•             Un correspondant m'a demandé de lui expliquer ce qu'il avait entendu à la télé, à savoir qu"un enfant avait été conçu à partir des ADN de trois personnes différentes et qu'il avait (ce qui est faux) un père et deux mères.
              Mais avant que j'essaie de vous donner des explications sur ce sujet, il faut que je vous donne un certain nombre de renseignements sur l'ADN et son rôle.
    Je le ferai en plusieurs articles pour que chacun ne soit pas trop long.
              Les figures de ces articles sont des montages que j'ai réalisés à partir de figures plus complexes, provenant d'articles de chercheurs, notamment Angulo Mora, biologiste au CEA.

              Ce premier article portera sur l'hérédité et la définition de l'ADN.

    L'ADN, support de notre hérédité.         En 1860, Johann Gregor Mendel (1822-1884 photo ci-contre), un moine botaniste autrichien, avec bien peu de moyens, va cependant trouver les premières clés de l'hérédité,  après avoir installé dans son monastère un jardin expérimental où il cultive des petits-pois. Mais le monde scientifique d'alors ne l'a pas cru.
              Le médecin F. Miescher en 1869 à Bâle, découvre ce qu'il croyait être une protéine, dont il montre la nature d'acide : la « nucléine » qui n'est autre que l'ADN, mais dont on ne connaît pas encore la structure.
               Le médecin allemand W. Flemming découvre en 1878 les chromosomes et est le premier à décrire la mitose, division des cellules au cours de laquelle les chromosomes se dédoublent.
                Le biologiste allemand T. Boveri entre 1887 et 1900 montre la relation entre les chromosomes et les facteurs génétiques et  que la mitose des cellules sexuelle (appelée méiose), se fait avec division par deux du nombre des chromosomes.

                Jusque là les découvertes étaient surtout d’ordre biologique; au 20ème siècle, on va faire maintenant des découvertes sur les structures chimiques.

                En 1896, l'allemand Kossel identifie les quatre bases azotées ( C,G,T,A) qui forment les “barreaux de l’échelle de l’ADN, mais on ne connaît pas encore cette structure spatiale. C’est l’enchaînement de ces quatre bases qui est le support de notre hérédité et constitue le génôme.(pas la peine de vous rappeler les formules; rappelez vous seulement : C,G - T,A).

    L'ADN, support de notre hérédité.

     

     L'ADN, support de notre hérédité.         Levene et Jacobs, identifient en 1927 le désoxyribose. C’est un sucre (un hydrate
    de carbone, our le schéma ci-contre). Il forme la structure de l’hélice de l’ADN, mais on attendra encore longtemps avant de la connaître.
              Le médecin américain Th. Avery en 1944 montre que l'ADN (la nucléine) est le support de l'hérédité des cellules dans les chromosomes de bactéries. 


              En 1950, E. Chargaff montre que les proportions des 4 bases sont telles que la guanine et la cytosine sont toujours associées, de même que l'adénine et la thymine.

              En 1953, J. Watson et F Crick reçoivent le prix Nobel pour avoir déterminé grâce à la diffraction de rayons X, la structure en double hélice de l'ADN.
              Ils montrent que les désoxyribose se lient à un phosphate et forment ainsi une chaîne hélicoïdale et que les bases azotées se lient à ces riboses comme le montre le schéma ci-dessous.


    L'ADN, support de notre hérédité.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

             

              Et en 1959 S Ochoa et A Komberg reçoivent également le prix Nobel pour avoir élucidé le mécanisme biologique de sa synthèse.
             Enfin, en 1965, Jacques Monod reçoit aussi le prix Nobel avec François Jacob et André Lwoff pour ses travaux sur l'ARN messager.qui va transporter dans les cellules une partie du message de l’ADN pour synthétiser acides aminés et protéines, qui sont à la base de la vie.

             Dans le prochain article, je vous montrerai comment l'ADN est inséré dans nos cellules.

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              Un  petit enfant n'est jamais seul. Il peut, sans difficulté imaginer la présence de ses parents près de lui, surtout de sa mère, qui l'accompagne dans ses soliloques. Il a aussi près de lui son “doudou”, ses ours en peluche et ses jouets préférés. 
             Et même sans eux, l'enfant ne s'ennuie pas il découvre le monde.
            Je pense que comme moi vous avez joué à faire entrer ou sortir un escargot de sa coquille.
            “Escargot, montre moi des cornes , ou sinon, je te casse ta maison !“ dit la chanson enfantine.

            Bien sûr l'enfant cherche d'abord à jouer avec ses jouets. Mais cela ne l'occupe qu'une partie du temps
            Il ne s'ennuie pas pour autant; l'enfant est intéressé par tout ce qui l'entoure et la moindre petite chose capte son attention : un insecte qui butine, une grue qui construit un immeuble, les oiseaux qui viennent manger des graines sur un balcon, les avions qui atterrissent au loin, sa mère qui fait la cuisine ou son père qui bricole.
           Il regarde attentivement, cherche à comprendre, observe pour pouvoir imiter. Il découvre ce qui l'entoure et se forge peu à peu une certaine expérience.
    Au fond l'enfant s'amuse de tout, car tout pour lui est une aventure, une découverte, une nouveauté, une stimulation.
          Ses sens sont en éveil, son attention est soutenue, son cortex frontal réfléchit, sa mémoire emmagasine et des tas de questions fusent. Et lorsqu'il ne s'agit pas de choses nouvelles mais de jeux avec des objets connus, alors son imagination invente, lui raconte un conte, une nouvelle histoire. Il joue alors un jeu de rôle.
         Quand il est en bonne santé, l'enfant est dans son monde à lui, heureux.
         Tout pour lui est nouveauté, stimulation, imagination.
         L'ennui, il ne connait pas, sauf si les adultes lui ont inculqué cette notion, malgré lui.

         Laissez un enfant seul, après s'être ennuyé quelques instants, il trouve un insecte, une feuille, une fleur qu'il se met à examiner, ou bien il se observe un spectacle : un immeuble qui se construit, des autos dans la rue, des avions qui décollent au loin.     
        L'environnement intéresse l'enfant et l'ennui n'est plus là.
        Laissez un adolescent seul, après avoir trouvé qu'il perd son temps, qu'il ne sait pas quoi faire, il va venir vous trouver pour vous dire qu'il s'ennuie ou bien il va se morfondre et tourner en rond.
        Et bien des adultes que je connais se lamentent aussi parfois parce qu'elles s'ennuient.
       Nous attribuons en général l'ennui au fait que l'environnement ne nous intéresse pas, que de ce fait nous ne sommes pas motivés, nous n'avons envie de rien faire et finalement nous n'avons rien à faire.
        
        Que disent les psychologues de l'ennui, qu'ils étudient depuis près d'un siècle.?

        Dans les années 1930, ils étudiaient dans les usines les tâches répétitives et fastidieuses et leurs études ont montré que l'ennui, et le sentiment de fatigue qui l'accompagne, résultaient d'un manque de vigilance et de motivation, les tâches correspondantes étant considérées comme inintéressantes par l'individu.
        Des stimulants comme les amphétamines , l'adrénaline, la caféine... diminuaient ces sensations.
        En1986 le psychologue Norman Sundber, a développé un questionnaire-test  (28 items) et une échelle d'inclination à l'ennui, dont le but était d'étudier la sensibilité des individus à l'ennui dans diverses situations.
        Les études menées par la suite ont montré que si toutes les personnes éprouvaient de la lassitude devant des tâches répétitives, monotones et contraignantes, par contre certaines personnes étaient davantage sujettes à l'ennui, et que cet ennui venait d'un manque de stimulations.

    Les extravertis en particulier s'ennuient plus facilement que les introvertis.
    Les introvertis, habitués à évoluer dans le monde de leurs idées, de leur propre pensée, ont la capacité de s'occuper dans toutes sortes de situations et sont en général plus créatifs et ont de nombreux passe-temps et centres d'intérêt et donc s'ennuient moins.
        Les extravertis qui tirent leurs motivations de l'extérieur et en particulier des autres hommes, ont donc besoin de davantage de stimulations venant de l'environnement. 
    Si le monde extérieur ne fournit pas assez de nouveautés intéressantes, si personne n'est là pour les occuper, les extravertis ressentent l'ennui et la solitude.
        Ils ne sont pas capables, comme les introvertis de “s'auto-stimuler”.

        Des études plus récentes ont montré que l'ennui pouvait venir chez beaucoup de personnes d'une certaine incapacité à faire attention et à se concentrer, à trouver de l'intérêt à ce qu'ils font.
        Les chercheurs ont trouvé que les personnes distraites, sujettes à l'oubli et inattentives avaient une tendance marquée à s'ennuyer.
        Il est certain que dans le monde actuel qui est centré autour des moyens de communication et des médias, avec en plus la vie devenue trépidente, nous sommes devenus inattentifs par nature, dérangés sans cesse, ayant l'habitude de “zapper” d'une occupation à l'autre, de telle sorte que beaucoup de jeunes sont incapables de se concentrer pendant longtemps. Si donc on leur impose une tâche trop longue, ils “décrochent” et s'ennuient.        
        En fait les tâches trop faciles sont ennuyeuses, de même que les tâches trop difficiles ou anxiogènes.
        Certains psychologues ont même défini l'ennui comme étant le contraire de la capacité à fixer son attention sans effort, à se focaliser sur la tâche entreprise, à se laisser absorber par elle. C'est un manque d'intérêt.

        Les neurobiologiste ont plus récemment cherché si l'on pouvait trouver des raisons de l'ennui dans la structure du cerveau. 
    Ils n'ont pas pour le moment réussi à trouver des centres responsables, mais ils ont montré que des patients ayant des lésions du cortex frontal ou de certains centres du gyrus cingulaire dans le cerveau émotionnel, qui sont concernés par la conscience, la vigilance et l'attention, présentaient une tendance marquée à s'ennuyer, une recherche de sensations forte et une prise de risques incontrôlée.
        Des études d'imagerie cérébrale ont également montré qu'il existait dans le lobe frontal des circuits impliqués dans la perception du temps qui passe. Des lésions de ce lobes peuvent déformer cette perception et on constate que cela empêcherait de s'engager pleinement dans une tâche et que que les personnes sujettes à l'ennui auraient l'impression que le temps passe plus lentement que les autres personnes.

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  • Ne ruminons pas !

      Ne ruminons pas !       

     

                   J'ai fait deux articles sur les remords et les regrets et la façon de les combattre

                  Je voudrais revenir sur ce sujet en parlant de ceux qui ont du mal à se sortir de cet engrenage.

               Le psychiatre de l’hôpital Ste Anne, Christophe André, lorsqu'il parme des “états d’âme” chroniques, utilise le mot “rumination”.
              Les anglo-saxons emploient “brooding”, qui représente l’action de couver.
              Penser à ses problèmes, et y réfléchir, est normal et bénéfique, mais c’est lorsque cela devient obsessionnel et que l’on y pense sans cesse en ne pensant qu’au coté négatif sans réfléchir au moyen d’en sortir, aux solutions, que Christophe André appelle “rumination”.

              C’est vrai, ruminer, c'est  se focaliser, de façon répétée et stérile, sur les causes, les significations et les conséquences de ses problèmes, de sa situation, de son état , c'est s'enliser dans des “ pourquoi ? “ flous et sans fin...
             Dans la “rumination”, on reste inactif, assis sur ses problèmes que l'on garde bien au chaud, enfermés sous soi, en les laissant se développer sans contrôle. Ce sont des pensées inachevées, des bribes mises bout à bout en longue énumération, qui ne s'accomplissent pas, ne vont pas jusqu'à leur terme, car elles s'arrêtent à la porte de toute décision éventuelle.
            On se répète que l'on n'aurait pas dû agir comme ceci ou comme cela, au lieu de prendre des décisions pour changer le cours de sa vie; ou encore, on doute de soi au moment de passer à l'action, et on se rappelle tous ses échecs passés, pour des raisons mal identifiées, mais qui empêchent l'action et la réflexion présentes.

            La “rumination” est sans objectif précis : elle n'a donc pas de fin. Les états d'âme y sont perpétuellement recyclés, n'évoluent pas et reviennent sans arrêt au même point de départ.
    Les pensées tournent en rond dans notre cerveau émotionnel (le cyle de Papez) sans communication avec notre cortex frontal et la réflexion est donc purement “sentimentale” et émotionnelle.
            Un des éléments qui expliquent la difficulté à mettre fin à cette ronde des pensées tristes, c'est qu'en l'absence de but précis et conscient (qui pourrait être “ trouver une solution, mais ne pas trop m’épuiser ni me faire de mal avec ce problème “), elles ont tendance à prendre l'état émotionnel comme un démonstration de l'existence d'un problème et d’inverser ainsi le causes et les effets : “ Si j'ai peur, c'est qu’il y a un danger; si je suis triste, c'est qu’il y a un malheur; si je suis inquiet, c'est qu'il y a des ennuis qui arrivent... !” 
            Vos états d'âme négatifs deviennent ainsi chroniques, et leur dimension émotionnelle persiste longtemps après la disparition des éventuels problèmes, si tant est qu’ils aient jamais existé. D'où l'aggravation des éventuels ennuis, qui pourra ensuite justifier que vous vous disiez ensuite : “ Je sentais bien que j'avais raison de me faire du souci “ !    
            Si on n'y pas garde, on se fait piéger,  prisonniers de la ronde des pensées obsédantes jusqu’à ce que l'épuisement, un événement plus important inattendu ou l'usure du temps vous en arrache... 
           Il faut vous empêcher de perdre un temps long et précieux à ruminer sur les causes éventuelles de vos ennuis au lieu de chercher des remèdes,  et vous empêcher de vous focaliser sur un problème et ses conséquences, mais chercher plutôt à le faire sur les solutions possibles à imaginer et à mettre en œuvre. 

            Cela dit, il ne s’agit pas de supprimer ces états d’âme, mais d'en limiter les dérapages. Ne pas avoir d'états d'âme reviendrait à mettre sa vie, son existence spirituelle entre parenthèses. 
           D'ailleurs, c'est impossible.Tout juste peut-on les réprimer, les dissimuler, les refuser, mais en se privant de ce qu'ils nous apportent peut- être de meilleur : la connaissance de notre moi profond et d’un peu de notre inconscient.
          La “rumination” où l’on ressasse l’aspect néfaste des problèmes sans penser aux solutions, mais en s’enfonçant dans la tristese est nuisible et il faut lutter contre, mais par contre c’est tout aussi nuisible de se cacher ses problèmes et de s’enfermer dans un univers iréel où ils n’existent plus.
         En agissant ainsi, nous ne faisons que fuir nos états d'âme au lieu de les accueillir et de les examiner.
          Il faut se poser les questions : “Que se passe-t-fl en moi? Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi cet inconfort ? Que dois-je accepter et que puis-je changer ? “
         Puis voir si les états d'âme désagréables reviennent, car peut-être le travail d'introspection et de réflexion reste-t-fl à approfondir. 
         Il faut prendre le temps d'y réfléchir vraiment, maintenant ou plus tard, avec l'esprit clair.
         Ces grandes tristesses qui ont traversé le plus profond de nous-même changent beaucoup de choses en nous,et nous transforment profondément.

          Nos efforts vers davantage d'équilibre intérieur nécessitent donc l’acceptation de nos états d'âme négatifs, mais aussi attention et efforts envers les positifs
         Les études des psychologues et des sociologues sur le sentiment d'avoir une vie heureuse montrent que ce sentiment est lié à une fréquence et à une répétition de petits états d'âme agréables, à des bouffées de “petits bonheurs “ de tous les jours, plutôt qu'à de grands mouvements émotionnels, qu’aux forts moments de succès ou d'accomplissement. 
        " Carpe diem", disaient les Romains.
        
     
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    La leçon de vie

                  Je suis toujours étonné du nombre de personnes que je rencontrent et qui passent leur temps à s plaindre, à trouver que la vie est immonde, à rejeter leurs ennuis sur les autres qu'ils jugent sévèrement sans se regarder eux mêmes, qui trouvent que tout est nul et mauvais et qui, finalement, se rendent eux mêmes malheureux.

                 Cela me remet en mémoire cette réflexion  d'un philosophe sur la vie, que j'avais lue autrefois.
                   Peut être que durant ce week-end, votre travail terminé, vous aurez un moment pour la lire, malgré son caractère un peu austère :


            "Un corps t'a été donné. Tu peux l'aimer ou le détester, mais ce sera le tien pour toute la durée de cette vie.

           Tu vas apprendre des leçons. Tu es inscrit(e) dans une école informelle à plein temps appelée "Vie". Chaque jour tu auras l'occasion d'apprendre des leçons dans cette école. Tu pourras aimer les leçons, ou penser qu'elles sont idiotes ou sans pertinence.
    II n'y a pas de fautes, seulement des leçons. 
          La croissance est un processus d'essai et d'erreur, d'expérimentation. Les expériences "ratées" font tout autant partie du processus que celles qui réussissent.
         Une leçon sera répétée jusqu'à ce qu'elle soit apprise. Une leçon te sera présentée sous diverses formes, jusqu'à ce que tu l'apprennes. Quand tu l'auras apprise, tu pourras passer à la leçon suivante.
        Apprendre des leçons ne finit jamais. Il n'y a pas de partie de "Vie" qui ne contienne de leçon. Si tu es en vie, il y a des leçons à apprendre.

       Ailleurs n'est pas meilleur qu'"ici". Quand ton "ailleurs" est devenu "ici", tu obtiens à nouveau un autre "ailleurs" qui à son tour te semblera meilleur qu'"ici".
       Les autres sont essentiellement des miroirs de toi-même. Tu ne peux aimer ou détester quelque chose chez autrui que si ce quelque chose reflète une chose que tu aimes ou que tu détestes en toi.

        Ce que tu fais de ta "Vie" dépend de toi. Tu as tous les outils, toutes les ressources dont tu as besoin. Ce que tu en fais dépend de toi. Le choix t'appartient.
    Tes réponses sont en toi. Les réponses aux questions de la "Vie" sont en toi. Tout ce qu'il te faut, c'est regarder. écouter et faire confiance.
       A mesure que tu t'ouvres à cette confiance, tu te souviendras de plus en plus de tout ceci."

            Moi qui suis à la fin de ma vie, je peux vous affirmer que tout ce que dit ce philosophe est vrai. Et j'apprends encore beaucoup de choses, malgré mon âge, et même de vous mes  correspondant(e)s.

     

     
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    Le GPS de notre cerveau (2)Le GPS de notre cerveau (2)Le GPS de notre cerveau (2)

            Nous avons vu dans le dernier articles diverses cellules du cortex entorhinal qui fournissaient  des indications :
                             - sur la position de l’animal dans un réseau géométrique maillé superposé à l’environnement où il se déplace,

                             - sur l’orientation de soin déplacement,
                             - sur la vitesse de son déplacement, 
                             - et sur les obstacles qu’il rencontre.
            Toutes ces informations sont envoyées à d’autres centres de l’hippocampe qui contiennent des « cellules de lieu ». 

            Lorsque l’animal se trouve dans un endroit donné, certaines de ces cellules vont rassembler les informations provenant du cortex entorhinal, et les fusionner pour constituer une « carte géographique », représentative du lieu en question.
            Alors que les cellules de grille superposent les mêmes grilles géométriques à tout environnement où l’on se déplace, les cellules de lieu seront spécifiques d’un endroit donné et d’autres cellules de lieu prendront en charge un autre endroit.
            Par exemple des rats qui se déplaçaient dans un labyrinthe en trois parties, séparées par un virage en épingle à cheveux, créaient trois cartes mentales correspondant aux trois parties du labyrinthe, et prises en charge chacune par des cellules de lieu différentes.

            L’hippocampe enregistre non seulement les orientations, les vitesses et les obstacles éventuels en un endroit donné, informations synthétisées par les cellules de lieu, mais il enregistre aussi d’autres informations des différents sens sur ce qui se passe en ce lieu donné.
           On peut ainsi conditionner le rat à éviter un lieu où il a reçu une décharge électrique désagréable, ou à rechercher un lieu où il trouvera d la nourriture.
           Notre mémoire constitue donc des cartes mentales relatives à nos déplacements.    
           Mais ces cartes sont ensuite traitées par le cortex préfrontal, qui doit sans doute pouvoir faire faire des simulations de parcours aux diverses cellules du système de navigation..

           En effet on constate qu’un rat qui, la première fois qu’il a parcouru un labyrinthe, a fait de nombreux détours et des aller-retours dans des impasses, lorsqu’il est remis dans le labyrinthe, diminue le nombre de trajets inutiles, et finit par enregistrer une procédure qui lui permet d’utiliser le trajet le plus court (si on le motive par exemple, par une récompense de nourriture).

           Il semble que tous les mammifère disposent de ce système de navigation assez remarquable, mais il est probable que certains d’entre eux utilisent plus ou moins d’autres sens que la vue seule. (les chauves souris utilisent par exemple leur sonar). Il est donc probable que l’homme a un système identique, probablement un peu plus perfectionné car ayant des tâches plus complexes.
          D’autres animaux ont des systèmes plus simples, le ver nématode étant par exemple sensible au gradient des odeurs pour trouver sa nourriture.
          Des insectes ont un système de navigation évolue mais basé par exemple sur une reconnaissance de figures géométriques de couleur (les abeilles), car leur cerveau est trop petit pour enregistrer une carte mentale des images de vision.

           On commence donc à savoir comment notre cerveau permet notre orientation spatiale, mais que dire de ce que l’on appelle « le sens de l’orientation » : il existe des inégalités flagrantes dans notre capacité à construire et manipuler une carte mentale de notre environnement, voire même à interpréter une carte papier ou GPS pour nous guider.
          De nombreux essais pratiques ont été menés sur des personnes auxquelles on faisait faire un certain parcours que l’on demandait ensuite d’analyser et les réponses étaient très variables, de même que, si on les emmenaient à nouveau sur le même parcours, certaines retrouvaient beaucoup mieux leur chemin que d’autres.
          Ce qu’on appelle “le sens de l’orientation” repose sur la capacité à traiter des informations multiples : celles issues de l’environnement extérieur (repères visuels ou tactiles dans le noir…) et celles données par notre propre corps (dans quel sens je me déplace, à quelle vitesse…). 

          Nous venons de voir quels étaient les neurones qui traitaient ces informations dans le cerveau, mais déterminer les causes de ses fluctuations reste difficile et encore peu connu.
         Une partie des différences est certainement dû à l’hippocampe et à l’apprentissage : des études sur les chauffeurs de taxi de Londres ont montré que les liaisons entre les cellules de lieu et les cartes mentales du « où », étaient beaucoup plus développées chez eux, que chez des personnes n’ayant pas le besoin de mémoriser les lieux et itinéraires. Les liaisons étaient également plus importantes avec le noyau caudé, qui stocke des informations sur les actions spatiales de soi même.
         D’autres différences notamment chez les personnes incapables de se repérer sont sans doute dues à certaines performances moindres des cellules de lieu et de grille.
         Chose curieuse, le sens de l’orientation des femmes, égal à celui des hommes lorsque le taux d’oestrogène est bas, varie ensuite avec le cycle hormonal.

         Enfin, un troisième facteur est celui de l’orientation spatiale liée à la reconnaissance d’images, qui permet de se représenter un même objet, une même carte, un même lieu, sous différentes orientations à partir de points différents. (pensez aux tests de QI où on vous montre plusieurs objets sous différentes perspectives et où on vous demande quelles sont les deux images concernant le même objet).
         Il semblerait qu’il existe des différences importantes selon les individus, et qu’en moyenne, les performances des hommes soient supérieures à celles des femmes dans ce domaine, mais l’apprentissage peut aussi jouer un rôle important.

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