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    Formation des souvenirs

          Un correspondant, après avoir lu mon article sur les mémoires, me demande,                      « mais comment se forment nos souvenirs ? » 
          Je vais essayer de l’expliquer mais en simplifiant beaucoup.

          Tout souvenir commence par une perception : image, son, toucher, odeur goût, et éventuellement les sensations internes de notre propre corps. (schéma à gauche ci-dessous).
          Ces sensations remontent par les nerfs correspondants vers le thalamus et sont d’abord transmises aux centres amygdaliens : c’est une question de survie : si la sensation montre un danger il faut qu’il y ait une réaction très rapide : quelques centièmes de seconde.
          L’amygdale communique avec le cerveau émotionnel, et la première impression presque inconsciente de notre cerveau est une perception émotionnelle. Les individus y sont plus ou moins sensibles. On en tient compte dans les préférences cérébrales ( préférence A/O, voir mes articles sur ce sujet). Cela dure de l’ordre de quelques dixièmes de seconde.
          Si vous écoutez un orchestre, la mélodie peut vous émouvoir aux larmes, vous ne savez pourquoi. Ce n’est pas raisonné mais inconscient.

    Formation des souvenirs

      Formation des souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

          A la perception émotionnelle succède une perception organisée, que des centres spécialisés analysent. Par exemple pour le vue, l’analyse va examiner les formes, les couleurs, les mouvements, puis dans la voie dorsale situer l’événement dans l’environ-nement, en faisant des cartes situationnelles, ( le « où? »), et par la voie ventrale, reconnaître les objets (le « quoi ?); (voir le schéma à droite ci-dessus).
        C’est rapide 0,1 seconde.

         Pour en revenir à l’orchestre vous voyez les instruments, les musiciens, le soliste, le chef d’orchestre, vous identifiez les sons, les timbres, les voix.
         La transmission peut se faire vers les centres moteurs et inconsciemment vous battez la mesure avec vos mains ou vos pieds.

         Pour pouvoir identifier ls objets, les scènes, l’environnement, le cerveau va rechercher les neurones où des scènes analogues ont été enregistrées par le passé dans les centres du lobe temporal inférieur. C’est le cortex préfrontal qui donne les ordres, mais une partie est réalisée inconsciemment par l’hippocampe. Dans le cas de l’orchestre, le cerveau se réfèrera à des séances passées pour identifier éventuellement instruments et personnages. (cf.schéma à gauche ci-dessous). Cela est encore très rapide : 0,3 seconde.

     Formation des souvenirsFormation des souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

           Toutes nos idées reposent sur le langage; le cerveau va alors faire appel aux centres du langage, notamment Wernicke et Geschwind (voir mon précédent article sur ces centres).
           Il va ainsi relier les sensations et les mots : orchestre, piano, violon…. tabouret, pupitre, partition… violoniste, pianiste, soliste, chef d’orchestre…., mais aussi l’environnement de la salle.(cf.schéma de droite ci-dessus). Durée de cette opération, environ 0,5 seconde.
          Il va communiquer avec le cortex préfrontal via deux modules tampon, l’un pour les sensations, l’autre pour les mots. Ceux ci conservent éventuellement l’information le temps d’un dialogue entre centres du cerveau avec le cortex préfrontal.

          Le cerveau va alors constituer l’ensemble du souvenir : l’hippocampe va solliciter de très nombreux centres, sous les ordres du cortex préfrontal qui a maintenant conscience de ce que vous ressentez,  en établissant des connexions plus durables entre neurones. Le souvenir devient multimodal et riche de toutes les sensations et ressentis; il est à la fois perceptions et lexical.  
          Le souvenir est alors complet et les connexions établies plus ou moins fortes. Si le souvenir a une importance, ou est fortement émotionnel, les connexions seront fortes et durables à moyen terme. Sinon elles seront plus labiles et disparaîtront au bout d’un certain temps car inutiles (par exemple où ai-je garé ma voiture?). Cette opération va être plus longue, 30 secondes environ; (voir schéma de gauche ci-dessous).

     Formation des souvenirsFormation des souvenirs

     

     

     

     

     

     

     

          Mais ce souvenir risque de s’effacer si les connexions ne sont pas très fortes. Pour l’éviter, si le souvenir est considéré comme utile, il va être rappelé durant notamment pendant notre sommeil. Nous pouvons aussi le rappeler consciemment.
          C’est le cortex préfrontal qui donne l’ordre d’un rappel volontaire, avec l’aide de l’hippocampe.  
          Les connexions avec les différents centres de perception sont rétablies (voir schéma de droite ci-dessus), et le souvenir est ré-enregistré et les connexions entre neurones se renforcent à chaque enregistrement.
          Mais il y a un risque de déformation, certains détails peuvent être oubliés, d’autres légèrement transformés. De plus d’autres perceptions relatives au même souvenir peuvent interférer (récits, photos…) 

           Comme le souvenir n’est pas fortement enregistré au stade précédent, pendant le sommeil un fonctionnement inconscient du cerveau va, d’une part, éliminer les connections de souvenirs sans importance, inutiles ou nocifs, et par contre, rappeler les souvenirs importants en mettant à contribution l’ensemble du cerveau émotionnel dans ce que l’on appelle le « circuit de Papez (voir schéma ci-dessous) et ceci en liaison avec le centre de Geschwind, les centres multimodaux d’enregistrement des sensations, et le lobe temporal inférieur. Les souvenirs sont alors renforcés de façon à subsister un temps notable.
           Mais si vous ne les rappelez jamais par la suite, ils tomberont peyu à peu dans l’oubli, certaines connexions disparaissant ou étant difficiles à rappeler.

     

    Formation des souvenirs

             L’ensemble de ces souvenirs dits « épisodiques » est le récit de notre vie, et est une forte composante du « soi ».

           Pour les connaissances apprises par apprentissage, le processus est un peu différent, car le cortex préfrontal établit des connexions entre les différentes notions sémantiques, pour relier les connaissances élémentaires entre elles de façon logique et hiérarchisée. C’est la répétition par apprentissages successifs (et « exercices »), qui consolide le souvenir.

          Dans le cas de modes opératoires  répétitifs, l’enregistrement se fait au niveau du cervelet, qui se substitue ensuite au cortex préfrontal, pour conduire les opérations (marcher, nager, jouer du piano, taper à al machine, conduire une voiture faire du vélo ou du patin à roulettes etc…).

     

     

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    Que dire de l'affaire Fillon ?

            Je parle rarement de politique sur mon blog, car je pense que c’est avant tout, un problème personnel.

     Mais l’affaire Fillon me laisse perplexe.

     A mon sens il y a quatre problèmes :

     Le premier ne concerne pas Fillon, mais l'Assemblée nationale et le Sénat.

     

     Je trouve tout à fait anormal que députés et sénateurs disposent de finances, sans aucun contrôle, pour embaucher qui ils veulent, dans des conditions totalement illégales au plan des règles de la fonction publique et du droit du travail.

     Les enquêtes des journalistes auprès des assistants parlementaires ont montré qu’ils étaient embauchés pour des travaux non définis (une femme disait en plaisantant que le député pourrait lui demander de laver ses chaussettes !). Les horaires ne l’étaient pas non plus et certains disaient faire 50 heures ! Et ils sont titulaires d’un « CDI pour la durée du mandant du parlementaire », ce qui est illégal : c’est un CDD, et ce n’est pas le moyen de fidéliser les bon sujets. Certains étaient très diplômés: un attaché licencié en droit et diplômé de Sciences PO disait gagner 2400 € nets par mois.

     Par ailleurs aucun contrôle sur ce que font les parlementaires de cet argent, alors que tout fonctionnaire est soumis au contrôle, combien tatillon, des contrôleurs financiers du Ministère des Finances.

     En fait cela devrait se passer autrement : il y a un service des personnels pour la Chambre des Députés (et aussi au Sénat), qui dépend d’un secrétaire général, de même qu’il y a des services d’approvisionnement ou financiers. C’est ce service qui devrait embaucher des attachés parlementaires, avec évidemment l’accord du député, et en vrai CDI, et avec un contrat conforme au droit du travail.

     

     Parlons ensuite de M. Fillon :

     La loi n’interdit pas que les attachés parlementaires fassent partie de la famille du député : il n’y a donc là pas de faute. Mais évidemment cela doit correspondre à un travail réel. Si la personne est payée sans venir travailler, dans le secteur privé ce serait « un abus de bien social », passible de poursuites. Alors, à fortiori quand il s’agit de l’argent des contribuables.

     C’est la justice qui décidera : ou bien les emplois étaient réels et il n’y a rien à dire au plan juridique, ou bien ils étaient fictifs, et il y a tout lieu de sévir.

     

     Mais il y a un aspect déontologique. 

     Les salaires de madame Fillon sont 50% plus élevés environ que ceux des autres attachés parlementaires et le double des assistantes des hauts fonctionnaires de l’administration. Quant à ses enfants, qui n’étaient pas comme il l’a dit, avocats, mais encore étudiants en droit, ils touchaient des salaires doubles de ceux d’un ingénieur sortant d’une grande école.

     Ce ne serait déjà pas normal que l’on donne des salaires trop différents de ceux pratiqués dans un domaine donné, mais qu’on le fasse quand il s’agit de membres de sa famille, me paraît gênant lorsqu’il s’agit d’une entreprise, mais, quand il s’agit de l’argent de l’Etat et donc des contribuables, je trouve cela scandaleux.

     

     Un troisième aspect me gêne pour un candidat à la Présidence de la République, qui risque de se trouver dans sa future fonction, devant des situation difficiles sur le plan international.

     Alors ses réactions dans cette affaire m’inquiètent. Il ment en disant que ses enfants étaient avocats, il oublie que sa femme a dit aux journalistes qu’elle ne travaillait pas pour son mari, il fait la victime de complot au lieu de se justifier, et lorsqu’il le fait enfin, ses explications sont vagues et laissent penser qu’elles sont fausses; Et quand ses avocats demandent que le tribunal soit dessaisi de l’affaire, cela laisse supposer qu’ils ont peur que celui-ci ne trouve des choses répréhensibles.

     

     Quant à l’origine des fuites, cela ne m’étonnerait pas que cela vienne de l’entourage de Sarkosy, qui est prêt à servir de plan B.

     

     Je trouve donc normal que les sondages soient en baisse pour le candidat Fillon.

    D‘autant plus que son programme est assez catastrophique et montre que M. Fillon n’a jamais travaillé dans une entreprise, et connaît mal l’industrie.

     Il veut durant son quinquennat, supprimer 500 000 fonctionnaires. Ce sont 500 000 embauches de moins et donc 500 000 chômeurs en puissance

     Il croit que pour ses beaux yeux, l’industrie va embaucher de nombreux salariés. Mais il n’a pas compris que, pou rester compétitive, l’industrie occidentale doit faire appel massivement aux machines et aux robots, et que, même avec une reprise économique, qui n’est pas certaine, elle n’embauchera guère que pour remplacer une partie des départs. Et, avec les réseaux postes à postes et les blockchains, ce sera bientôt la même chose dans les services.

     Alors, même en créant de nouveaux domaines (et il faudrait pour cela payer correctement les chercheurs et investir dans leurs moyens), jamais cela ne créera 500 000 postes. Donc le chômage va encore augmenter massivement.

     Certes il y a des endroits où on pourrait diminuer le nombre de fonctionnaires et employés des services publics, mais en supprimant presque toute embauche de fonctionnaire, l’armée et la police, ainsi que les magistrats, qui garantissent notre sécurité, les personnes du secteur de la santé dont nous dépendons de façon vitale, les instituteurs et professeurs qui instruisent nos enfants, vont se retrouver dans des situations désastreuses, alors qu’ils sont déjà en situation difficile.

     J’avoue que par ailleurs, les idées de M. Fillon sur l’économie ressemblent à celles de ceux qui favorisent les riches au dépends des pauvres et augmentent les inégalités, et celles sur la société et sa façon de gouverner, assez rétrogrades, me rappellent, pour moi qui suis vieux, ce que nous serinaient Pétain et Laval pendant la guerre.

     

     Alors je ne comprends toujours pas ce que lui ont trouvé les personnes qui l’ont préféré à Juppé, qui avait un programme beaucoup plus réaliste.

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    La désinformation sur internet.

                    Il y a toujours eu de tous les temps de la désinformation qui propageait à titre d’information, des nouvelles fausses, volontairement ou non.

     Mais autrefois c’était limité aux affiches et journaux et les pouvoirs publics surveillaient l’affichage et les rédaction veillait sur les dires de la presse.

                Déjà avec la télévision, la mauvaise information par négligence a augmenté, car la concurrence entre chaines entraînait une course au sensationnel pour avoir de l’audience et donc une vérification insuffisante de l’information. Mais les journalistes essayaient de limiter ce risque.

     

               Avec internet et les réseaux sociaux, la fausse information est actuellement beaucoup plus importante que celle qui est avérée. En effet n’importe qui peut écrire n’importe quoi, relayer sans aucune vérification n’importe quelle fausse nouvelle, et propager intentionnellement n’importe quelle rumeur.

              La désinformation est l’inconvénient majeur d’internet. 

              En 2013, le Forum économique mondial, qui examine les problèmes mondiaux urgents, a indiqué que la désinformation massive sur internet étaitl’une des plus graves menaces vis à vis de nos sociétés et civilisations.

              Des chercheurs ont essayé d’analyser le phénomène, en faisant notamment des statistiques sur les réseaux sociaux, en suivant la capacité de fausse informations à se propager rapidement et massivement.

             Leurs principales conclusions exposées dans un article du journal « Pour la Science », de Walter  Quattrociocchi, qui dirige un laboratoire italien de sciences sociales, sont les suivantes :

     

             Internet a révolutionné la façon dont les personnes s’informent, trouvent des interlocuteurs, des sujets et des intérêts communs, réagissent, filtrent (ou plutôt ne filtrent pas), les informations, et se forment leur propre opinion.

            Cela est dû au fait que les réseaux sociaux font partie de notre quotidien et que le nombre de personnes ayant accès à cette information est énorme. Voici quelques statistiques:

           Le nombre de personne ayant accès à internet est de l’ordre de 3,4 milliards dan le monde (46% de la population); en Europe, 616 millions (73%), et en France ((, 4 millions (86% en France; 92% au Royaume Uni et 63% en Italie).

           En France un usager consacre environ en moyenne 1h20mn aux médias sociaux : Facebook 43%, Facebook Messenger 22%, Google 11% et Twitter 11% . Les utilisateurs de Facebook sont 32 millions, dont la moitié entre 20 et 40 ans, 14% pour les 13/19 ans et 8% pour les plus de 60 ans seulement.

           La place des téléphone mobile croit rapidement : l’interrogation d’internet par ces mobiles était de 29% en 2014 et de 39% en 2016. Le trafic moyen est de 1,4 Goctet par mois et par téléphone.

     

          Outre le nombre de personnes touchées, les problèmes que pose internet sont de quatre sortes :

                 - l’émission et la réception d’information s’effectue sans aucun contrôle sur la véracité ou le fondement de l’information. N’importe qui peut publier n’importe quoi, sans intermédiaires.

                - un certain nombre de personnes « s’amusent » à faire courir des rumeurs diverses , le plus     souvent fausses, parfois invraisemblables.

                - mais le niveau moyen des personnes qui consultent internet  est faible, de telle sorte que la compréhension et la critique de l’information reçue est souvent défectueuse.

               - l’homme n’est pas aussi rationnel qu’on pourrait le croire : le filtrage souffre de ce que les psychologues appellent le « biais de la confirmation », c’est à dire que nous privilégions les informations qui correspondent à nos propre idées et nous négligeons celles qui les contredisent. L’individu croit d’abord ce qui lui plaît le plus et correspond à son schéma de pensée.

               - enfin plus l’information est sensationnelle ou affriolante, (et a des chances d’être fausse), plus elle est retransmise de compte en compte et on aboutit à une diffusion exponentielle, comme dans une épidémie.

     

           Les chercheurs ont fait une analyse de millions de données provenant d’une part des sources habituelle d’information (en grande partie vérifiées : télévision, presse informatique, sites scientifiques ou d’information vérifiée,…), d’autre part des autres sources qui inventent l’information ou sont sensées diffuser ce que les sources habituelles « cachent » (et notamment des « complots », et enfin les sources de nature politique, qui utilisent internet comme source de mobilisation et de recrutement.

           On constate que les trois catégories de sources correspondent à des lois statistiques voisines (par exemple la durée de vie de consultation d’un post et le nombre de réactions qu’il suscite). Et plus une information entraine une discussion, plus ce qui s’en dégage est négatif.

          Paradoxalement les personnes qui sont le plus enclines à ne pas croire les sources classiques, sont celles qui fréquentent le plus les sources non avérées : les plus méfiants sont les plus crédules ! Ces personnes sont, en Italie troi fois plus nombreuses que celles qui suivent les sources classiques.

          Un autre résultat a trait aux actions menées pour essayer de convaincre qu’un information était fausse : en général cela ne fait que renforcer la croyance en cette information.

         Quand on lit une telle étude, on n’a vraiment pas l’impression qu’internet nous rende intelligent !!
     

    La désinformation sur internet.

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  • Faut il encore parler du mariage pour tous ?

    Faut il encore parler du mariage pour tous ?  Faut il encore parler du mariage pour tous ?


                 Avec le choix de Fillon par la droite comme candidat aux prochaines présidentielles,  et l’élection de Trump aux USA, je vois refleurir les discussions sur le mariage pour tous et les envie de manif contre la loi en question.
                J’ai même entendu une personne traiter de « pédé » un homme qui se disait favorable au mariage pour tous, ce qui est une preuve notoire de manque d’intelligence. C’est comme si on traitait d’assassin quelqu’un qui est contre la peine de mort !

             Même si la France ne s'appelait pas France, il y a 3000 ans, il y avait déjà des mariages et les homos n'y avaient pas droit !  Mais aux Pays bas, en Espagne et au Portugal (pays pourtant très catholiques), ce droit leur a été donné depuis plusieurs années. L’évolution actuelle me paraît conforme à une évolution de la société, vers une plus grande liberté et tolérance, vers un plus grand respect de l’opinion d’autrui.
             Et puis les français ont un peu marre d'entendre la discussion sur cette question, avec souvent des arguments complètement stupides (comme dire que le mariage homosexuel pousse à la pédophilie et à l'inceste), et ont des préoccupations plus stressantes du fait de la crise ou du terrorisme. Donc ils ont moins tendance à se préoccuper des sujets qui ne paraissent pas présenter un danger pour la société. Et lorsqu’il y a divergence sur un problème, ce sont les gens opposés que l'on entend le plus et c'est normal au plan psychologique.

             Je comprends tout à fait que lorsqu’on est catholique, (israélite ou musulman), on tienne au mariage religieux et qu’on s’interdise d’être homosexuel.
             Je comprends que les prêtres refusent de célébrer le mariage religieux d'homosexuels à l'église : ils considèrent que c'est contraire à la morale de leur religion : c'est leur droit et je dirai presque leur devoir, car il faut avoir le courage de ses convictions.
             Mais on n'est pas obligé d'adhérer à ces convictions, si on ne les a pas, et je considère qu'aller faire des manifestations sur la voie publique contre le mariage homosexuel, sous prétexte qu'on est catholique, m'apparaît comme tout à fait déplacé. Que diraient les évêques si j'organisais une manifestation pour le mariage et contre le célibat des prêtres, sous prétexte que c'est mon opinion. Personnellement je considère que n'étant pas prêtre, ni catholique pratiquant, cette question ne me regarde pas et je n'ai pas à manifester à son sujet.
             Et ce n’est pas parce que je ne suis pas homosexuel que je dois être contre leur droit à une vie, presque normale; je n'éprouve pas de tendresse particulière pour les homosexuels, puisque je n'en fais pas partie, mais je trouve qu'il n'y a pas de raison qu'ils n'aient pas droit au bonheur, comme tous les autres hommes et femmes.

            Autre argument que je trouve puéril et digne des autruches : "la banalisation du mariage pour tous va détruire la famille qui doit être composée de sexes différents, et notre société va profondément évoluer quant au mariage".
           C'est complètement idiot. D'une part ce pourrait avoir une influence s'il y avait une proportion importante de couples homosexuels, mais cela reste une petite minorité et l'influence sociétale sur la famille et le mariage sera négligeable.
           D'autre part, oui, il y a une grande évolution de la famille et du mariage et elle n'est pas due aux homosexuels, mais aux nombres de couples qui vivent en union libre, même avec des enfants, et aux nombres de divorces qui atteint presque 50 % parmi les jeunes, avec ensuite des familles recomposées.
          Mais cela les catholiques intégristes n'en parlent surtout pas, parce que, bien que ce soit contraire à la morale qu'ils prêchent, ils n'ont rien pu faire et c'est maintenant tellement un fait de société qu'aller contre est un suicide. Ce n'est pas une raison pour se voiler la face et chercher ailleurs des boucs-émissaires.

          J'ai discuté ces derniers temps avec quelques catholiques de ces problèmes et je me suis aperçu que finalement ce qui les choquait dans l'homosexualité (Freud a parfois raison), c'est l'acte sexuel entre deux personnes de même sexe. Et plus ce sont des gens "coincés" et prudes, et plus leurs propos sont homophobes, mais ils n'évoquent jamais les "images défendues" que leur imagination leur suggère et qui les choquent.

         Certains m’ont dit qu’il n’y avait que l’homme pour avoir de tels penchants (sous-entendu honteux). Ce n’est pas vrai.
         Si vous prenez par exemple les goélands, habituellement un couple mâle et femelle élève ensemble les poussins et les nourrit, puis leur apprend à voler.
         Mais certaines femelles sont lesbiennes : elles s’accouplent cependant avec un mâle, mais le renvoient aussitôt et construisent un nid avec leur compagne femelle et élèvent les petits ensemble.
        De leur côté, des goélands mâles homosexuels font la cour à une femelle, restent là jusqu’à la ponte et ensuite la chassent du nid pour élever les petits avec leur compagnon mâle.

        Et bien qu’étant souvent en Bretagne, je n’ai jamais vu de manif des goélands contre le mariage pour tous !  

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