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        J'ai expliqué, dans mon dernier article, l'aspect physiologique du rire, quasi inconscient. (ou du moins on ne le maîtrise pas, même si on le ressent).
        Mais évidemment il faut se poser la question : on ne rit pas sans raison. Qui déclenche le rire? Et cela c'est beaucoup plus difficile à déterminer,  

        Il existe des cas de rires incontrôlés, qui se déclenchent tout seuls. C'est considéré comme une anomalie, analogue à des crises d'épilepsie. Cette maladie est due à de petits amas anormaux de neurones dans l'hypothalamus ou dans son environnement.
        Des stimulus chimiques (par exemple l'inhalation de protoxyde d'azote) peuvent aussi déclencher le rire, involontairement, par action sur des centres voisins de l’hippocampe.
        Vous pouvez aussi déclencher le rire par des actions sensorielles sur la peau, qui sont transmises au cortex somatosensoriel (responsable du sens "toucher", sur le dessus du crâne). Ce sont les "chatouilles", l'information sensorielle étant transmise d'une part à l'hypothalamus et d'autre part au cortex préfrontal (médioventral), qui "sait" donc qu'on vous torture ainsi et qui va essayer (en vain ou avec succès selon les individus et les circonstances) d'inhiber l'hypothalamus pour qu'il ne déclenche pas le processus de rire, au grand dam de ceux qui vous chatouillent.  

        Il y a ensuite des processus plus ou moins volontaires de rire.
        D'abord chez le jeune enfant de quelques mois, le cortex préfrontal n'est pas mature et la réaction provient du cerveau émotionnel. C'est une sensation émotionnelle qui le déclenche : la vue de sa famille, du biberon, d'un jouet.
        De la même façon chez l'enfant ou l'adulte, des réactions émotionnelles, transmises par les cortex cingulaire et insulaire à l'hypothalamus peuvent provoquer au moins le sourire, voire le rire.
        Il arrive souvent que l'on rit ou sourit, alors qu'on n'a pas vu, lu ou entendu quelque chose de drôle, mais simplement qu'on est heureux, avec des souvenirs plaisants ou avec des amis ou parents. C'est le cerveau émotionnel qui déclenche ces réactions, mais le cortex préfrontal est impliqué dans la régulation de ces émotions
       Le cortex préfrontal ventromédian est en effet impliqué dans le circuit de récompense. Il réagit donc aux événements et sensations qui apportent du plaisir et cette information participe au déclenchement du rire, conséquence d'une euphorie, d'une anticipation sur le plaisir.

        Mais le rire est le plus souvent provoqué par le cerveau qui réfléchit, le cortex frontal. Celui-ci intervient d'abord en faisant une interprétation de nos sensations : vue et lecture, écoute d'une histoire. il réfléchit ensuite à l'interprétation intelligente à faire.
        Très souvent, l'effet comique vient d'un décalage soudain et inattendu entre la perception d'une apparence, d'un stimuli, et d'une information d'ordre cognitif ou social, qui est le plus souvent l'anticipation de la situation résultant de ces stimuli. Dès lors, une appréciation synthétique de l'ensemble et de ce décalage, générera une réponse non logique mais émotionnelle qu'est le rire.
        Lorsque vous regardez une caricature, lorsque vous lisez ou écoutez une histoire, votre cortex préfrontal réfléchit et anticipe les conclusions, ce qui va arriver, et cela inconsciemment et très vite.Et puis vous lisez ce qu'il y a dans la bulle de la caricature, ou vous remarquez un détail contradictoire, vous lisez ou écoutez la chute de l'histoire, et c'est en contradiction avec ce que votre cerveau avait prévu, complètement décalé et inattendu. C'est en général la surprise de ce décalage qui provoque le rire. En quelque sorte le cerveau se moque de son préfrontal qui s'est trompé dans ses prévisions !!
        Mais si vous n'avez pas compris remarqué ce décalage et qu'il faut vous l'expliquer, l'histoire perd presque tout son caractère amusant et vous ne riez pas.
        Dans le même ordre d'idées le rire vient aussi de l'absurdité en contradiction avec une certaine logique : c'est ce qui fait le succès des shadocks ! (voir image ci dessus).         
        De plus le rire est un phénomène de groupe, un partage avec d'autres humains: :  »Le rire cache une arrière-pensée d'entente, une complicité avec d'autres rieurs, réels ou imaginaires ».
        Le rire a "une fonction sociale", il est le reflet des moeurs d'une société, d'où des plaisanteries intraduisibles ou un humour propre à telle ou telle communauté. 
        Un psychiatre américain, Allan Reiss, de l'université de Standford, a même trouvé quelque chose de curieux en faisant visionner des dessins animés.
        Les hommes n'ont pas le même sens de l’humour que les femmes. Certes, ils trouvent les mêmes dessins animés drôles et les notent de la même manière que les femmes. Par contre l’image de l’activité cérébrale est différente. Lorsque les femmes sont confrontées à un dessin animé amusant, leurs régions du cerveau dédiées au langage et à la hiérarchisation des informations, sont plus actives que celles des hommes.
        Par ailleurs le circuit de récompense dopaminergique réagit davantage chez les femmes, bien que les deux sexes donnent les mêmes notes aux dessins animés.
        Les hommes ont plus d’attente quand on leur dit qu’on va leur raconter une histoire drôle, alors que les femmes sont à priori, plus sceptiques.
        Allan Reiss a également montré en 2008 que les enfants sont plus sensibles à l'humour que les adultes, et que la perception de l'humour change au moment de la puberté, ce qui correspond aussi à une modification du système d'apprentissage et de récompense, qui perd un tires de ses neurones entre 7 et 14 ans.

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    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

       

         Dans ces derniers temps si tristes du fait des attentats,, beaucoup d’entre nous veulent réagir et penser à des choses moins stressante et plusieurs correspondants me demandent « qu’est ce que le rire ? Comment rire? Pourquoi les histoires drôles nous font elle rire ? ». 
        Il faut bien séparer deux choses : le mécanisme biologique du rire qui déclenche un certain nombre de réactions physiologiques automatiques et presque inconscientes, et puis l'aspect "intellectuel" qui fait que l'on rit parce qu'on lit une histoire drôle, qu'on voit une caricature, un film, ou qu'on est témoins d'une scène humoristique.

        Le mécanisme biologique semble provenir au départ de l'hypothalamus, qui est un très gros centre du cerveau central, et dont le rôle est multiple, car il régule (ou participe à la régulation) de nombreuses activités élémentaires vitales.
        « Le rire est le propre de l’homme » disaient Rabelais et Bergson, mais en fait certains animaux domestiques et les singes semblent avoir un mécanisme proche du rire.
         Rire ne s'apprend pas, c'est inné chez l'espèce humaine. Mais on rit 10 fois moins seul qu'en présence d'autres personnes et donc le rire a un rôle social.. Les chercheurs en psychologie cognitive ont trouvé que les mêmes parties du cerveau étaient activées lorsqu'une histoire drôle est racontée ou lorsqu'un rire est entendu. Le rire est donc communicatif.

        Ce sont des centres de la partie latérale de l'hypothalamus qui semblent en cause au départ. Ils agissent d'abord sur les centre générateurs des mouvements (sur le dessus du crâne), lesquels en passant par des relais situés dans le tronc cérébral (au dessus de la colonne vertébrale, dans la partie supérieure du cou), activent d'abord les muscles de la face (mimiques), des cordes vocales et de la respiration.  
        Puis l'action passe par le système sympathique : accélération du rythme cardiaque, dilatation des artères d'où une moindre pression artérielle, et dilatation des bronches. Dans le cas de fous-rires, l'hypothalamus étant plus sollicité, peut agir par l'intermédiaire du sympathique sur la vessie, (d'où les enfants qui font pipi de rire dans leur culotte). Il peut aussi agir sur les muscles des yeux et des glandes lacrymales et déclencher le « rire aux larmes ».
        L'action de l'hypothalamus se fait aussi par le canal de l'hypophyse, qui excite notamment les glandes surrénales. Il y a alors production d'adrénaline et de noradrénaline, qui sont des hormones et des neurotransmetteurs excitateurs. L'adrénaline participe à la modification du rythme cardiaque et de la pression artérielle, et libère du glucose dans le sang pour faire face à des consommations plus grande d'énergie.
        Ensuite l'hypothalamus commande au parasympathique de calmer le jeu et de ralentir toutes ces actions. En même temps il provoque la sécrétion d'endorphines par l'hypophyse, (des analogues de la morphine), qui sont des calmants.
        L'hypothalamus est relié à tout le cerveau émotionnel, et notamment aux centres amygdaliens qui ont un rôle principal en cas de peur, de colère et de stress. Dans le cas du rire, l'hypothalamus diminue le rôle de ces centres, et par ailleurs il fait produire par les surrénales une hormone anti-stress, le cortisol.
        L'hypothalamus est relié aux centres que l'on nomme centres d'apprentissage ou du plaisir, (voir mes articles sur mon blog), qui libèrent de la dopamine. Il y a donc une deuxième sensation de plaisir qui accompagne le rire.
        Dans mon prochain article, je parlerai du « déclenchement du rire ».

    Le rire est il vraiment le propre de l'homme ?

     

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    Que faire pour éviter les attentats ?

             Comme je crois tous les français, les attentats de Bruxelles, après ceux de Paris, m’ont horrifié et indigné, mais malheureusement, à titre personnel, on ne peut pas faire grand chose, sauf si sur place, on peut aider les blessés et garder une vie normale dans Paris pour ne pas céder au chantage.
             On souhaiterait que cela ne se reproduise plus, et évidemment on se demande comment faire pour cela, et si les mesures prises par le gouvernement sont suffisantes.
            J’entends beaucoup de réflexions à ce sujet et je trouve que beaucoup d’entre elles ne sont guère pertinentes. Pourquoi.?

           Je crois que la difficulté vient de ce que nous traitons les terroristes comme des gens « normaux », c’est à dire qui ont les mêmes réactions, la même mentalité que la majorité d’entre nous, or il n’en n’est rien.
            Aucun d’entre nous, même si on lui fournissait les armes et lui garantissait son impunité, ne tirerait ainsi sur d’autres personnes, encore plus sur des innocents.
    Même ceux qui savent manipuler une arme moderne (et ils ne sont pas nombreux), ne s’en serviraient que si on menace directement leur vie ou celle des êtres qu’ils aiment.        
            Même si certains parmi nous ont des envies suicidaires (j’en ai connu), ils ne le feraient pas en tuant en même temps autrui. Le pilote de la Lufthansa est un fou et une exception.

           Bref notre personnalité, notre éducation, notre vie, nous pousse plutôt à aider les gens qu’à les tuer. Même dans une guerre, le soldat répugne à tuer celui d’en face, et il ne le fait que s’il sent sa propre vie menacée ainsi que celle des siens. Il tuera des ennemis mais pas des innocents et il le fait avec l’espoir de faire cesser le conflit par son action.
          Il n’en n’est pas du tout de même des terroristes actuels, qui ne sont pas des gens normaux. 

         D’abord, on constate que ce sont pour la presque totalité des repris de justice, et des gens qui en veulent à la société, aigris en quelque sorte par leur échec. Le vol ou le crime les a endurcis et la prison a accru leur haine de la société.
         Puis on les a conditionnés, voire drogués, pour qu’ils acceptent de tuer des innocents, de se sacrifier en héros pour faire parler d’eux, d’être kamikaze. Je ne suis pas sûr non plus que la plupart soient intelligents et la drogue qu’on leur donne diminue leurs facultés et leur vision de la réalité.

         Nous tous et même un combattant aguerri, nous tenons à la vie et nous craignons pour la nôtre.  
         Notre civilisation occidentale n’aime pas la mort et même si notre prochain n’est pas toujours respecté, cela ne va pas jusqu’au crime, sauf de la part de grands délinquants ou de malades mentaux.
         Nous ne comprenons donc pas la mentalité des terroristes, nous avons du mal à nous mettre à leur place et donc les mesures que nous proposons pour les contrer ne sont pas la plus souvent, pertinentes. Elles peuvent rassurer, mais n’empêcherons pas les attentats par de telles personnes.

        Essayons de réfléchir :

        Les vigiles non armés qui fouillent votre sac, à l’entrée de certains bâtiments, vous rassurent mais à quoi cela sert il d’autre.  Si deux terroristes se présentent ils le frapperont ou le tueront et ils renteront impunément se faire exploser ou se servir de leur arme.
        Pour que ce soit efficace, il faudrait qu’il y ait près de lui, trois ou quatre militaires armés et même une balle dans le canon pour réagir plus vite, ce qui , au milieu d’une foule, n’est pas très prudent, en l’absence de menace immédiate.
        Le travail que l’on donne aux militaires qui arpentent nos rues est exténuant, mais ils ne peuvent être partout à la fois, et si des terroristes font des ravages à un endroit, (ce qui ne prend que quelques minutes), peuvent ils y être rapidement et en état d’intervenir.
        Des gens normaux seraient dissuadés par le risque qu’ils puissent être pourchassés et annihilés par ces soldats en armes, mais à partir du moment où ces terroristes de moquent de mourir, cette crainte ne les arrête plus.

       Cela dit ces terroristes ne sont pas des monstres aussi insensibles que ce que nous pourrions croire. Ils ont discuté avec des gens qu’ils ont épargnés au Bataclan, alors que, vu le temps dont ils ont disposé, et le fait qu’ils ne voulaient pas fuir, ils auraient pu exécuter tout le monde. Un simple gardien non armé a réussi à empêcher d’entrer un des terroristes au stade de France, qui prétendait ne pas avoir son billet et attendre un copain. C’est curieux qu’il n’ait pas forcé le passage. Est ce par bêtise, par remord, parce qu’il était drogué, mais pas par peur puisqu’il s’est fait sauter ensuite.
       Le logisticien qu’on vient d’arrêter en Belgique avait une ceinture d’explosifs, à Paris, et ne s’est cependant pas fait sauter. Etait ce parce qu’il était plus intelligent ou non drogué, et qu’il était un des rares à avoir peur pour sa vie ?

      Je suis très sceptique sur le fait qu’un homme intelligent et non drogué, accepte d’être kamikaze, pour un résultat qui, certes fait des victimes, mais innocentes et sans pouvoir, ce qui ne changera pas le monde, comme cela me parait peu probable que des repris de justice du grand banditisme, deviennent tout à coup des fanatiques d’une religion, parce qu’on leur a promis qu’ils auraient au paradis, des vierges à leur service, s’ils se comportent en martyr.  Pour cela il faut être naïf et un peu illuminé. Cela n’est en général pas le cas de bandits et d’assassins.

       Je crois qu’il faut que l’on se dise que c’est très difficile d’empêcher un commando de terroristes à faire un attentat, au moment où ils vont le commettre.

      Alors que peut on faire ?

      Il me semble que la prévention et le renseignements sont des outils fondamentaux.

      Je ne comprends pas ceux qui refusent l’état d’urgence, la possibilité d’examiner ce qui se passe sur internet ou sur des téléphones mobiles, de faire des perquisitions, d’avoir un fichier des passagers d’avions, que l’on contrôle les frontières et les déplacements de suspects.

      Le contrôle des ventes d’armes et de la drogue est aussi très important dans ce domaine, ainsi que celui des explosifs et produits pouvant en faire. Il n’est pas nécessaire pour une ceinture, d’avoir des explosifs sophistiqués et qui se conservent longtemps. Des produits plus élémentaires, fabriqués à la demande, suffisent.

       L’embrigadement dans les prisons devrait être plus contrôlé, de même que des mesures pour brouiller les sites djihadistes et pour essayer de dissuader les jeunes dont ils lavent les cerveau. Certes c’est difficile et demande des moyens, mais a t’on étudié ce qu’on pourrait faire dans ce domaine. Ceux qui font cet embrigadement devraient être recherchées et mis sous contrôle ou renvoyés chez eux pour les étrangers.
      Je trouve qu’on ne devrait pas donner le nom des terroristes morts ou arrêtée, mais les appeler « assassin 1 », « assassin 2 », pour leur enlever leur notoriété.

      Je ne suis pas sûr que de nombreux militaires en armes, mais à pied, puissent être suffisamment efficaces. L’attaque ne se produira pas où ils se trouvent. Il vaudrait mieux trois militaires bien armés et protégés, ayant été entraînés, plus un chauffeur dans une voiture munie de radio, faisant des rondes et qui dépendent d’un centre de surveillance, qui puisse les envoyer rapidement en intervention, s’il se passe quelque chose.

      Quant aux contrôles des bagages à l’entrée du métro ou des aéroports, ils détecteraient certes les anomalies, mais n’empêcheraient pas un commando d’intervenir en force et surtout créerait à l’extérieur un tel embouteillage que ce serait facile de faire un attentats dans la foule de ceux qui attendent.

      Bref je ne crois pas qu’on puisse empêcher un attentat en cours, mais il faut plusieurs semaines pour le préparer et c’est là où une organisation très rigoureuse et une coopération européenne, permettrait peut être d’arrêter les terroristes, avant qu’ils ne le commettent, de même qu’on pourrait en réduire le nombre, en luttant contre leur embrigadement.

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  •      Dans mon dernier article j'avais dit que j'examinerai plusieurs cas particuliers de mise en place d'automatismes dans nos mémoires procédurales :
            - comment l’enfant apprend à marcher.
            - comment vous apprenez à conduire une automobile.
            - comment apprendre à taper un texte sur un clavier d’ordinateur.
            - comment intervient la peur d’un serpent.

         Si vous ne l'avez pas lu, je vous conseille de lire avant cet article celui du 13 décembre sur les centres d'apprentissage et du plaisir.

    Apprendre à marcher.

        L’enfant se met debout et dès qu’il n’est pas sur ses deux pieds et quitte l’appui d’un fauteuil, il tombe.
        Le système de récompense n’émet pas de dopamine et le cerveauy n’est pas content. Le cortex préfrontal demande donc de réessayer.
        L’enfant n’est pas très conscient des gestes qu’il faut faire. Le cortex préfrontal et le cervelet unissent leurs efforts pour donner des ordres aux jambes et au reste du corps pour répartir le poids. Bébé fait deux pas avant de tomber et il récolte un peu de dopamine. C’est un progrès et le cortex préfrontal est content !
        Papa ou Maman donne la main, l’équilibre est mieux assuré et alors les centres amygdaliens disent au cortex préfrontal que c’est plus sûr et celui ci décide de faire autant de pas que possible.
        Bébé est à nouveau accroché à son fauteuil, mais maman à deux mètres lui tend les bras. Alors le cortex préfrontal, qui se rappelle l’appui sur la main, se dit qu’il faut aller voir maman et bébé fait ses premiers pas seul, avant de s’écrouler dans ses bras. Encore un succès et de la dopamine : les centres d’apprentissage font leur travail.
        Pendant tous ces essais le cervelet a codifié les gestes, les réglages qui ont entraîné la réussite : il mesure les signaux venus du « gyroscope » qu’est notre oreille interne (renseignements indispensables à l’équilibre), les informations visuelles, la tension des muscles, la position des jambes et des bras, les ordres donnée et les gestes accomplis, les sensations sous les pieds ….
        Alors à chaque essai il va faire mieux et peu à peu, le cortex préfrontal se désintéresse de l’affaire. Le cervelet se débrouille seul. Bébé, encore un peu titubant, sait marcher, voire même courir.

    Conduire une automobile.

        Là c’est plus compliqué. Ce n’est pas qu’une question de commande des membres et de l’équilibre, en quelque sorte physiologique.
        Le cerveau n’est plus celui d’un bébé, il a appris à apprendre et cela à partir du langage. Alors on commence par écouter le moniteur qui explique comment fonctionne le moteur, l’embrayage, le frein et le volant. C’est le cortex préfrontal qui comprend et, avec l’aide de l’hippocampe, met ces notions en mémoire.
        L’exercice physique commence : il s’agit de maîtriser accélérateur et embrayage, puis changement de vitesse. Le volant aussi, mais c’est plus facile.
        Là c’est comme pour bébé : centres d’apprentissage, dopamine, essais. Mais au début, le cortex préfrontal intervient beaucoup plus, parce qu’on réfléchit, on se rappelle ce que le moniteur a expliqué, on se force à embrayer très doucement….
        Le cervelet coopère et peu à peu il prend la main, on commence à manier accélérateur et embrayage sans réfléchir et même presque inconsciemment.
        Maintenant on ne reste plus dans une rue déserte, on part sur la route avec d’autres voitures. 
        L’apprentissage maintenant cela va être celui de la vue, d’apprécier la direction, la vitesse des autres véhicules, le danger de les cogner et de prendre les bonnes décisions.
        Le processus cérébral est lent et on va tout doucement. Mais peu à peu, grâce au cortex préfrontal qui dirige et aux centres d’apprentissage et leur dopamine, le cervelet apprend peu à peu et se substitue pour toute l’observation, mais il remonte encore les informations au cortex préfrontal qui décide de l’action.
        Puis le cervelet apprend à décider et vous avez l’impression de tout observer et conduire autour de vous sans vraiment faire très attention car le cervelet n’appelle plus  le cortex préfrontal que lorsqu’il rencontre une situation qu’il ne connaît pas.
        Le cortex préfrontal a alors deux tâches : regarder devant lui,et prévoir ce qui pourrait ou va se passer, pour donner à temps des ordres au cervelet ou même reprendre la main volontairement. Il se concentre par ailleurs sur l’itinéraire à suivre et donne les ordres correspondants. Mais là encore le cervelet apprend et connaît par exemple, la route de votre travail que vous prenez tous les matins. Et le week-end, si vous partez en voiture en discutant avec votre passager et ne faites pas assez attention, vous vous retrouvez sur cette route au lieu d’aller vers une autre destination.

    Taper sur un clavier.
        
        C’est particulier car vous avez déjà appris à lire et à écrire et non pas en épelant les lettres, mais en apprenant à déchiffrer des syllabes, des phonèmes, puis des mots entiers (et même si vous aviez appris la lecture rapide, des groupes de mots.
        Quand vous écrivez à la main, vous avez appris à écrire non des lettres mais des mots (d’ailleurs les lettres sont liées entre elles).
        Alors l’ennui c’est que l’automatisme c’est celui là, et ce n’est pas adapté à votre clavier, qui lui écrit lettre par lettre.
        Il va donc falloir inhiber l’automatisme du cervelet pour le replacer par un autre, lorsque vous allez utiliser votre clavier.
        Connaissant les mécanismes cérébraux, je me suis observé quand j’ai appris à taper sur mon ordinateur, et j’ai observé que je ne pensias plus à l’avance les mots que je voulais écrire, le cervelet faisant le nécessaire pour écrire le mot à la main, mais que j’épelais les mots pour que je puisse ensuite taper les lettres. ma pensée était donc ralentie, puisque mon cortex préfrontal devait intervenir en permanence pour penser à ce que j’allais dire, puis épeler chaque mot.
        J’ai quand même gagné un peu en vitesse, et je me suis aperçu que mon cervelet se débrouillait maintenant seul pour des mots courants de deux ou trois lettres et qu’il savait les épeler. J’avais aussi un peu pris l’habitude de la position des lettres sur le clavier.
        Et puis au bout de plusieurs mois, tout à coup, en quinze jours, ma vitesse de frappe a quadruplé tout à coup et je n’épelais plus. Mon cervelet le faisait à la place de mon cortex préfrontal et donc je n’en n’étais plus conscient.
  Mon cortex préfrontal pouvait, comme lorsque j'écrivais à la main, réfléchir à ce que je voulais écrire.  Par contre je faisais de temps en temps, des fautes de frappe, notamment l’inversion de deux lettres !

    Avoir peur d’un serpent (d'une souris ou d'une araignée).

        Quand nous voyons quelque chose que nous ne connaissons pas, nos centres amygdaliens, qui sont là pour nous protéger, nous empêchent de faire des bêtises, d’abord en inhibant nos gestes et en préparant la fuite ou une réaction de défense, puis en avertissant le cortex préfrontal du danger possible.
        A  fortiori évidemment si nos parents ou une autre personne nous ont dit que c’était dangereux, ou si notre expérience nous l’a enseigné.
        C’est donc là encore un automatisme très rapide que l’évolution a mis en plase dans notre cerveau pour nous protéger.
        Mais cela peut nous jouer des tours, car des peurs d’enfant peuvent devenir ainsi des réflexes automatiques, et les centres amygdaliens faisant partie du cerveau émotionnel, celui-ci peut amplifier le phénomène.
        Et nous pouvons ainsi avoir dans notre mémoire implicite, une procédure automatique de peur d’une petite souris bien inoffensive et il faut alors que notre cortex préfrontal intervienne pour nous calmer face à la gentille petite bête.

        

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  •            Dans le précédent article, nous avons vu les diverses mémoires dont nous disposions. Nous allons maintenant voir ce que sont les mémoires procédurales

    Nos mémoires "procédurales"

               Dans vos études vous avez sûrement appris par cœur des formules de mathématiques, des poèmes, des listes de mots, des formules chimiques….
               Vous avez appris aussi à faire certaines tâches intellectuelles logiques de manipulation du langage et surtout de termes mathématiques (par exemple résoudre une équation du second degré). Ce sont de procédures intellectuelles.
               Ce sont les centres du langage (Centre de Wernicke, de Broca et de Geschwind), qui sont en général à l’origine de ces opérations, sous le contrôle du cortex préfrontal.

             Notre organisme a ensuite de nombreux réflexes de défense destinés à nous protéger. Nous accumulons une certaine expérience de faits désagréables ou dangereux et nous savons qu’il y a des actions à ne pas faire (mettre les doigts dans une prise de courant), ou d’autres à faire par précaution (regarder des deux cotés avant de traverser).
             Cela devient peu à peu un réflexe conditionné.
             Ce sont les centres amygdaliens (les « centres de la peur »), qui veillent sur notre sécurité et nous alertent sur tout danger potentiel. C’est inconscient et automatique. Le cortex préfrontal n’intervient ensuite que pour pendre certaines décisions. (par exempele couper le courant électrique ou traverser la rue).

    Nos mémoires "procédurales"

             Enfin nous savons exécuter certaines tâches presque inconsciemment, une fois que nous les avons apprises : ce sont des « automatismes", des « procédures d’actions physiques » dans lesquelles notre « cervelet », coordonne de façon inconsciente (sans appel au cortex préfrontal), nos sens, notamment vue, ouÏe et toucher, ainsi que nos centres moteurs, qui commandent les mouvements de nos membres.
            Ces actions, ce sera par exemple marcher, faire du vélo, conduire une voiture, nager, jouer d’un instrument de musique ou taper sur un clavier…..

             Si nous reprenons notre schéma des mémoires nous voyons que nous avons quatre types principaux de mémoires procédurales que j'ai évoquées ci dessus :
                 - Celle des apprentissages cognitif, par exemple en logique ou en mathématiques.
                 - Celle des procédures d'apprentissage verbal (réciter un poème) ou des cinq sens (reconnaitre un son, une odeur...).
                 - Celle des mécanismes émotionnels conditionnés.
                 - Celle des tâches quotidiennes que nous exécutons automatiquement.

    Nos mémoires "procédurales"

             Pour illustrer ces notions, j'expliquerai dans mon prochain articlecomment une procédure se met en place sur ces mémoires, et notamment :
                  - comment l’enfant apprend à marcher.
                  - comment vous apprenez à conduire une automobile.
                 - comment apprendre à taper un texte sur un clavier d’ordinateur.
                 - comment intervient la peur d’un serpent. 

     

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