant des jeunes qui ne se plaisaient pas en classe et ne réussissaient pas, et qui, lorsqu’on leur a appris un métier manuel qu’ils aimaient, en alternance, se sont mis à travailler, à réussir et à passer brillamment un bac professionnel. Ils n’ont peut être pas toutes les connaissances générales acquises au lycée, mais ils ont autant de connaissances utiles pour réussir dans la vie, et probablement plus de bon sens.

              Les jeunes qui sont doués et de trouvent devant des cours faits pour que les moins doués suivent, et à qui on ne donne rien à faire de plus, arrivent à suivre sans effort et prennent l’habitude de ne rien faire et de chercher des activités hors lycée dans la télévision et l’ordinateur. Ils ont l’illusion d’être de bons élèves, voire des crack, réussissent leur bac avec mention sans avoir travaillé, et arrivés dans le supérieur où le travail est indispensable, ils échouent lamentablement.
             De plus une multitude d’options, souvent agréables et n’ayant que peu de rapport avec l’enseignement général, détournent les élèves des matières fondamentales et gonflent leurs points au bac, donnant ainsi des mentions illusoires.

            Je ne suis pas le seul à penser que l’on offre aux élèves du primaire et du secondaire des enseignements dévalués, nivelés par le bas, qui ne sont pas centrés sur les matières qui préparent au supérieur : le maniement de notre langue, le français, l’apprentissage de l’analyse et de la synthèse, les mathématiques, les sciences physiques et naturelles (SVT), les langues vivantes. Bien sûr la culture générale existe toujours, mais là, les techniques multimédia peuvent faciliter considérablement l’enseignement, par exemple en histoire et géographie. Quant aux options, on pourrait les limiter à des enseignements soit d’approfondissement, soit formateurs comme le latin, soit de base au plan artistique : dessin musique...

              Mais surtout l’enseignement actuel est beaucoup trop théorique. Il y a bien trop peu d’exercices pratiques, près de la réalité, on ne développe pas le calcul mental, la logique, l’esprit d’organisation rationnelle, on n’entraine pas la mémoire. Les élèves ne s’intéressent plus à cet enseignement, dont ils ne voient pas les buts, les applications possibles. Les élèvent ou réussissent mais s’ennuient, ou sont rebutés par leurs échecs.
             Finalement, on n’exploite pas actuellement les capacités réelles des enfants, même les moins doués; on n’utilise pas leur curiosité intellectuelle, on ne sait plus captiver leur intérêt et leur attention, trop orientée vers d’autres activités ludiques. On ne leur apprend plus à travailler et ils ne développent plus leur potentiel.
             Je ne pense pas que ce soit la faute des instits et des professeurs, il y en a toujours de très bons, des consciencieux et des passionnés, mais c'est celle des programme qui sont imaginés par des gens peu compétents et dénués de bon sens.
             
    Je me souviens avoir lu il y a un peu plus d'un an, les nombreuses pages du dernier rapport du Comité des Programmes sur la réforme de l'enseignement secondaire au collège, et j'ai été effaré de ce que j'ai lu, écrit dans un langage ésotérique, manquant totalement de pragmatisme et de bon sens, et truffé de notion très discutables de psychologie, et ne tenant aucun compte de ce que l'on sait sur le fonctionnement du cerveau, notamment en apprentissage, ni de ce qui pourrait servir au futur adulte, out au long de sa vie.

             C’est aussi une absurdité de vouloir que tous suivent les filières générales.
    Plutôt que d’avoir des jeunes en échec, il vaudrait mieux les orienter plus tôt vers des filières professionnelles, où un enseignement en alternance (comme dans d’autres pays européens), permettrait de leur apprendre un métier qui les intéresse et leur plaise, et ensuite de gagner leur vie, mais dont la partie «en classe», leur permettrait de compléter leur formation dans les matières générales, en privilégiant les exercices et applications pratiques, qui pourraient s'appliquer à leur futur métier.

     

     

     

     

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  • L'apprentissage des gestes chez de très jeunes enfants.

               Les journalistes ont tendance à donner aux neurones miroirs des aptitudes exagérées notamment en matière d’apprentissage, et ils disent souvent que les jeunes enfants apprennent les actes à faire en regardant et en imitant les gestes de leurs parents (ou des adultes qui les éduquent°. La réalité est beaucoup plus complexe que cela.

              J’ai lu un article très intéressant d’Alison Gopnik, professeur de psychologie à l’Université de Berkeley, spécialiste du développement psychique des enfants, et je vais essayer de vous résumer quelques extraits, qui montrent toutes les capacités de jeunes enfants de 18 mois à 3 ans en matière d’imitation et d’apprentissage.

               Les enfants imitent intelligemment ce qu’ils voient.

               Les chercheurs montraient à des enfants de 2 ans une petite voiture qu’ils faisaient rouler sur une table. Lorsqu’elle heurtait une boîte située à droite, une lumière clignotait sur un jouet en bout de table, et lorsqu’elle heurtait une boîte située à gauche, la lumière ne clignotait pas.
               Lorsque les enfants manipulaient ensuite la voiture, ils la faisaient uniquement cogner la voiture de droite : l’imitation ne concernait donc que les gestes « utiles », que l’enfant avait déduits de ce qu’il avait vu.  
              Ils analysent également les résultats des essais : une personne séparait les deux morceaux d’une boîte et de son couvercle, et faisait semblant d’avoir ses doigts qui glissaient et avait des difficultés à ouvrir la boîte. Les mêmes enfants qui observaient cette personne, prenaient fermement la boîte et le couvercle et l’ouvraient au premier essai.
             Ces enfants recherchaient l’efficacité vis à vis d’un but. S’ils regardaient d’une part une personne qui ouvrait volontairement une boîte en appuyant sur un bouton et une autre personne qui effleurait par hasard le bouton en faisant autre chose, ils imitaient la première personne, mais très peu la seconde.

             Chose plus étonnante, des bébés de 18 mois voient une personne qui, les bras et les mains enroulés avec une couverture, appuie sur le bouton avec sa tête pour ouvrir la boîte, alors qu’une autre personne fait la même chose alors qu’elle a les mains libres. Dans le premier cas, les bébés vont appuyer directement sur le bouton avec leurs mains pour ouvrir la boîte, ayant compris que la personne ne pouvait utiliser ses mains. Dans le second cas, estimant que la personne avait des mains valides et ne s’en servait pas, ils appuyaient sur le bouton avec leur front, comme la personne le faisait.
              Des enfants de 3 ans essayaient d’ouvrir deux tiroirs l’un facile à ouvrir, l’autre difficile. Une fois refermés, une personne venait alors appuyer sur un bouton pour les ouvrir. Les enfants qui avaient eu des difficultés à ouvrir leur tiroir appuyaient alors aussitôt sur le bouton, alors que ceux aux tiroirs à l’ouverture facile, se servaient peu du bouton, considérant que ce n’était pas essentiel.

              Les enfants accordent de l’importance à l’apprentissage par des humains : alors qu’ils imitaient la personne qui séparait à la main, la boîte de son couvercle, ils n’étaient pas enclins à imiter les gestes d’un robot qui faisait la même opération avec ses pinces.
              Mais ils ne font pas confiance à tous de la même façon.
              Deux personnes faisaient fonctionner un jouet, en faisant d’abord des essais inutiles et donc infructueux, puis trouvaient enfin le bon bouton pour faire démarrer le jouet. Mais la première personne déclarait au préalable à des enfants de trois ans qui l’observait, qu’elle ne connaissait pas ce jouet, ni comment il fonctionnait. La seconde personne disait au contraire qu’elle connaissait bien ce jouet.
              Dans le premier cas, les enfants appuyaient immédiatement sur le bon bouton, estimant sans doute que les premiers essais étaient un tâtonnement infructueux dû à l’incompétence. Dans le second cas, les enfants répétaient tous les gestes de « l’expert », considérant que puisqu’il savait, toute la séquence de gestes était nécessaire.

              On constate ainsi que l’apprentissage par imitation, chez l’homme et même les très jeunes enfants, n’est pas simplement le fait des seuls neurones miroirs, mais un phénomène beaucoup plus complexe, dans lequel l’enseignement par un autre humain était privilégié, la compétence de la personne enseignante pouvait être prise en compte, ainsi que l’efficacité, l’utilité et la difficulté de la tâche à réaliser, ce qui nécessite derrière la simple observation, un raisonnement logique, même s’il est inconscient et la prise en compte des buts poursuivis par la personne que l’on imite.

              Les parents croient souvent que, pour enseigner des gestes aux enfants, il faut des exemples spécifiques et originaux. En fait il vaut mieux faire naturellement les gestes courants que l’enfant imitera, en recherchant lui même quel est le but poursuivi, et la séquence la plus efficace.

     

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  •       Les psychologues étudient la capacité des humains à comprendre autrui (ou soi-même), et à imaginer ce que les autres pensent. Ils ont donné à cette capacité un nom bizarre : la « théorie de l’esprit » C’est en quelque sorte faire la théorie de ce qui se passe dans l’esprit des autres, , qui ne pensent pas forcément la même chose que vous. .
          Les neurobiologistes étudient comment le cerveau essaie d’effectuer ces tâches de compréhension, mais on ne possède pas encore des moyens suffisants (notamment d’IRM) permettant de savoir quand un nombre très petit de neurones s’active. Sur des animaux on peut implanter des électrodes très fines dans le cerveau (sans les faire souffrir), et donc aboutir à une plus fine compréhension, mais évidemment les animaux, même les singes supérieurs, n’ont pas les mêmes capacités que l’homme et l’extrapolation est hasardeuse.
          Cependant les études sur les singes ont permis de découvrir l’existence des « neurones miroirs », qui interviennent dans ce domaine.

           Certains neurones s'activent quand le singe exécute des actes moteurs simples, par exemple attraper un fruit. Mais ces mêmes neurones déchargent aussi quand le singe observe quelqu'un (autre singe ou homme) qui réaliser la même action. Comme ces neurones semblent refléter directement, dans le cerveau de l'observateur, les actions réalisées par soi-même et par autrui, ils sont appelés par les neurobiologistes “neurones miroirs”.

    Les neurones miroirs.

          Les neurones miroirs sont localisés chez le singe, dans une partie du cerveau du singe qui commande des mouvements complexe (aire "A" sur la figure).
          Chaque groupe de neurones est spécifique d’un geste et s’active si le singe effectue un geste dans un but précis ou voit un autre singe faire ce geste particulier.
          Ils restent inactifs lors de gestes simples, sans but précis ou automatisés.

          Pour savoir si les neurones miroirs jouent un rôle dans la compréhension d'une action, plutôt que dans ses caractéristiques visuelles, les neurobiologistes ont mesuré les réponses de ces neurones quand les singes comprennent une action sans la voir.
           On enregistre l'activité de ces neurones pendant qu'un singe observe des gestes accompagnés d'un son distinctif, (par exemple le son d'une feuille de papier que l'on déchire ou d'une cacahuète que l'on écrase). Puis on fait entendre le son au singe, sans lui montrer l'acte. De nombreux neurones miroirs de l'aire "A" qui s'activent quand le singe voit les actions associées à un bruit caractéristique, déchargent aussi quand le singe entend seulement les sons, sans voir l’action.

          Les neurones miroirs participent donc à la compréhension des actes moteurs, quand on peut comprendre une action sans la voir, comme c'est le cas à partir des sons ou des représentations mentales.

          Chez l’homme, les mêmes neurones miroirs existent dans l’aire des mouvement complexe mais d’une part il existe d’autres groupes de neurones miroirs et d’autre part, la capacité des humains à comprendre autrui (ou soi-même), et à imaginer ce que les autres pensent est beaucoup plus complexe et évoluée que chez les animaux.
     

          Les neurones de l’aire motrice ne concernent que l’effet miroir sur actions motrices de l’autre, c’est à dire les gestes.
          Mais il existe aussi des neurones miroirs dans l’aire voisine de Broca, (qui est une aire de production du langage : voir mes articles à ce sujet), et il s ‘activent lorsqu’on écoute les paroles d’autrui. Associés aux neurones miroirs moteurs qui examinent les expressions du visage, ils aident à comprendre le sens des paroles, notamment au plan émotionnel.
          Une différence importante chez l’homme pour les neurones miroirs moteurs est qu’ils s’activent non seulement quand il effectue un acte précis, quand il observe un autre faire le même geste, quand il imite ce geste, quand il entend un son lié à ce geste ou quand il pense que l’autre a l’intention d’ effectuer cette même action.

          Les neurobiologistes ont montré que ces neurones miroirs s'activaient quand on essayait de comprendre les actions d'autrui.
          Ils ont montré aux volontaires de leurs essais, une vidéo d'une personne saisissant  une tasse à thé pour boire son contenu, et une autre vidéo de la personne saisissant la tasse pour la mettre à la machine à laver.

          Les neurones miroir ont fonctionné modérément, car deviner l'action n'était pas évident.
          On a alors montré un table avec le goûter servi, prêt à être mangé et la tasse qu'on portait aux lèvres; puis la table avec les restes du goûter et la tasse qu'on emmenait à la machine à laver. Là encore les neurones miroirs ont fonctionné.
          Quand on repassait ensuite les vidéos initiales de la tasse seule, l'activité des neurones miroirs était très importante et les “hommes cobayes” reconnaissaient la destination du geste accompli.

           Par diverses expériences de ce type, les chercheurs ont montré que l'activité des neurones miroirs était importante chaque fois que l'on cherchait à comprendre les intentions d'autrui et cela d'autant plus que ces intentions étaient claires et nettes. Mais pour comprendre les intentions d’autrui, il faut pouvoir comparer ce que reçoivent les neurones miroirs à un répertoire des expériences passées et donc avoir acquis ce répertoire.

            Ils ont montré également une autre fonction des neurones miroirs : celle de l'apprentissage par imitation.
            Quel est le rôle des neurones miroirs quand nous devons apprendre par imitation des actes moteurs complexes entièrement nouveaux?

           Les chercheurs ont observé par IRM l'activité du cerveau de personnes imitant les gestes d'un joueur de tennis après l'avoir vu jouer.
          Quand les personnes observent l'expert, les neurones miroirs de leur cortex pariéto-frontaI s'activent. Et la même région est encore plus activée quand elles reproduisent les mouvements. De surcroît, dans l'intervalle de temps qui sépare l'observation de l'imitation, quand les personnes "préparent" leur imitation des gestes, une zone cérébrale supplémentaire s'active. Cette partie du cerveau, dans lle cortex préfrontal, est en général associée à la planification et la commande des mouvements et c'est également une mémoire de travail, et elle jouerait de ce fait un rôle central dans l'assemblage correct des actes moteurs élémentaires de l'action que la personne s'apprête à imiter.

           Enfin il semble que, chez l’homme, des neurones miroirs existent dans le cerveau émotionnel, notamment dans l’insula et le cortex cingulaire et peut être dans l’amygdale. Ils permettraient de comprendre les émotions de soi et d’autrui
           Mais l’on ne connait encore que très succinctement cette question.

          Les journalistes par contre exagèrent la fonction des neurones miroirs leur attribuant toute la compréhension des autres, ce qui est très exagéré. La compréhension des rapports sociaux est bien plus complexe.
          Dans le prochain article, je vous parlerai de l'apprentissage de gestes par de très jeunes enfants, qui dépasse le seul rôle des neurones miroirs.

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  •           Je suis en vacances en Bretagne et dans mon jardin, il y a quelques pins
              Cette année, une grosse tempête a eu lieu début mars et j’ai trouvé quelques branches de pins au sol, arrachées par le vent et certaines avaient des « bouquets »  de pommes de pins à divers stades de maturité. En voici une photo. 

              En bas à droite les « bébés » pommes de pin, en grand nombre; mais ce sont les « cônes » mâles du pin. Ce sont eux qui portent le pollen qui va féconder les pommes femelles.
              En bas à gauche les « ados », qui ont considérablement grandi et se sont organisés en étoile.        
             En haut à gauche les « adultes », plus gros, moins nombreux, compacts et pas encore desséchés.

            Enfin en haut à droite, les « vieilles pommes de pin », à la taille maximales, devenues sèches et qui se sont ouvertes, contenant une graine sous chaque écaille, ce dont raffolent mes écureuils qui viennent visiter les pins le matin de bonne heure : Queue Rousse et Queue Noire.
           En fait ces trois stades sont ceux de pommes qui sont les « cônes » femelles du pin. Ils recevront le pollen et transformeront les ovules en graines.

               Chose curieuse, les cônes mâles et femelles poussent sur des branches différentes. Les cônes mâles poussent sur les branches inférieures de l'arbre tandis que les cônes femelles se situent sur les branches supérieures, ce qui paraît illogique, car le pollen a peu de chance de monter vers les cônes femelles.
              La fécondation se fait normalement par un autre arbre ce qui permet de croiser les fécondations et d’éviter des dégénérescences par « consanguinité ». 
              Après la fécondation, les cônes femelles restent sur l'arbre deux à trois ans, pour que la graine se développe. Les gros cônes femelles ne sont plus alimentés par la plante mère et ils sèchent donc peu à peu, ce qui provoque l'ouverture des écailles, libérant les graines qui sont le plus souvent ailées. Cette aile leur permet de parcourir de longues distances grâce au vent.

            J’ai ainsi très souvent des tout petits pins qui poussent un peu partout dans mon jardi : je les mets en pot et s’ils ne meurent pas, j’en fais des bonzaïs.

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